L’ABBL a annoncé ce 9 octobre que la convention collective du secteur bancaire avait été signée pour la période 2024-2026. Mais elle ne prend pas en compte la revendication des syndicats à propos des «faux cadres», ces salariés souvent promus à des hauts grades, et rémunérés «hors barème». (Photo: Shutterstock)

L’ABBL a annoncé ce 9 octobre que la convention collective du secteur bancaire avait été signée pour la période 2024-2026. Mais elle ne prend pas en compte la revendication des syndicats à propos des «faux cadres», ces salariés souvent promus à des hauts grades, et rémunérés «hors barème». (Photo: Shutterstock)

Après des mois de négociations, les salariés du secteur bancaire bénéficient enfin d’une nouvelle convention collective, après l’arrivée à échéance de la précédente, fin 2023. L’accord introduit quelques améliorations. Mais l’intersyndicale n’a pas réussi à se faire entendre au sujet des «faux cadres», ces salariés au traitement un peu particulier. Ils seraient environ 10.000 dans le secteur.

Cet article a été mis à jour ce vendredi 11 octobre afin d’intégrer la position de l’ABBL.

Les négociations auront duré un peu plus de six mois. Mais le secteur bancaire dispose désormais officiellement d’une . En juin dernier, , mais celui de la banque restait dans l’impasse. En juillet, l’ABBL et l’intersyndicale Aleba-OGBL-LCGB, qui avait annoncé sur le dossier, avaient annoncé . Il est désormais officiel, puisque la convention collective a été signée le mercredi 9 octobre. «Elle marque une étape importante pour garantir que le secteur reste compétitif et attractif tout en relevant les défis futurs», indique l’ABBL. 

En revanche, une des revendications de l’intersyndicale fait toujours l’objet d’un statu quo. Elle concernait les «faux cadres» du secteur, ces salariés promus au rang de cadre et qui n’entrent plus dans le champ de la convention collective. «Ceci était un point important dans le cahier des revendications des syndicats. Les syndicats voulaient instaurer un nouveau groupe dans la CCT, «Groupe cadres» pour justement maintenir ces gens plus longtemps dans la CCT, mais de ne plus les lier à quelconque augmentation de salaire via la CCT. L’intersyndicale n’a pas pu aboutir avec cette proposition, ceci après des longues discussions. Donc c’est le statu quo sur ce sujet», indique le vice-président de l’Aleba, Jean-Jacques Rieff. Selon plusieurs anciens communiqués publiés par les syndicats, ces salariés seraient près de 10.000 dans le secteur et bénéficient de rémunérations hors barèmes. «Dans beaucoup d’entreprises, cela peut même aller jusqu’à 50%. Soit la moitié des salariés qui ne sont pas dans la CCT. Il faut cependant noter que beaucoup d’entreprises appliquent beaucoup d’avantages de la convention à tout leur personnel, notamment les congés», précise Jean-Jacques Rieff. 

Des éléments que confirme Sylvie Reuter de l’OGBL qui parle aussi d’un phénomène qui s’est fortement accentué ces dernières années. «Ce terme de faux cadre peut avoir un côté péjoratif. Ce n’est pas de la faute des salariés, mais s’ils sont avantagés avec ce système, il est difficile de changer les choses. Ils bénéficient généralement de certaines dispositions de la convention comme les congés, mais pas de treizième mois par exemple ou de paiement des heures supplémentaires. En cas de plan social, ils ne bénéficient pas, par exemple, du double préavis. Pour chacun de ces salariés, les dispositions sont négociées de façon individuelle, il n’y a donc pas d’uniformité. Nous aurions voulu les inclure dans la convention, pour leur garantir au moins le minimum, en excluant les questions de rémunération et de temps de travail», complète-t-elle. Sur ce point, les syndicats n’ont donc pas obtenu gain de cause, mais les négociations auront tout de même été l’occasion de «restructurer les choses». 

Les améliorations 

Pour les autres salariés, l’accord introduit des améliorations, notamment des dispositions renforcées pour récompenser la fidélité et l’engagement des employés dans l’ensemble du secteur bancaire. Ainsi, l’ancienne convention prévoyait déjà qu’une prime de fidélité basée sur l’ancienneté soit versée aux employés (des groupes A à D). «Cette prime a vocation à encourager les employés à rester dans le secteur bancaire à long terme», précise l’ABBL. Dans la nouvelle convention, le pourcentage de la rémunération de base a été augmenté à partir de la 11e année, pour atteindre 85% après 15 ans et 90% après 16 années ou plus. 

La nouvelle convention prévoit également des augmentations salariales annuelles sous forme d’une enveloppe globale. En 2024, cette enveloppe est de 1% (déduction faite de ce qui aurait déjà été versé en 2024). «Elle est à payer rétroactivement au 1er janvier», précise l’ABBL. En 2025 et 2026, l’enveloppe est respectivement de 0,5% et 1%. «Cette enveloppe doit permettre aux banques de récompenser les salariés les plus engagés», indique l’ABBL.  

La convention négociée souligne plus globalement l’importance de l’employabilité et de la formation continue. Le budget annuel de 1,65% alloué à la formation et à l’employabilité a été augmenté de 10%, passant ainsi de 1,5% à 1,65% de la masse salariale de référence. Les salariés bénéficient d’un droit au développement individuel et responsabilisé et ont accès à différents types de formation, notamment des programmes d’intégration, de la formation continue pour l’employabilité et l’évolution des compétences, et de la formation de réorientation. L’accent mis sur la formation permet aux employés de se maintenir à jour dans un secteur en constante évolution, favorisant ainsi leur engagement et leur fidélité.

«Par ailleurs, une prime exceptionnelle a été négociée à l’occasion de la signature de cette nouvelle convention. Elle sera versée en janvier 2025. Enfin, l’équilibre entre vie privée et professionnelle a aussi été un point important dans les discussions. Un nouveau chapitre a été créé à cet égard et chaque entreprise est encouragée à mettre en oeuvre des options de travail flexible adaptées aux besoins spécifiques de l’activité et des salariés», ajoute l’ABBL.