La perte de l’Hôtel de Ville d’Esch-sur-Alzette par le LSAP en 2017 a été un drame national. Une nouvelle génération se lance à sa reconquête face à une coalition qui apparait comme très soudée. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

La perte de l’Hôtel de Ville d’Esch-sur-Alzette par le LSAP en 2017 a été un drame national. Une nouvelle génération se lance à sa reconquête face à une coalition qui apparait comme très soudée. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Au-delà des sensibilités propres à tous les candidats, à Esch-sur-Alzette, le thème de bataille qui émerge dans les «grands partis» est celui du soutien au commerce et aux commerçants.

Alors que l’on n’avait pas donné plus de six mois à la coalition constituée autour de (CSV) par les chrétiens sociaux, le DP et déi Gréng, celle-ci a non seulement duré toute la mandature, mais les membres de l’actuelle équipe municipale apparaissent soudés face à l’échéance et lorsqu’il s’agit de défendre leur bilan. «Nous avons bien travaillé ensemble» est le discours commun.

Pour l’actuel bourgmestre, la coalition a «beaucoup et bien travaillé ensemble». Malgré le contexte de polycrise – covid puis guerre en Ukraine –, «qui rend plus difficile le financement des projets», il revendique l’aboutissement de 120 projets «sans empreinte socialiste» menés à bien par la coalition. Et il ironise sur le slogan de campagne du LSAP d’Esch – «un nouvel élan» –: «le nouvel élan, c’est nous qui l’avons lancé depuis 2017».

Il insiste sur l’entente qui règle au sein de sa majorité: «On a toujours bien discuté. Il n’y a jamais eu de conflit ouvert ou de problème insurmontable». Et s’il y en avait eu, aucun membre de la coalition ne les évoque… (DP), échevin, évoque une collaboration «agréable» avec ses deux partenaires de coalition. «Nous nous sommes constamment tenus informés de ce qui se passait sans les différents ressorts.» Et il ne trouverait aucune objection à la reconduire.

Je suis le bourgmestre de tout le monde.
Georges Mischo

Georges MischobourgmestreCSV

Au moment de mettre en avant son bilan, Georges Mischo insiste sur les investissements faits dans les infrastructures culturelles et sportives. Et au rayon des regrets, c’est de ne pas avoir mené à bien tous les projets de la coalition pour cause de Covid et de manque de temps. «Si on compare, la coalition précédente avait une moyenne d’investissement de 33,5 millions par an. Nous avons 65,2 millions par an.»

Pour un – éventuel – prochain mandat, sa priorité sera la sécurité. Un thème par nature polémique. Qu’il équilibre avec celui de la solidarité: «À côté de la sécurité, ce qui est important, c’est la solidarité envers tout le monde parce qu’on a maintenant 37.000 habitants, 137 nationalités différentes et un taux de chômage assez élevé. Et moi je suis le bourgmestre de tout le monde… des Luxembourgeois, des Portugais, des Monténégrins, des Chinois, des Espagnols, des Français, des Italiens de tout le monde. Et ce n’est pas facile de gérer toutes ces nationalités, avec leurs besoins, leurs idées, leur culture.»

Si on veut avoir un centre-ville attractif, cela a un coût.
Pim Knaff

Pim KnafféchevinDP

Pour Pim Knaff (DP), échevin, l’enjeu central de l’élection est de créer à Esch un «environnement propice au commerce».

Et si la période n’est pas économiquement porteuse, il espère que d’ici 2025 – le moment attendu d’une reprise économique –, les commerçants seront au rendez-vous. Pour les attirer, il compte sur la politique de rénovation de la rue de l’Alzette – un chantier qui pourrait être justement achevé en 2025 – ainsi que sur le soutien aux commerçants via des aides et une politique proactive pour proposer des loyers attractifs. Une politique développée sous son autorité et qui a pris différentes formes comme une aide à l’installation pouvant aller jusqu’à 25.000 euros en fonction de l’investissement de départ ou encore une politique de location directe de surfaces permettant une garantie de loyers aux propriétaires, des surfaces relouées à des commerçants à des tarifs plus compétitifs. À perte donc. «Mais si on veut avoir un centre-ville attractif, cela a un coût», commente l’échevin. Qui a instauré une taxe sur les locaux inoccupés. Taxe qui n’a toujours pas reçu le feu vert des autorités nationales.

