Les actuels contrôles aux frontières ne permettent pas d’imaginer un retour au travail en masse des frontaliers. Le Grand-Duché doit s’accorder avec ses voisins pour retrouver une activité économique élargie. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

Les actuels contrôles aux frontières ne permettent pas d’imaginer un retour au travail en masse des frontaliers. Le Grand-Duché doit s’accorder avec ses voisins pour retrouver une activité économique élargie. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

Alors que le plan de sortie de crise devrait être présenté  à l’issue du conseil de gouvernement, les entreprises ont profité des dernières semaines pour peaufiner leur propre configuration de reprise dans les meilleures conditions.

À l’arrêt total depuis le 18 mars ou en fonctionnement ralenti, les entreprises attendent avec fébrilité une date de reprise alors que plusieurs pays européens, , se sont déjà positionnés. Pour autant, le patronat, que Paperjam a interrogé mardi avant que ne soit dévoilée , ne cherche pas à hâter les choses. «Chaque jour compte, mais la question première est celle de la santé et de la sécurité des salariés», commente , directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises.

«Nous travaillons avec le gouvernement et les syndicats pour mettre en place un cadre pour l’environnement de travail qui permette d’assurer la sécurité sanitaire de tous les employés dans les secteurs qui vont ouvrir en premier.» D’ailleurs, «n’oublions pas que beaucoup de secteurs fonctionnent aujourd’hui et le font en toute sécurité. Cela prouve que c’est possible, et nous pouvons aussi apprendre beaucoup de leurs pratiques.»

La reprise doit être bien préparée, organisée et communiquée.
Carlo Thelen

Carlo Thelendirecteur généralChambre de commerce

C’est cet esprit de reprise responsable qui domine au sein du patronat. «La reprise doit seulement être progressive et se faire en fonction des secteurs», abonde , directeur général de la Chambre de commerce. «Elle doit être bien préparée, organisée et communiquée.» La Chambre a d’ailleurs lancé une enquête auprès de ses membres afin de savoir en combien de jours ils pourraient reprendre leur activité si la sortie de crise était annoncée.

«Il est essentiel que les entreprises en attente montrent d’abord qu’elles sont capables de reprendre en assurant la santé de leurs collaborateurs et des visiteurs ou du public le cas échéant», souligne de son côté , directeur de la Fedil (industrie). «Il est vrai que le secteur de la construction est dans l’attente et s’est beaucoup préparé. Les entreprises ont travaillé avec les services de la santé sur les lignes de conduite, les règles à respecter pour permettre une reprise de l’activité. Ce secteur a ainsi créé une précondition pour passer à l’action.»

Sachant que d’autres conditions étaient encore discutées ces derniers jours entre le ministère du Travail et les partenaires sociaux, notamment ce qu’il advient des congés collectifs qui devraient être remis en question pour cette année .

Ce que les pharmacies ont mis en place en termes de distanciation sociale – avec les marquages au sol et la file dans la rue à un mètre de distance entre les gens – et de protection du personnel fonctionne et doit pouvoir fonctionner pour les magasins du centre-ville.
Nicolas Henckes

Nicolas HenckesdirecteurCLC

Entreprises et syndicats discutent ainsi dans tous les secteurs afin de border les besoins spécifiques de chacun. «Ce que les pharmacies ont mis en place en termes de distanciation sociale – avec les marquages au sol et la file dans la rue à un mètre de distance entre les gens – et de protection du personnel fonctionne et doit pouvoir fonctionner pour les magasins du centre-ville», indique , directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC). «Et ce qui a été mis en place dans les supermarchés peut certainement l’être dans les jardineries ou les magasins de bricolage» – d’ailleurs, ces enseignes sont restées ouvertes en Allemagne.

Une réouverture progressive des commerces peut également être envisagée, avec «une première phase d’ouverture sur rendez-vous en ville ou avec un taux défini de personnes par surface de 20m²», avance M. Henckes. «La Fédération luxembourgeoise de l’ameublement pourrait être autorisée à livrer des commandes sans ouvrir les magasins.» Les entreprises sont conscientes de l’enjeu: la reprise ne doit pas créer une deuxième vague de contaminations au Covid-19. «Leur angoisse, c’est de rouvrir puis de devoir refermer trois semaines plus tard…», relaie M. Henckes.

Il faut que le gouvernement s’assure de l’accord des pays voisins si demain des dizaines de milliers de travailleurs frontaliers reprennent le travail…
René Winkin

René WinkindirecteurFedil

Face à une «situation inédite», «l’artisanat fait tout ce qu’il peut pour être prêt», assure , directeur général de la Chambre des métiers. «Je pense qu’on peut être assez optimiste sur le fait que les entreprises vont tout faire pour mettre en place le plus vite possible les prescriptions et recommandations établies par le gouvernement. Il y a de bonnes idées et de bonnes synergies pour trouver ensemble une solution pour sortir de la crise.»

Toutefois d’autres paramètres entrent forcément dans une équation déjà complexe. «Il faut que le gouvernement s’assure de l’accord des pays voisins si demain des dizaines de milliers de travailleurs frontaliers reprennent le travail… Nous avons besoin d’interagir et de garder les frontières ouvertes», souligne M. Winkin.

La disponibilité des salariés interroge également. «Les salariés seront-ils suffisamment rassurés pour reprendre le travail? Comment pourront-ils s’organiser si les crèches et écoles sont encore fermées? Les frontaliers vont-ils vouloir revenir en masse dans les transports en commun?», cite M. Thelen. «Une panoplie de points est encore à fixer. Le tout forme une chaîne où tout doit s’enchaîner de manière harmonieuse.» Un «exercice délicat», souligne M. Wirion, qui revient au gouvernement.