Il est possible de rentrer dans ce metaverse luxembourgeois sans wallet ni bitcoin ou autres cryptos. L’idée de Matthieu Bracchetti est de permettre aux novices d’apprivoiser ces univers numériques en plein boom. (Photo: Virtual Rangers)

Il est possible de rentrer dans ce metaverse luxembourgeois sans wallet ni bitcoin ou autres cryptos. L’idée de Matthieu Bracchetti est de permettre aux novices d’apprivoiser ces univers numériques en plein boom. (Photo: Virtual Rangers)

100% des metaverses qui voient le jour ne tiennent pas compte du fait que 99,9% de la population ne comprend pas de quoi il s’agit. Le CEO des Virtual Rangers, Matthieu Bracchetti, prend une nouvelle fois un problème par le bon bout avec le soutien malin de Post et des CFL.

Matthieu Bracchetti aurait pu vendre des fours dans le désert saharien, des réfrigérateurs au pôle Nord ou des encyclopédies à des bibliothécaires. Beau gosse tiré à quatre épingles, souriant dans son stand des Virtual Rangers du Finverse, le nouvel événement organisé mercredi par Deloitte et The Dots, à Hesperange, le CEO de la start-up spécialisée dans la réalité virtuelle et augmentée, a posé ses cartes de visite comme une quinte flush royale au poker sur la petite table devant lui. Il attend le chaland, seul, avec sa télévision qui projette des images d’un environnement plus aseptisé que l’hôpital du Kirchberg: personne n’a encore foulé son univers virtuel.

«Tu peux développer ton produit pendant des années, sans t’apercevoir que lorsque tu le sortiras enfin, le marché aura bougé. Le rythme est infernal. Alors nous avons fait un autre pari, qui consiste à délivrer des expériences à un rythme rapproché en tenant compte de ce qui se passe», explique-t-il dans la verrière surchauffée où les consultants de Deloitte sont visiblement heureux de retrouver un événement et où des VC comparent cette même excitation aux débuts d’internet.

Le CEO des Virtual Rangers a posé le bon diagnostic. «Tu ne peux pas entrer dans un metaverse sans avoir un wallet digital et des cryptomonnaies. Mais beaucoup de gens n’ont ni l’un ni l’autre ou ne sont pas très à l’aise avec le leur. Combien d’entreprises ont un wallet et des cryptomonnaies pour ce genre d’expérience? Nous avons décidé de lancer un metaverse où tu peux entrer comme tu es et te familiariser. Un metaverse, ça reste un univers virtuel.»

CFL et Post, premiers à dire banco

Deux poids lourds du Luxembourg, les CFL et Post, ont accepté de «suivre» l’entrepreneur dans sa nouvelle aventure qu’il mène avec The Dots. Concrètement d’y prendre un des terrains, vendus à 5.000 euros pour le plus grand et à 1.500 euros pour le moins grand, afin de pouvoir y installer un «Dot», une sorte de dôme virtuel que l’entreprise peut customiser comme elle le souhaite pour y montrer les produits qu’elle vend, y exposer des images, des vidéos et même y avoir un avatar, capable de répondre aux questions des inconnus qui pourront se connecter sur l’univers. 

Sans trop en dire, les deux grosses entreprises luxembourgeoises veulent l’utiliser aussi pour trouver ces talents numériques dont manque cruellement le pays.

Une poignée d’institutions, et Luxinnovation, ont aussi leur «Dot» dans ce metaverse et une série d’entreprises luxembourgeoises finissent de se décider. «J’ai installé des coins touristiques, mais j’aimerais assez voir comment en intégrer davantage avec l’aide du ministère du Tourisme», explique-t-il. Quand l’utilisateur s’approche de ce point, il entre par une sorte d’escalier dans des panoramas des hauts lieux du Luxembourg. 

Un metaverse aussi accessible de son téléphone

Un media corner devrait voir le jour pour vanter la presse locale et un autre est conçu comme un food corner. «Les restaurants pourront y être représentés, vanter leur carte et renvoyer vers leur solution de réservation.»

Autre particularité de cette version sans NFT ni wallet ni cryptomonnaie, on peut y accéder d’un ordinateur – comme un autre projet luxembourgeois, The Duchy – mais aussi sur son téléphone ou encore sur son casque de réalité virtuelle. «L’effet y est fantastique», commente le Virtual Ranger en chef avec gourmandise. «L’expérience est fluide et facile», assure-t-il.

Pour les débuts, le metaverse des Virtual Rangers pourra seulement accueillir 100 personnes en même temps et en inscrire quelques autres sur liste d’attente, «pour des raisons de performances et de logistique».

Et si l’aventure se passe aussi bien que celle qui l’a vue, en plein confinement, passer trois semaines en Ukraine en 2020 pour pouvoir aller aux États-Unis tâter le marché luxembourgeois et en revenir les yeux pleins d’étoiles, les développeurs ajouteront une couche plus «conforme» avec les metaverses que lance le marché. À ceci près que les utilisateurs sauront déjà ce qu’ils achètent et pourquoi.

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