2023 est l’occasion d’écrire une nouvelle histoire.
Steve Faltz

Steve FaltzcandidatLSAP

Curieusement, le LSAP fait du soutien au commerce le thème principal de campagne.

L’élection de 2023 n’est pas le match retour de 2017, la revanche. Pour Steve Faltz, le «Primus inter pare» de la liste, «la défaite assez rude de 2017» a permis d’opérer un renouveau complet de toute la section. D’une «manière apaisée» insiste-t-il avec l’appui des «anciens». Pour lui, «2023 est l’occasion d’écrire une nouvelle histoire».

Si Steve Faltz est un inconnu sur la scène politique nationale, il est très bien implanté à Esch. Tant familièrement que professionnellement. C’est lui qui est en charge à la Commune de l’aménagement du centre-ville.

Et donc de la très stratégique rue de l’Alzette. «Une rue qui me tient émotionnellement et techniquement très à cœur.» Le centre-ville est un thème de campagne central pour lui. Et plus particulièrement son attractivité commerciale. Les commerçants sont sa cible. Charge à lui de renverser l’image selon laquelle les socialistes ne sont pas à leur écoute. Il veut insuffler aux socialistes eschois une culture proéconomie.

La jeunesse de l’équipe sera-t-elle préjudiciable au LSAP d’Esch? Steve Faltz est convaincu du contraire. Pour lui, le renouveau était nécessaire. «C’est pour moi une opportunité et pas un handicap.» Il espère même que ce renouvellement qui se fait d’ailleurs dans tout le sud du pays enclenchera une dynamique au niveau national.

Faire d’Esch la capitale de la transition.
Meris Sehovic

Meris Sehoviccandidatdéi Gréng

Le dynamisme du centre-ville est un objectif également partagé par , co-président de déi Gréng et tête de liste du parti. Et il loue l’action de Pim Knaff dont il partage les objectifs et les méthodes. Et il aimerait aller encore plus loin en augmentant les subventions et en proposant une monnaie locale, l'Eschi, «afin de s’assurer que le pouvoir d’achat et la valeur ajoutée restent sur le territoire». Mais pour lui, l’enjeu majeur de l’élection est de «faire d’Esch la capitale de la transition». Une transition écologique et également politique. «Sur beaucoup d’aspects, on est une ville à la pointe de ce qui se fait dans le pays». Son objectif: «assurer une bonne qualité de vie, un bon vivre ensemble entre les générations et les cultures».

L’enjeu de l’élection est clairement de rompre avec un certain immobilisme.
Line Wies

Line Wiescandidatedéi Lénk

Line Wies est, avec Samuel Baum la tête de liste de déi Lénk. Et pour elle, «l’enjeu de l’élection est clairement de rompre avec un certain immobilisme», un immobilisme qui remonte à avant 2017 selon elle. «Un immobilisme qui a creusé les inégalités sociales et économiques.» Pour elle, les équipes au pouvoir depuis la crise sidérurgique n’ont pas su négocier ce virage post-industriel. «Il s’agit pour Esch de se réinventer et de s’assurer à ce que les bonnes infrastructures sociales soient en place pour accompagner les gens dans ce moment de transition», insiste-t-elle.

Ce qui passe notamment par le développement du tissu associatif et culturel local quelle juge trop négligé depuis trop de temps.

Sa mesure phare, si elle arrivait aux responsabilités, serait de créer 1.000 logements sociaux d’ici 2030. Elle estime d’ailleurs que le service logement de la ville est sous-dimensionné et qu’il est dans l’incapacité de gérer correctement le patrimoine communal.