Durant près d’1h30, Tilly Metz a échangé avec la rédaction de Paperjam sur ce qui constitue son actualité. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Durant près d’1h30, Tilly Metz a échangé avec la rédaction de Paperjam sur ce qui constitue son actualité. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

La députée européenne Déi Gréng Tilly Metz était l’invitée de la rédaction de Paperjam. De la succession de Felix Braz au Brexit, en passant les manifestations en faveur du climat, les sujets d’actualité ne manquaient pas.

Dans un agenda bien rempli, a trouvé du temps pour prendre le petit-déjeuner avec la rédaction de Paperjam. Et évoquer l’actualité, brûlante à bien des égards. Notamment en ce qui concerne son parti. Problème de santé pour , qui , de de la Commune de Differdange... Les écologistes luxembourgeois accusent quelques secousses pour le moment. «Je ne sais pas si je dois parler de crise», analyse Tilly Metz. «Mais nous sommes dans une phase difficile, et sommes mis à rude épreuve tant sur le plan émotionnel qu’organisationnel.»

Mais le bout du tunnel est peut-être en vue. Le 3 octobre, un congrès extraordinaire désignera le successeur de Felix Braz. Un nouveau chapitre commencera. «Je ne sais pas si cela se fera aussi facilement. Mais sortir de cette période difficile est important. Je crois que nous avons tous besoin de calme. On doit assurer nos missions au sein du gouvernement, laisser maintenant Felix entamer sa convalescence...», commente Tilly Metz. Qui souligne que les membres de Déi Gréng ont pu compter sur les liens très forts qui les unissent pour affronter ces événements.

François Bausch, c’est un peu notre chef de meute...
Tilly Metz

Tilly Metzdéputée européenne

«C’est une famille», note-t-elle. Qu’elle a intégrée en 2001, avant d’en être la porte-parole de 2004 à 2009. Et dans cette famille, il y a évidemment quelques piliers, pour lesquels elle ne cache pas son admiration. «Ce sont des marathoniens, pas des sprinteurs. Ils ont fait preuve de cohérence dans leurs idées tout au long de ces années. Felix, c’est un réaliste qui réfléchit très vite, trouve des solutions. est toujours resté le même, et je trouve injuste qu’on parle de lui en disant qu’il est arrogant, car il ne l’est pas. Il est un peu notre chef de meute.

est très intelligente et fait preuve d’un zèle extraordinaire. , dont je suis très proche, est à la fois idéaliste et pragmatique, j’étais heureuse de marcher dans ses pas. Quant à , hyper-intelligente également, elle a cette faculté d’avoir la bonne idée au bon moment.» Et derrière, selon Tilly Metz, il y a bel et bien une relève et une jeune génération très active.

Je suis bien où je suis. Mais si le parti a besoin de moi au gouvernement, j’y réfléchirai.
Tilly Metz

Tilly Metzdéputée européenne

Dans quelques jours, le parti désignera un nouveau ministre du Logement. Serait-elle sur la shortlist des candidats? Elle avoue ne pas le savoir. Précisant être «super heureuse à l’Europe, entourée d’experts de qualité, de gens géniaux. Les matières qui m’intéressent, qui me tiennent à cœur, comme l’agriculture, la santé, l’inclusion sociale, qui correspondent à mes valeurs, se traitent beaucoup au niveau européen. Je suis bien où je suis. Mais si le parti a besoin de moi au gouvernement, j’y réfléchirai...» 

La voix du Luxembourg peut porter au niveau européen

Nouvellement élue vice-présidente de la délégation aux relations avec les pays d’Amérique centrale, elle est membre des Commissions du transport et du tourisme, mais aussi de la sécurité alimentaire, de la santé publique et de l’environnement. «Exactement celles que je voulais», explique Tilly Metz, aussi très investie dans la cause du bien-être animal et de l’inclusion sociale.

«Le travail est intense, mais c’est une grande satisfaction de constater qu’à ce niveau aussi, la voix du Luxembourg peut porter. À Bruxelles ou Strasbourg, personne ne me dit: ‘ah, tu viens du Luxembourg, c’est un petit pays’. Cela donne envie de s’investir.»

