Erna Hecey a ouvert la Erna Hecey Gallery Luxembourg. (Montage: Maison Moderne)

Erna Hecey a ouvert la Erna Hecey Gallery Luxembourg. (Montage: Maison Moderne)

Erna Hecey est à l’origine de l’ouverture de plusieurs galeries d’art. Dans le cadre du dossier «Female Founders» de Paperjam, elle revient sur son parcours et son expérience en tant que fondatrice.

Erna Hecey a ouvert la Galerie Erna Hecey Luxembourg en 1996, puis la Erna Hecey Gallery à Bruxelles en 2005, avant de revenir au Luxembourg en 2018 avec la Erna Hecey Gallery Luxembourg. La Luxembourgeoise est aujourd’hui directrice de la galerie, qui compte une demi-douzaine d’employés.

Pourquoi avoir décidé de vous lancer et d’ouvrir votre galerie?

«La culture, en particulier les arts visuels, était mon domaine de prédilection, que j’étudiais et cultivais passionnément depuis mon enfance.

Le formidable succès et la dynamique générée par la première édition de Luxembourg, Capital européenne de la culture en 1995, l’émergence de l’intérêt du public pour l’art contemporain, le lancement – par les pouvoirs publics, tout particulièrement grâce à l’engagement et l’ouverture extraordinaire de la ministre de la Culture de l’époque, Madame Erna Hennicot-Schoepges – de projets et infrastructures culturels ambitieux, l’ouverture de l’Université du Luxembourg, ont permis l’émergence d’un écosystème productif et ouvert, et constitué ma motivation de lancer une galerie d’art contemporain à vocation internationale, selon un modèle qui n’était pas encore pratiqué au Luxembourg.

Quelles sont les qualités nécessaires pour fonder une entreprise?

«La vocation, l’ambition, une vision de la trajectoire de l’entreprise paraissent des bases indispensables. Ensuite, il faut de la curiosité, du courage et un sens de l’innovation, la capacité de prendre et gérer des risques, et surtout de la persévérance. De la passion et de la patience, bien sûr. Le désir de travailler en équipe, de reconnaître des talents. Cela dit, il faut aussi savoir gérer des conflits.

Est-ce que le fait d’être une femme a impacté ou impacte encore votre expérience en tant que fondatrice?

«Oui. Cela représentait des obstacles considérables: des difficultés à faire reconnaître la qualité et la valeur du travail, l’expertise et le professionnalisme de l’entreprise en général.

Et cela persiste encore aujourd’hui, bien que cela soit moins lourd. J’ai rencontré cette difficulté particulièrement au Luxembourg.

Pouvez-vous citer un événement ou une date marquante pour votre entreprise?

«La première participation à Art Basel/Art Basel Unlimited en 1999. Bâle venait de s’affirmer en tant que numéro 1 des foires d’art contemporain dans le monde – la sélection était très exigeante –, l’acceptation était un témoignage important de la reconnaissance internationale du milieu. La parution des premiers articles dans la presse internationale, p.ex. Süddeutsche Zeitung, Frankfurter Allgemeine, Le Monde, Artpress et Frieze, Art in America, et, bien sûr, l’ouverture de la galerie à Bruxelles, avec un succès formidable, font également partie des nombreux moments forts du parcours.

Le projet collaboratif avec la star architecte Frank Gehry et Sophie Calle pour la deuxième édition de Luxembourg, Capital européenne de la culture 2007 a aussi été une réalisation mémorable.

L’acquisition de l’œuvre monumentale de Thomas Hirschhorn, «World Airport», auprès de la galerie en 2000 par le Mudam.

Quelle est votre devise ou quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

«Ma devise est la créativité, la résilience, le travail sans relâche, la formation continue, le respect des prédécesseurs, la confiance dans les jeunes talents, la qualité dans tout ce que nous tentons de réaliser. Le meilleure conseil que j’ai reçu: ‘Entourez-vous d’alliés’.

Qu’avez-vous découvert sur le monde du business, ou de manière générale, en devenant fondatrice?

«La lourdeur bureaucratique, les contraintes financières, ainsi que certaines formes de concurrence déloyale (ignorance et préjugés).

Avez-vous une autre activité en parallèle de votre entreprise?

«Je me concentre à 100% sur mon entreprise. Néanmoins, je suis collectionneuse de livres, d’éditions, d’ephemera et d’œuvres d’art contemporain.

Quels sont vos projets et vos ambitions pour l’avenir?

«Avant tout, mon ambition à ce stade est de transmettre mes actifs: l’expérience, nos relations dans le monde et l’organisation des archives. En même temps, j’aimerais encore projeter l’entreprise dans l’avenir en ouvrant une petite galerie ou un bureau à New York pour continuer la programmation interrompue, et la représentation de ceux avec qui nous travaillons depuis des années et explorer ce qui est en train d’émerger tout en œuvrant à faire avancer la carrière des jeunes artistes.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de Paperjam paru le 28 février 2024. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.  

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