Pour que le covoiturage fonctionne, il faut un gain économique pour le conducteur et ses passagers, mais aussi un gain en temps. (Photo: Shutterstock)

Pour que le covoiturage fonctionne, il faut un gain économique pour le conducteur et ses passagers, mais aussi un gain en temps. (Photo: Shutterstock)

La mobilité est et restera encore certainement longtemps un sujet majeur de débat au Luxembourg. Celui organisé par la Fondation Idea l’a une nouvelle fois démontré.

«Mobilités de demain au Luxembourg: en route?» était le thème du débat proposé mercredi par la Fondation Idea. Un intitulé générique recouvrant des questions diverses. La voiture peut-elle être un mode de transport optimal et un symbole de réussite? Peut-on réellement faire évoluer les comportements des conducteurs? Comment les accompagner? Quelles solutions alternatives adopter?

Dans un pays dont le réseau routier est terriblement congestionné, où la croissance de l’emploi met sur les routes 155 nouvelles voitures chaque semaine, , où 8% des employés et 34% de cadres utilisent une voiture de société, on pouvait craindre de voir les réponses apportées nuancées de beaucoup de pessimisme. Ce ne fut finalement pas le cas.

Viser l’usage de la voiture plus que la voiture elle-même

Premier élément mis en avant: la voiture n’est pas nécessairement l’ennemi à abattre. «Ce n’est peut-être pas le moyen de transport idéal, mais c’est un élément de la chaîne de mobilité», soutient , directeur général d’Arval Luxembourg, spécialisée dans la location de voitures d’entreprise. «Le covoiturage ne sera pas la solution à tout et pour se rendre à certains endroits, il faudra de toute façon prendre une voiture.» D’autant, relève pour sa part Julien Honnart,  «qu’ici, le train, qui est en fait une sorte de métro, est saturé».

, n’est pas pourfendue. «Les gens pensent que la voiture de société est gratuite. Cela n’est jamais le cas: il y a un impact sur leur salaire. Vouloir faire disparaître les voitures de société n’aura comme effet que de les changer en voitures privées», insiste Gerry Wagner.

L’État doit prendre sa part

Second rayon de soleil dans la grisaille: si le changement sera sans doute long à se concrétiser, il est possible. «Les entreprises seront le moteur de ce changement», assure encore Gerry Wagner. «Notre avenir n’est pas de fournir des voitures de société, mais des solutions de mobilité.» Cela avec l’aide de l’État, qui devra encourager des alternatives «via par exemple un budget mobilité. Ou une fiscalité adaptée qui ne viserait pas la voiture, mais l’usage qu’on en fait.» Julien Honnart abonde dans le même sens, précisant qu’il faudra accompagner les entreprises sur le chemin du changement: «Quand une entreprise est accompagnée, le taux d’adhésion au covoiturage atteint les 15%, alors qu’il reste entre 2 et 4% si on laisse les choses en leur état naturel.»

Mais pour que cela fonctionne, le patron de Klaxit insiste sur quelques éléments indispensables. Tout d’abord, bénéficier de la technologie pour la mise en relation des gens. Ensuite, aider les entreprises afin de faire naître la confiance entre les usagers. «Quand un potentiel covoitureur reconnaît sur une appli le logo de sa société, il y a trois fois plus de prises de contact», note-t-il. Enfin, il faut un incitant économique, que le covoiturage soit un gain pour le conducteur et pour le passager. Là aussi, les pouvoirs publics doivent intervenir, car «».

. Sans gain économique et sans gain de temps, toute tentative sera vouée à l’échec. De même s’il n’y a pas assez de parkings. «Un parking saturé, c’est la fin d’une solution multimodale», souligne encore Julien Honnart.

Accompagner les entreprises, sensibiliser les CFO

Tandis que des solutions innovantes pourraient voir le jour. Un exemple? «Le pool car en entreprise, par exemple. Les sociétés mettraient ponctuellement des voitures à disposition de leurs membres du personnel qui en ont besoin le soir, durant le week-end… C’est plus efficace que de les laisser inertes sur un parking. Il suffira d’une appli pour mesurer l’utilisation faite par chacun», propose Gerry Wagner.

Reste à sensibiliser les entreprises et les décideurs. «La mobilité, ce n’est pas le cœur de métier d’une entreprise. La vraie question concernant la mobilité est peut-être de se demander comment y sensibiliser les CFO», conclut pour sa part Julien Honnart.