Tilly Metz se définit comme une femme libre: elle ne votera jamais contre ses convictions. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Tilly Metz se définit comme une femme libre: elle ne votera jamais contre ses convictions. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

D’autant qu’elle bénéficie d’une totale liberté lors de ses votes, ne recevant aucune consigne de Déi Gréng, ni du groupe des Verts européens, qui est passé de 52 à 74 députés. «De toute façon, je ne voterai jamais contre mes convictions. Le jour où je ne sais plus me regarder dans un miroir, j’arrête», assène-t-elle. 

Ses prochaines actualités resteront en lien avec ses attributions, notamment en tant que rapporteur d’un des prochains piliers de la politique agricole commune (PAC), le transport des animaux, le droit des personnes à besoins spécifiques... Mais ce sera aussi le Brexit. «J’ai toujours un espoir qu’ils restent...», confie Tilly Metz.

«Mais ce Brexit est aussi terriblement pesant. Là, il faut que quelque chose se passe. Accorder un nouveau délai, oui, mais si cela a du sens. Il faut que les Anglais proposent quelque chose.» Mais ce n’est pas le seul sujet de conversation dans les couloirs européens, «où on évoque beaucoup le Mercosur et les ‘hearings’ des futurs commissaires».

Nicolas Schmit: un bon choix

Elle assistera d’ailleurs à celui de , le candidat luxembourgeois. «Pour moi, c’est un bon choix. Il est vrai que le Luxembourg n’a pas proposé de femme, et on sait à quel point je défends l’égalité entre les sexes. Mais c’est un homme compétent, qui sait de quoi il parle.» Et avec qui elle a encore récemment partagé un petit-déjeuner, en compagnie de , élue du DP. «Les députés luxembourgeois se connaissent, se fréquentent... Je ne dis pas qu’on va sortir ensemble le soir. Christophe Hansen a soutenu certaines de mes oppositions à l’entrée d’OGM sur nos marchés, mais je sais aussi qu’on ne sera pas d’accord sur d’autres points. C’est le jeu politique.»

Si les patrons d’entreprise ne veulent pas changer pour des raisons écologiques, ils doivent le faire pour des raisons économiques.
Tilly Metz

Tilly Metzdéputée européenne

Une autre figure du moment qu’elle apprécie, c’est celle de Greta Thunberg. «Je l’adore, elle a réussi quand même à faire passer un message mieux que plein de politiciens. Elle est venue au Parlement européen, et j’ai été émue. Elle m’épate...» Comme ces jeunes qui se mobilisent pour le climat «et qui ont raison d’être furieux. Ils nous montrent qu’il faut accepter de changer, que cela peut aussi conduire à découvrir de nouvelles choses merveilleuses.»

Un changement que devront aussi prendre les entreprises. «Peu importe les circonstances, l’avenir appartient à l’économie circulaire et durable. Notre richesse en Europe, ce sont nos idées. Les entreprises ne doivent pas avoir peur de changer. Et je dis aux patrons que s’ils ne le font pas pour des raisons écologiques, ils doivent alors le faire pour des raisons économiques.»

Pas ou peu de pétrole en Europe, mais une capacité à générer des idées. C’est cela notre force, pour Tilly Metz. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Pas ou peu de pétrole en Europe, mais une capacité à générer des idées. C’est cela notre force, pour Tilly Metz. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

De façon sans doute plus surprenante, , le Premier ministre, bénéficie d’une grande estime de la part de Tilly Metz. «C’est un libéral, alors je ne suis pas en phase avec tout ce qu’il dit. ... Ses prises de position contre l’homophobie, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez lui.»

Et alors qu’elle sent une certaine forme d’intolérance à nouveau de plus en plus vive envers la communauté LGBT, «mais aussi les réfugiés, les personnes différentes, et cela aussi au Luxembourg, ce qu’a fait Xavier Bettel est courageux. Et dans le domaine politique, j’aime les hommes et les femmes qui ont du courage.»

Par contre, Ursula von der Leyen trouve moins grâce à ses yeux. Elle a d’ailleurs voté contre son investiture en tant que présidente de la future Commission européenne. «Son audition devant le groupe des Verts avait été vraiment très faible. Ce n’est guère surprenant si, comme elle le dit, elle n’a été prévenue qu’elle allait devenir présidente de la Commission que deux semaines avant. C’est trop peu que pour se préparer. Moi, je voulais un report de son audition à septembre, mais avec d’autres en accord sur ce point, nous étions minoritaires. Alors, certes, son dernier discours devant le Parlement a été nettement meilleur et certains ont changé leur vote... mais moi pas.»