Le défi de l’accès aux données sur les actifs privés s’étend désormais aux données ESG. L’enjeu est d’autant plus important qu’au cours de la prochaine décennie, 55% des sociétés d’investissement en capital-risque rechercheront des mises à jour ESG directes et quotidiennes sur leurs portefeuilles, selon une étude menée par Intertrust Group. «La cadence et la fréquence à laquelle les données sont fournies ont déjà augmenté significativement depuis un an, mais des défis subsistent, tels que les coûts et la disponibilité des données», constate Antonello Argenziano, product director chez Intertrust Group, intervenant à la .
La cadence et la fréquence à laquelle les données sont fournies ont déjà augmenté significativement depuis un an, mais des défis subsistent, tels que les coûts et la disponibilité des données.
Alors que les données foisonnent pour les actifs cotés, «vous ne pouvez pas facilement acheter de données ESG sur les actifs privés à un fournisseur tiers», complète Frederic Vonner, advisory partner chez PwC Luxembourg. Ce qui amène à «une approche sur mesure» qui est «difficile à industrialiser», explique , administratrice indépendante et fondatrice de Ripple Effect.
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Des définitions divergentes
Une approche sur mesure se justifie également, selon Jane Wilkinson, par le besoin des investisseurs en capital-risque de diversifier les secteurs inclus dans leurs portefeuilles. «Par nature, les éléments ESG pour l’industrie des soins de santé sont différents de ceux de la technologie.» S’accordant sur ce constat, Frederic Vonner conclut: «Pour la même information, nous avons déjà plusieurs définitions différentes, rien qu’en écoutant différents acteurs». Cette complexité perdurera tant qu’aucune approche unifiée n’existera.
Selon la juridiction des investisseurs, les entreprises peuvent avoir des questions complètement différentes.
La complexité des données ESG puise en outre sa source dans les différences interculturelles parmi les investisseurs. Une société européenne peut, par exemple, tout aussi bien compter dans son capital des investisseurs institutionnels asiatiques, que nord-américains ou européens. «Selon la juridiction des investisseurs, les entreprises peuvent avoir des questions complètement différentes», observe Jane Wilkinson, illustrant: «Aux États-Unis, les investisseurs sont très sensibles sur les questions de diversité, de genre et LGBTQ, alors qu’en Europe, nous le sommes un peu moins.» Cela reste donc encore délicat pour une entreprise non cotée en bourse de gérer toutes les attentes de ses investisseurs et de leur expliquer qu’il n’existe parfois pas de raison suffisante de collecter des données dans certains domaines, en l’absence d’approche unifiée.
La création de valeur
Pourtant, les entreprises qui ont ouvert leur actionnariat au capital-risque ne peuvent pas faire l’impasse sur le reporting des données ESG. Il ne s’agit pas seulement de la capacité de ces entreprises à attirer des investisseurs, mais également à convaincre ceux-ci de renouveler et d’augmenter leurs investissements d’une année à une autre.
L’objectif de développer des systèmes de données sur la durabilité, en particulier pour les marchés privés, est de créer de la valeur, de sorte que les actifs soient valorisés au mieux.
L’ESG n’étant pas toujours vu comme une finalité en soi, Frederic Vonner, rappelle que «l’objectif de développer des systèmes de données sur la durabilité, en particulier pour les marchés privés, est de créer de la valeur, de sorte que les actifs soient valorisés au mieux». Si l’accès aux données pour les actifs privés reste, pour l’heure, limité, l’enjeu de la création de valeur devrait, selon lui, encourager les fournisseurs tiers de données à s’engager sur le marché des actifs privés. Au regard de la montée en puissance des aspects ESG, la disponibilité restreinte des données en la matière pose donc un risque à la valorisation des actifs ciblés par le capital-risque, contribuant dès lors à les rendre encore plus illiquides.