Près de la moitié des personnes en recherche d’un nouvel emploi souhaitent avant tout pouvoir mieux concilier sphères privée et professionnelle. Selon un sondage réalisé par jobs.lu en octobre dernier, 47% des répondants cherchent en effet en priorité un meilleur équilibre entre vie personnelle et travail, 33% une meilleure rémunération et 20% une mission plus challengeante. «L’argent n’est plus la seule donnée qui guide les candidats dans leur recherche d’emploi, explique Arthur Meulman, directeur général de jobs.lu. Il y a quelques années encore, on travaillait essentiellement pour ‘avoir’, pour s’acheter une maison, une voiture, par exemple, et pour pouvoir prendre soin de sa famille. Aujourd’hui, on veut davantage ‘vivre’ explorer le monde, expérimenter. Le travail fait donc désormais partie d’un projet de vie plus large.»
L’argent n’est plus la seule donnée qui guide les candidats dans leur recherche d’emploi.
«Travailler pour vivre, et non vivre pour travailler»
Dans ce contexte, la recherche de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle semble avoir pris une importance grandissante au cours de ces dernières années. Souvent considérée comme un enjeu crucial pour les jeunes générations, cette quête concerne en réalité tous types de profils. «Aujourd’hui, tous les collaborateurs recherchent un meilleur équilibre, quel que soit leur âge, quel que soit le secteur dans lequel ils travaillent, quelle que soit leur fonction», constate Claudine Schmitt, Managing Partner de Wellbeing at work. «Nous vivons dans un monde de plus en plus complexe, au sein duquel nous devons sans cesse nous adapter et nous montrer flexible. Cela génère du stress et exige une énergie non négligeable. Il est essentiel de pouvoir disposer de moments, dans notre vie quotidienne, pour recharger les batteries et nous permettre de puiser les ressources nécessaires pour évoluer dans ce monde complexe», poursuit-elle.
Et la crise sanitaire que nous connaissons depuis désormais près d’un an ne fait que renforcer ce besoin. «Nous prenons de plus en plus conscience que nous n’avons qu’une vie. Pour beaucoup, désormais, on ne vit plus pour travailler, mais on travaille pour vivre», analyse Claudine Schmitt. La pandémie et les nouveaux modes de travail qu’elle a fait émerger soulèvent toutefois de nouveaux défis. «Le trajet séparant le bureau du domicile permettait généralement de déconnecter de sa journée de travail. Aujourd’hui, avec la pratique massive du télétravail, les sphères privée et professionnelle ont tendance à s’entremêler, et il peut être plus difficile de faire la part des choses», constate Arthur Meulman.
Dans un monde de plus en plus complexe, il est essentiel de pouvoir disposer de moments pour recharger les batteries.
Difficile de jongler entre tous les aspects de sa vie
Dans notre environnement actuel, trouver un certain équilibre entre travail et vie personnelle, réussir à jongler entre toutes les facettes de notre existence peut donc se révéler fastidieux. Selon l’index de la Qualité du travail 2019 réalisé par la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL), 43% des salariés affirment rencontrer des difficultés pour équilibrer leur vie personnelle et professionnelle. Un chiffre qui a augmenté au cours de ces dernières années. En 2015, «seuls» 35% des répondants éprouvaient ce sentiment. Les femmes (50%) sont davantage touchées que les hommes (37%), tout comme les dirigeants, cadres et gérants (60%), les personnes exerçant une profession intellectuelle et scientifique (52%) ou encore les conducteurs d’installations et de machines, et les ouvriers de l'assemblage (46%).
Cette situation s’explique notamment par la prestation de plus en plus importante d’heures supplémentaires, la pression engendrée par les outils digitaux et la difficulté de déconnexion ainsi que des temps de trajet domicile-bureau qui s’allongent.
Un équilibre à valoriser
Sur un marché de l’emploi aussi tendu que celui du Luxembourg, les employeurs ne peuvent plus faire l’économie de la work-life balance s’ils veulent attirer, mais aussi préserver, leurs talents. «C’est un enjeu qu’ils ne doivent pas négliger et auquel ils peuvent contribuer, en mettant en place les actions et les outils adéquats, en donnant la possibilité aux collaborateurs de participer et de co-construire la façon dont ils travaillent , indique Claudine Schmitt. Cela peut par exemple se faire lors d’ateliers durant lesquels les managers s'assoient avec leurs équipes pour se demander ensemble: ‘Comment voulons-nous travailler? Que pouvons-nous faire pour rendre notre travail plus agréable?’ L’individu n’est pas le seul responsable de son équilibre. En offrant davantage d’autonomie aux collaborateurs et de motivation à faire les choses à leur façon, ils recevront davantage de satisfaction et de bien-être au travail, ce qui rendra automatiquement les environnements de travail plus sains et plus créatifs.»
Le recrutement d’un candidat commençant la plupart du temps par la diffusion d’une offre d’emploi, il convient pour l’employeur de retranscrire, à travers elle, l’importance qu’il accorde à une plus grande conciliation entre vie privée et vie professionnelle. «Il ne s’agit pas de le noter tel quel, mais de le démontrer à travers quelques exemples concrets», recommande Arthur Meulman. L’employeur peut par exemple mentionner qu’il offre des horaires flexibles, des jours de congé extra ou encore une certaine autonomie dans la manière d’organiser son travail, mais aussi qu’il propose des contrats «à la carte» ou encore qu’il pratique le télétravail. Autant d’éléments qui permettent de mieux répondre aux attentes des candidats, et donc d’espérer retenir davantage leur attention.