Dans l’édition 2022 de son Investment Survey, la Banque européenne d’investissement (BEI) s’inquiète de l’augmentation des entreprises se disant restreintes dans leurs possibilités de financements. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Dans l’édition 2022 de son Investment Survey, la Banque européenne d’investissement (BEI) s’inquiète de l’augmentation des entreprises se disant restreintes dans leurs possibilités de financements. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Après avoir plutôt bien passé le cap du Covid, les entreprises européennes, face aux actuels chocs multiples, deviennent plus pessimistes et ressentent les effets du resserrement du crédit qui freine leurs investissements. C’est l’enseignement à tirer de l’Investment Survey 2022 de la BEI.

Si pour les entreprises européennes la pandémie est de l’histoire ancienne – 84% d’entre elles estiment que leur chiffre d’affaires 2022 renouera au moins avec les niveaux d’avant Covid –, la guerre en Ukraine suscite beaucoup d’inquiétude, selon l’Investment Survey 2022 de la BEI. «La perception qu’ont les entreprises des conditions d’investissement s’est fortement dégradée, sous l’effet de la crise énergétique, de l’incertitude et du ralentissement de la croissance mondiale. Les anticipations concernant la conjoncture économique sont redevenues négatives, passant de +27% à -53%. La perception des perspectives commerciales propres à leur secteur a également inversé sa tendance (passant de +34% à +3%), tout comme les perspectives liées au contexte politique et réglementaire (-40%) et la disponibilité des financements externes (-8%)», relève l’étude.

Les perspectives quant à la disponibilité de financements internes en vue d’investissements se sont également fortement dégradées (passant d’une amélioration manifeste à une simple stabilisation). La proportion d’entreprises restreintes dans leurs possibilités de financements a également commencé à augmenter (6,2% en 2022, contre 4,7% en 2021).

Des entreprises climatologies-conscientes

Nonobstant, les entreprises de l’UE restent concernées par le changement climatique et progressent en matière d’investissements climatiques, en mettant en place des mesures relevant de l’atténuation des changements climatiques ou de l’adaptation à leurs effets. «Dans l’ensemble de l’Union européenne, 88% des entreprises affirment avoir pris des mesures pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et plus de la moitié ont déjà investi dans l’action en faveur du climat.»

Dans le détail, 53% des entreprises ont déjà investi pour remédier aux effets des phénomènes météorologiques et réduire les émissions de carbone. En outre, plus de la moitié des entreprises de l’UE prévoient d’investir dans l’action en faveur du climat au cours des trois prochaines années. Environ 57% des entreprises investissent dans l’efficacité énergétique, 64% dans la réduction et le recyclage des déchets et 32% dans de nouvelles technologies et de nouveaux champs d’activité moins polluants afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L’innovation stagne

Cet effort de transformation se retrouve également dans la transformation numérique: «les entreprises de l’UE ont largement comblé l’écart avec les entreprises des États-Unis en ce qui concerne l’utilisation des technologies numériques de pointe et peuvent désormais en récolter les fruits», note la BEI. En moyenne, 69% des entreprises de l’UE ont utilisé au moins une technologie numérique avancée, ce qui est proche de ce que déclarent les entreprises américaines (71%).

Les chocs successifs qu’ont été le Covid puis la guerre en Ukraine ont cependant eu des répercussions sur l’innovation des entreprises.

34% des entreprises de l’UE ont développé ou introduit de nouveaux produits, procédés ou services dans le cadre de leurs activités d’investissement. Elles étaient 35,7% à l’avoir fait lors de l’enquête EIBIS 2021. Aux États-Unis, la proportion est de 52,7%, soit 9 points de mieux que l’année passée. Cet écart croissant avec les États-Unis en matière d’innovation interpelle la BEI.

Dans l’UE, l’innovation est plus forte parmi les entreprises finlandaises (52%), suivies des entreprises irlandaises et danoises (50% dans les deux cas). Elle était en revanche plus faible pour les entreprises en Slovaquie (14%) et en Espagne (21%).