Signe de la fièvre amoureuse qui s’est emparée du sujet: il existe 120 metaverses, déployés ou en gestation. Peu survivront à la passion dévorante, finances obligent. (Photo: Shutterstock)

Signe de la fièvre amoureuse qui s’est emparée du sujet: il existe 120 metaverses, déployés ou en gestation. Peu survivront à la passion dévorante, finances obligent. (Photo: Shutterstock)

Metaverse par-ci, metaverse par-là. Le metaverse met le mois de mai en émoi. Saviez-vous qu’il en existe 120, dont 65 encore en gestation et un, le plus connu, qui compte jusqu’à 230 millions d’utilisateurs mensuels? Si, la taille compte.

Il faisait beau, ce mercredi. Un détour par le Rousegartchen, un regard sur l’immuable siège de la Spuerkeess de l’avenue de la Liberté et retour à la rédaction. Le plus mauvais temps pour aller se promener à «Spatial Park». Le carrefour le plus connu du metaverse de Spatial est plus beau que celui de Somnian Space, mais il est tout aussi ennuyeux… Sur fond de ciel ensoleillé, de lac et de verdure, des tableaux s’offrent au regard de l’avatar. Probablement des NFT stockés là. Le premier metaverse lancé sur la blockchain Ethereum permet d’aller les regarder sur OpenSea, l’Amazon du NFT artistique. C’est là aussi que . Pour 7.349 à 9.527 dollars, il est possible d’y acheter de 500 à 1.000 mètres carrés.

«Jean Peupludetreunavatar», mon avatar éphémère de cette promenade virtuelle pendant mes heures de travail, pourrait prédire sans prendre beaucoup de risques de se tromper que le metaverse du futur sera sur la blockchain. Blankos, Rarerooms, Vault Hilt ou Mona y sont déjà lancés.

Vous êtes largués? C’est normal. Reprenons par les bases.

1. Un metaverse est un univers virtuel dans lequel le joueur, l’étudiant, la fashionista ou le consultant sont représentés par des avatars, plus ou moins customisables selon les plateformes. Ils peuvent se déplacer dans cet univers et y croiser de parfaits (ou pas) inconnus ou des connaissances et y discuter, apprendre, s’amuser, découvrir. À quand le premier événement sur le metaverse entièrement immersif au Luxembourg après le premier Fintech Friday de Nasir Zubairi en mars 2020? Voilà la vraie question à l’heure où fleurissent les événements old school, histoire de trinquer au bout d’une heure.

2. Comment on y atterrit? Autrefois – il y a plus de 20 ans, c’est autrefois – par un site internet, ils sont de plus en plus disponibles. Non seulement sur un bon vieil ordinateur, mais aussi sur un smartphone ou des appareils connectés, des consoles de jeux aux casques de réalité virtuelle.

3. Qu’est-ce qu’on y fait? Seule l’imagination est la limite. 500 millions (!) de jeunes y jouaient chaque mois début avril, principalement sur Roblox, 17 ans d’existence et 230 millions de joueurs à elle seule (bon, ok, elle est en panne, mais avec des millions de développeurs qui y travaillent, tout va bien se passer, ndlr). où les musiciens en herbe peuvent casser les oreilles des avatars en toute tranquillité sans risquer d’être sourds avant d’avoir atteint leur majorité. En mai, ils pourront y rencontrer les stars de la K-Pop que sont les Stray Kids et Sunmi.

Même si des sources évoquent une majorité de jeunes femmes de moins de 25 ans, la Coréenne Zapato compte 20 millions d’utilisateurs plus âgés mensuels sur une base de 300 millions d’abonnés. C’est LE metaverse des fans de mode et de créateurs, déjà investi par des marques comme , et même . Il faut aimer les eLouboutins payés une fortune, mais comme ce n’est pas le fort de mon avatar, il passe son tour.

Un des domaines les plus prometteurs pointés par les stratèges de Bank of America Merrill Lynch Haim Israël, Félix Tran et Martyn Briggs, est l’éducation. «L’idée fondamentale est basée sur l’apprentissage adaptatif qui existe depuis de nombreuses années», disent-ils. «Le metaverse n’est qu’un contexte, immersif, qui peut en principe apporter le meilleur des technologies numériques à l’éducation si et seulement si c’est bien fait, avec la science de l’apprentissage et de vrais enfants à l’esprit», rétorque Brookings, .

