Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation. (Photo: Marion Dessard pour Luxinnovation)

Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation. (Photo: Marion Dessard pour Luxinnovation)

Innover, pour une entreprise, n’est plus une option. C’est devenu, plus que jamais, une réelle obligation, peu importe la taille de la structure ou son secteur d’activité. Dans les années 70-80, l’Union européenne était encore à la pointe des technologies. Mais le Vieux Continent n’a pas su prendre correctement le virage de l’internet et du digital.

Aujourd’hui, dans le classement des 20 premières principales entreprises technologiques du digital établi par Forbes, 17 sont américaines (Amazon, Netflix et Nvidia composent le podium) et aucune n’est européenne. Les deux premières entreprises européennes pointent aux 29e (l’entreprise de semi-conducteurs néerlandaise ASML Holding) et 30e places (l’entreprise IT software & services française Dassault Systèmes).

C’est pour répondre à cet enjeu sur l’émergence des solutions du futur, qui seront plus que probablement davantage basées sur les technologies, que la Commission européenne a mis en place le Conseil européen de l’innovation. Un nouvel instrument qui fonctionne comme un guichet unique, pour permettre aux idées les plus prometteuses issues des start-up et des entreprises les plus innovantes de se transformer et devenir une réalité concrète.

Ce Conseil européen de l’innovation se base sur deux nouveaux instruments de financement. Le premier est le Pathfinder, destiné aux chercheurs et aux technologues, et vise à soutenir des projets «pionniers» qui cherchent à développer des technologies avancées à travers une approche multidisciplinaire.

Il concerne des projets en phase initiale, qui ne sont pas encore prêts à être commercialisés. Le second est l’accélérateur, conçu pour les jeunes entreprises et les PME, et pour qui l’accès aux ressources financières nécessaires pour mettre les innovations sur le marché est crucial.

Financement mixte

Cet accélérateur est basé sur une toute nouvelle approche: le financement mixte. Ainsi, les entreprises peuvent demander des subventions d’un montant maximum de 2,5 millions d’euros, mais aussi un financement de type «equity» (fonds propres) jusqu’à un maximum de 15 millions d’euros. Les investissements en actions seront gérés par l’intermédiaire d’un fonds de titrisation spécialisé basé au Luxembourg et géré en collaboration avec le groupe Banque européenne d’investissement.

Actuellement en phase pilote, ce Conseil européen de l’innovation, doté d’un budget de plus de 2 milliards d’euros pour 2019 et 2020, prendra tout naturellement sa place au sein du dispositif Horizon Europe, le prochain programme-cadre de recherche et d’innovation de l’Union européenne, qui succédera, à partir de 2021, à l’actuel programme Horizon 2020.

Pour les entreprises luxembourgeoises, la concurrence pour obtenir des financements au titre de ces programmes-cadres européens pour la recherche et l’innovation a toujours été féroce. Mais ces dernières années, nous avons assisté à une augmentation considérable du nombre de projets Horizon 2020 réalisés par des acteurs luxembourgeois, aussi bien publics que privés.

Continuité et complémentarité

Ainsi, en 2018, le financement obtenu par les entités (dont près de la moitié de PME) a été supérieur de 65% à celui de l’année précédente et le taux de succès des propositions est passé de 14% à 24%, ce qui constitue le taux de réussite le plus important au sein de l’UE, preuve de l’efficacité du travail préparatoire mené, notamment, avec les équipes dédiées de Luxinnovation, qui est le point de contact national pour tous les programmes de financement européens.

Les organisations luxembourgeoises deviennent de plus en plus compétitives.
Sasha Baillie

Sasha BaillieCEOLuxinnovation

Cela indique que l’alignement entre les stratégies nationales et européennes s’améliore et que les organisations luxembourgeoises deviennent de plus en plus compétitives. Ainsi, un programme luxembourgeois tel que Fit4Start permet d’identifier des jeunes pousses prometteuses, lesquelles peuvent ensuite faire appel aux schémas nationaux RDI (Recherche Développement Innovation) ou JEI (jeune entreprise innovante) pour se faire accompagner dans leur croissance, puis s’appuyer sur l’accélérateur EIC pour être boostées à l’échelle internationale.

De même, en complément des schémas de financement du Fonds national de la recherche (FNR), adaptés afin d’amener à maturité des résultats de recherche en vue d’un transfert de technologie sous forme de spin-off ou licences, le Pathfinder EIC vient réellement compléter un maillon manquant au niveau européen, en permettant cette accession à la maturité des résultats de projets obtenus par des groupes de recherche localisés dans différents pays.

Au-delà des financements

Nous savons que l’Europe a encore beaucoup de chemin à parcourir afin de combler le déficit de financement que rencontrent souvent les chercheurs et les entreprises innovantes dans leurs efforts pour transformer les nouvelles technologies et les idées innovantes en développement de produits et en lancement sur le marché.

Ce nouvel instrument de financement européen répond parfaitement à ces attentes, d’autant plus qu’il s’inscrit dans la parfaite continuité des outils de financement nationaux déjà disponibles auprès du ministère de l’Économie.

C’est, du reste, l’essence même de notre travail au quotidien chez Luxinnovation: accompagner les entreprises dans leurs projets de R&D et d’innovation, notamment en vue de l’obtention d’aides. Mais nous allons bien au-delà du seul aspect financier, en veillant à ce que le projet concerné s’intègre dans la stratégie et le développement d’une entreprise.