8,08 millions de tonnes de CO2 ont été émises en 2021, contre 7,7 l’année précédente, selon le bilan Climat et énergie 2021 présenté vendredi 7 octobre 2022 par les ministres de l’Environnement, Joëlle Welfring (déi Gréng), et de l’Énergie, Claude Turmes (déi Gréng). (Photo: MECDD)

8,08 millions de tonnes de CO2 ont été émises en 2021, contre 7,7 l’année précédente, selon le bilan Climat et énergie 2021 présenté vendredi 7 octobre 2022 par les ministres de l’Environnement, Joëlle Welfring (déi Gréng), et de l’Énergie, Claude Turmes (déi Gréng). (Photo: MECDD)

Sans surprise, l’année 2021 a connu une reprise à la hausse des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2020, marquée par la pandémie. Le Luxembourg parvient tout de même à atteindre ses objectifs annuels de réduction, essentiellement grâce au transport. L’industrie et le bâtiment restent à la traîne.

Après une année 2020 exceptionnelle du fait de la pandémie et des confinements qui avaient permis des émissions de gaz à effet de serre (GES), celles-ci sont, sans surprise, reparties à la hausse en 2021.

8,08 millions de tonnes de CO2 ont ainsi été émises en 2021, contre 7,7 l’année précédente, selon le bilan Climat et énergie 2021 effectué par le gouvernement et présenté ce vendredi par les ministres de l’Environnement, (déi Gréng), et de l’Énergie, (déi Gréng).


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Cette hausse sur une année ne doit cependant pas amoindrir le fait que le Luxembourg est parvenu à atteindre les objectifs d’émissions qu’il s’était fixés pour l’année 2021 dans le cadre du (PNEC) – à savoir 8,2 millions de tonnes de CO2 maximum – et qui doivent mener le pays à une baisse de 55% de ses émissions de GES en 2030 par rapport à 2005. «Nous avons atteint notre objectif global et c’est un défi dans un pays qui a une économie et une démographie dynamiques», s’est réjoui Claude Turmes. En 2021, les émissions du pays ont diminué de 20% par rapport à 2005.

Le transport fait sa transition

Dans le détail, cette réussite reste toutefois à nuancer. En vue de diminuer son empreinte carbone, le gouvernement s’est fixé – industrie, transport, bâtiment, déchets et agriculture – en fixant des allocations d’émissions qui, chaque année, sont plus basses. Et le succès est très inégal selon ces différents secteurs.

Car c’est le seul secteur du transport – de loin le plus grand poste d’émissions de CO2 du pays, à hauteur de 61,1% de l’ensemble – qui entraîne à la baisse le bilan global. Si les émissions liées au transport ont légèrement augmenté depuis 2020 (4,94 millions de tonnes en 2021 contre 4,67 en 2020), elles sont 6,3% en dessous des allocations permises au secteur pour l’année 2021 (à savoir 5,28 millions de tonnes).

Industrie et bâtiment à la traîne

Les secteurs de l’agriculture et des déchets enregistrent eux aussi un bilan positif, mais de peu (respectivement 0,7% et 2,1% en dessous des allocations permises). Et leur empreinte carbone est relativement faible par rapport à l’ensemble (2,3% et 9,3% de l’empreinte du pays).

Les deux autres secteurs restants – l’industrie et le bâtiment – sont quant à eux problématiques. Ils dépassent de loin les objectifs fixés (+21,1% pour l’industrie et +10,4% pour le bâtiment), avec des émissions à la hausse. Le ministre de l’Énergie ne s’y trompe d’ailleurs pas. «Nous avons deux secteurs sur lesquels nous devons nous améliorer: l’un, ce sont les petites et moyennes entreprises et les petits industriels; l’autre, c’est la rénovation énergétique», admet-il.

La grande industrie non comptabilisée

Pour l’industrie, il est important de préciser que, si les grands industriels – comme ArcelorMittal, DuPont de Nemours ou Goodyear – ne sont pas mentionnés, cela n’est pas parce qu’ils sont particulièrement exemplaires, mais tout simplement parce que leurs émissions ne sont pas comptabilisées au niveau national, mais plutôt au niveau européen. Ils sont ainsi exclus de ce bilan. «À leur niveau, ils font de beaux efforts», assure tout de même Claude Turmes.

Pour les entreprises plus petites, le ministre promet «des mesures additionnelles». «Nous avons déjà décidé, lors de la tripartite, de mesures de réduction des impôts pour les entreprises qui investissent dans la transition énergétique. Puis, il y a toute une gamme de nouveaux instruments pour aider les industriels à investir davantage dans le renouvelable et l’efficacité énergétique», assure-t-il. Dans les semaines à venir, une feuille de route pour la décarbonisation du secteur de l’industrie et un pacte climat pour les PME, à l’image du pacte climat mis en place pour les communes, seront présentés.

Mise à jour du PNEC

Le secteur de bâtiment est donc le second point faible de ce bilan. Un manquement qui s’explique par le très difficile «défi de la rénovation des bâtiments existants», admettent les ministères concernés. Mais Claude Turmes reste optimiste et promet un véritable «game changer» en début d’année prochaine: «À partir du 1er janvier 2023, il ne sera plus autorisé de mettre de l’énergie fossile dans les nouveaux bâtiments», explique-t-il, précisant qu’il s’agit d’«une donne importante dans un pays qui construit beaucoup de nouveaux bâtiments». Le Luxembourg sera alors «le premier pays à exiger du zéro fossile sur les nouveaux bâtiments» et le détenteur de «la norme la plus stricte en Europe».

Pour les années à venir, le ministre de l’Énergie parie aussi sur l’effet «accélérateur» de la crise énergétique. «La réduction de la consommation d’énergie va nous aider sur les émissions de 2022 et 2023», espère-t-il. Il faudra aussi compter sur la mise à jour prochaine du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC), en collaboration avec des organes externes comme le Klima-Biergerrot, l’Observatoire de la politique climatique et la plateforme pour l’action climat. L’élaboration d’un projet aura lieu au premier semestre 2023 pour une mise à jour effective au 30 juin 2024.