Carlo Thelen voit une reprise progressive et en forme de K. (Photo: Maison Moderne/Matic Zorman)

Carlo Thelen voit une reprise progressive et en forme de K. (Photo: Maison Moderne/Matic Zorman)

Lors de sa conférence annuelle de conjoncture, organisée ce mardi 15 décembre, la Chambre de commerce Luxembourg a plaidé pour des aides mieux ciblées et, à plus long terme, pour une politique économique anticyclique et proactive.

, directeur général de la Chambre de commerce, l’a répété lors de la conférence annuelle de conjoncture de son institution ce mardi: le virus circule toujours activement et la croissance souffre encore. «L’évolution conjoncturelle à moyen terme dépendra donc largement du succès des campagnes de vaccination qui ont débuté dès décembre dans certains pays d’Europe et du monde. L’arrivée plus ou moins généralisée des vaccins dès le début 2021 est donc de bon augure, bien que plusieurs mois soient probablement nécessaires pour voir les premiers effets durables sur la société et sur l’économie», dit-il.

Pour lui, la reprise Comprendre avec des secteurs qui sortiront renforcés de la crise et d’autres qui ne rebondiront pas et devront se réinventer ou disparaître. Et surtout, cette reprise sera progressive.

Des aides mieux ciblées

Les économistes de la Chambre de commerce voient les effets néfastes de la pandémie sur l’économie se faire ressentir l’année prochaine et même au-delà pour certains secteurs particulièrement atteints. Les secteurs fortement fragilisés du fait d’une activité partiellement, voire totalement, à l’arrêt sont l’horeca, l’événementiel, le tourisme, certains commerces de détail en centre-ville et dans certains centres commerciaux, les agents de voyage et les activités culturelles. Et les 30.000 indépendants du pays qui, outre le fait de connaître un taux de risque de pauvreté deux fois plus élevé que les salariés en temps normal, exercent souvent dans des secteurs très exposés à cette crise.

Carlo Thelen plaide pour des mesures d’aide plus ciblées, «dont notamment pour les secteurs qui se sont vu imposer une fermeture administrative. (…) Ces mesures doivent être maintenues, voire étendues, pour assurer la survie des entreprises viables avant la crise et pour asseoir la relance post-Covid sur des bases solides.» La Chambre de commerce fait aussi valoir des arguments pour des mesures de compensation au bénéfice des indépendants au même titre que les salariés. «Les indépendants pourraient être soulagés par l’introduction d’un échelonnement des aides, au lieu d’un arrêt net de celles-ci», a-t-on entendu.

D’autres secteurs se sont montrés plus résistants. Le secteur financier notamment, mais aussi l’industrie et l’ICT. Ces secteurs restent cependant sous tension. La Chambre de commerce s’attend à ce que les effets de la crise touchent le monde financier de manière décalée en fonction des difficultés de ses clients. Pour l’industrie, les projections pour 2021 sont bonnes. Mais restent soumises à de nombreuses inconnues, soit conjoncturelles, comme le niveau de la demande extérieure, soit structurelles, comme les modalités de la transition digitale et énergétique. Les secteurs de la construction et de l’ICT devraient quant à eux profiter de la forte demande intérieure.

Plus largement, les priorités politiques doivent, pour la Chambre de commerce, permettre de retrouver le chemin d’une croissance qualitative et vigoureuse. Ce qui passe par une politique budgétaire anticyclique de forts investissements, par le maintien d’un environnement pro-business et stimulant – notamment en matière de digitalisation et de simplification – et par le maintien de la compétitivité-coût. Sur ce dernier point, l’enquête semestrielle «Baromètre de l’économie» de la Chambre pointe que les défis majeurs de l’année à venir pour les entreprises seront le coût du travail et le manque de main-d’œuvre qualifiée. Une préoccupation traditionnelle que la pandémie n’a pas fait passer au second plan.