Davantage d’émotions négatives, de soucis, une moindre satisfaction par rapport à la vie en général: les enfants, eux aussi, sont impactés psychologiquement par le confinement. C’est la conclusion de l’enquête Covid-Kids, initiée par l’Université du Luxembourg, et menée par les chercheurs Claudine Kirsch, Sascha Neumann et Pascale Engel, en collaboration avec Unicef Luxembourg.
675 enfants luxembourgeois âgés de 6 à 16 ans ont été interrogés entre mai et juillet derniers via un questionnaire en ligne sur les conséquences du confinement sur leur bien-être subjectif. Et les conclusions sont sans ambiguïté: si, avant le confinement, 96% des enfants se disaient satisfaits ou très satisfaits de leur vie (un résultat classique pour les enfants de pays riches en temps normaux, assure le professeur Pascale Engel), ils n’étaient plus que 67% à éprouver ce sentiment pendant le confinement.
L’étude a interrogé ces enfants sur deux aspects principaux: leur satisfaction à propos de leur vie en général («life satisfaction») et leur bien-être émotionnel (sentiments, soucis).
Peur d’attraper le Covid
Certaines catégories d’enfants sont davantage concernées que d’autres, et ce d’une manière «statistiquement significative», selon Pascale Engel. Les enfants âgés – ceux inscrits au secondaire – ressentent ainsi plus d’émotions négatives, de soucis et éprouvent une moins grande satisfaction dans leur vie que les enfants inscrits à l’école primaire. De même, les enfants issus de milieux défavorisés disent éprouver davantage de soucis que les autres. Quant aux jeunes filles, elles éprouvent davantage d’émotions négatives que les garçons.
Particularité de l’étude, elle a été réalisée en partenariat avec trois autres pays: l’Allemagne, la Suisse et le Brésil. Et en comparaison avec les autres pays, une des spécificités des enfants luxembourgeois est leur peur de tomber malades. Statistiquement, presque un tiers d’enfants en plus que dans les trois autres pays sont inquiets d’être contaminés par le Covid-19 au Luxembourg.
L’objectif de cette étude, qui a reçu un support financier de la part de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte et des assurances Foyer, est de fournir un support pour les décideurs politiques et de les aider à peser les effets négatifs et positifs de certaines décisions, comme la fermeture des écoles.
Or, sur une vingtaine de facteurs qui ont une influence en période de confinement sur le bien-être des enfants, l’étude en a identifié quatre en particulier dont l’influence est forte, et sur lesquels il est possible d’agir.
Développer des solutions
Ainsi, la difficulté et la quantité de travail scolaire ont une influence certaine sur la tendance des enfants à se sentir préoccupés. Le contenu de l’enseignement, s’il est jugé intéressant, favorise significativement le bien-être des enfants. La peur d’être malade agit directement sur le bien-être des enfants. Et, surtout, les enfants qui ont le sentiment d’être bien écoutés par les adultes éprouvent une plus grande satisfaction dans leur vie en général.
De quoi aider à «développer des solutions», selon Pascale Engel. Or, «le rôle de la science est d’aider à informer les décideurs», estime-t-elle. «Mais c’est aussi l’occasion d’envoyer un message aux parents, car une de nos recommandations est: écoutez bien vos enfants.»
Si les enfants vivent, dans l’ensemble, mal le confinement, les résultats de l’étude n’ont pas tous été négatifs pour autant. Passer davantage de temps en famille a été un des aspects positifs relevés par les enfants. Ils se sont notamment sentis plus unis avec leur famille.
Un point rassurant, alors que la reprise de l’épidémie s’intensifie, que les mesures anti-Covid se renforcent, et que les retours au «home schooling», du fait des infections ou de mises en quarantaine, se multiplient.