«Finalement, nous obligerons Enovos à répondre à un juge.» Le CEO d’EAM, Viktor Jakobsen, n’est pas du tout soulagé: son prometteur projet reste, huit ans après les faits, suspendu aux décisions de justice. Sa société, dans laquelle des investisseurs avaient injecté 55 millions d’euros, valait moins de 6 millions d’euros en 2020. «Pour le reste, vous n’avez qu’à consulter notre dernier rapport annuel», lâche-t-il par mail.
Ces jeudi et vendredi, l’avocat de la société luxembourgeoise, Espen Ostling, tentera d’éviter à Enovos de devoir s’acquitter de 160 millions d’euros d’indemnisation et de 2 millions d’euros d’amende au cours d’une nouvelle procédure après celles initiées au Luxembourg et en Italie. Les deux audiences sont des audiences préliminaires.
Selon le rapport annuel de 2020, la société norvégienne reproche à Enovos de lui avoir vendu 31 centrales photovoltaïques en 2014 pour 115 millions d’euros en ayant eu connaissance que les dirigeants de la société – dont le holding est lui aussi basé au Luxembourg, Aveleos –, Igor Akhmerov et Marco Giorgi, étaient visés par une enquête de la justice italienne. Cette dernière les accusait d’avoir acheté des panneaux solaires en Chine et d’avoir trafiqué les étiquettes et les documents, afin de pouvoir toucher près de 60 millions d’euros de subsides de l’État italien à la production d’énergie verte. Enovos avait nié être au courant. L’an dernier, les deux hommes et Enovos ont été blanchis des faits qu’on leur reprochait et les Norvégiens iront en cassation.
Selon le dernier rapport annuel d’EAM, les conséquences de la décision de l’opérateur public Gestore dei Servizi Energetici s’élèvent à plus de 300 millions d’euros.