L’autre idée à regarder est celle du «bureau», mais sans trop s’enflammer. Oui, entre l’Infinite Office de Facebook ou la future version de Teams de Microsoft, deux des poids lourds sont prêts à faire oublier la machine à café et ses potins. Sauf que réunir tout le monde dans un seul environnement virtuel, à l’échelle de sociétés mondialisées, doit régler quelques soucis: une bonne connectivité, une latence réduite au maximum, des us et coutumes régionaux aussi bien du point de vue linguistique que hiérarchique.

4. On peut y gagner de l’argent? Oui, parce que beaucoup en dépensent pour «en» être. La mécanique psychologique n’est pas différente de celle qui voit la jet set locale aller garer son bolide devant le Skøl ou le Boos (à vous les stars qui n’êtes jamais parvenues à garer vos deux sublimes Lamborghini Huracan devant l’entrée, courage: un de vos amis n’a pas réussi à descendre de sa Ferrari…).

La plupart des metaverses proposent de personnaliser l’expérience de l’internaute, que ce soit en lui offrant d’autres tenues virtuelles à acheter, des objets ou même des propriétés. Il existe de Nic Mitham, 20 metaverses «Real Estate» en gestation. 19 exactement si l’on considère que Cryptovoxels compte moins de 100.000 utilisateurs mensuels quatre ans après son lancement.

Signalons à tous ceux qui ne savent pas quoi faire de leur NFT le lancement imminent de , qui a l’ambition de se transformer en musée virtuel, même prêt à exposer… l’art volé.

Il y a 1.000 manières d’imaginer gagner de l’argent à condition d’en dépenser. Par exemple, en fin d’année, Unity a racheté le studio d’effets spéciaux de Peter Jackson, Weta, pour 1,62 milliard de dollars avec l’idée d’avoir une boîte à outils à pouvoir les vendre à des créateurs de contenus, ce dont rêverait l’industrie du cinéma pour pouvoir, in fine, proposer trois premiers rangs immersifs dans les cinéma. Toute la chaîne de valeur est réunie dans cette idée jusqu’à l’usage intensif du cloud.

5. Que doit-on comprendre des tendances? Trois choses assez simples: le tamtam organisé en ce mois de mai autour du metaverse accouchera dans quelques années de la survie d’une poignée de ces univers, leur futur passera forcément par les cryptomonnaies et la blockchain et les experts annoncent qu’un quart de la population mondiale y passera une heure par jour en moyenne. Il est d’ailleurs souvent intéressant de confronter le nombre d’abonnés au nombre d’internautes qui s’y sont connectés au cours du dernier mois pour comprendre que la taille compte dans les stratégies de développement. Zapato, par exemple, communique toujours sur ses 300 millions d’abonnés… dont moins de 3 millions se sont connectés le mois dernier. Au vu des dépenses à engager, les survivants devront avoir les reins solides financièrement. Au vu des milliards de personnes que cela pourrait concerner, le nombre de transactions et d’échanges devront aller vite et s’affranchir des lourdeurs du système actuel.

6. Un bonus pour animer votre vie en société? Le 22 février, de 8 heures du soir à 9 heures, Abhijeet Goel a épousé le Dr Sansrati sur le metaverse indien Yug devant 500 avatars. Une première en Asie, sept après le premier mariage de ce type, entre Traci «Dolly Parton» et Dave «Jeff Bezos» Gagnon, qui se sont embrassés en même temps dans le metaverse et dans un country club du New Hampshire. Egal wat ou romantique?

(Note au lecteur arrivé jusqu’ici: il y a 20 ans que «Jean Peupludetreunavatar» erre régulièrement dans le metaverse. La seule chose qui ait changé jusqu’ici est le graphisme, la fluidité et l’accès. .)

Cet article est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Trendin’, le rendez-vous pour suivre l’actualité de l’innovation et des nouvelles technologies. Vous pouvez vous y abonner