Emmanuelle Ragot affectionne les œuvres de Jules Verne. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Emmanuelle Ragot affectionne les œuvres de Jules Verne. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Plutôt prudente, l’avocate spécialisée en propriété intellectuelle et droit des technologies Emmanuelle Ragot s’octroie quelques extras au fil du temps. 

Avez-vous une devise ou un principe par rapport à l’argent?

– «Je pense à cette citation de Sacha Guitry: ‘Le luxe est une affaire d’argent, et l’élégance est une question d’éducation.’ C’est pour moi davantage un constat qu’une devise. À mes yeux, l’argent représente une liberté d’action.

Quelle liberté offre l’argent?

«Le fait de pouvoir couvrir ses besoins et avoir une vie digne. Je me souviens que, lorsque j’étudiais à Londres, j’ai vu un homme qui habitait dans sa voiture. Cela m’a marquée, j’ai profondément réalisé que tout pouvait basculer.

Vous définissez-vous comme une cigale, ou plutôt une fourmi?

«Je dirais une fourmi ailée: je peux être fourmi sans problème, mais je sais être cigale, je suis hybride, somme toute. J’ai un rapport assez sain à l’argent.

Est-ce important de posséder, à vos yeux?

«Oui, pour répondre aux besoins qui me permettent de me sentir en sécurité, évidemment: être propriétaire, c’est quelque chose qui me rassure. Pour le reste, non. J’ai une voiture, mais je pourrais ne pas en avoir, elle n’est pas du tout ostentatoire. Je suis davantage sur les achats axés sur la création de souvenirs, comme l’organisation de fêtes entre amis ou les voyages, sans oublier des causes que je soutiens depuis longtemps.

Y a-t-il un objet auquel vous êtes particulièrement attachée, et pourquoi?

«Si la maison brûle demain, so what? Il y a peut-être cette collection de livres de Jules Verne que j’avais constituée à l’âge de 10 ans, et que j’ai précieusement gardée, que je serais triste de perdre. Elle ne vaut pas grand-chose, mais c’est un souvenir d’enfance, il y a une dimension affective. 

Vous souvenez-vous de votre premier salaire et de ce que vous en avez fait?

«Je me rappelle qu’avec mon premier salaire d’avocate à Paris, je me suis payé un stage de planche à voile à Saint-François, en Guadeloupe. J’adorais ce sport, je le pratiquais beaucoup. 

Avez-vous des passions coûteuses?

«Je suis très banale, à part les voyages, qui représentent un certain budget. Mais attention, je suis attentive au montant: en général, je les organise moi-même et j’essaie de découvrir des choses authentiques de façon autonome. J’aime les voyages qui ont un intérêt culturel, et la possibilité d’échanger avec les populations locales, par exemple grâce à des amis qui sont sur place. 

Y a-t-il une destination de rêve que vous n’avez pas encore explorée?

«Ma destination de rêve, c’est Tahiti. Cela remonte à mon enfance: une voisine avait chez elle des mâchoires de requin et des colliers de perles de là-bas. Ce sont des objets à travers lesquels j’ai voyagé. Mon attrait pour la planche à voile et le surf est clairement lié à cela. Mais attention, je ne passerais pas une semaine en club-hôtel: je veux découvrir la culture locale.

Pour quel type d’objet seriez-vous prête à dépenser sans compter ou à faire monter les enchères?

«Je suis très minimaliste, donc assez détachée de tout cela. Je suis consciente depuis très jeune déjà que nous allons tous mourir. Donc, quand bien même je mourrais d’envie d’avoir cet objet, je raisonne et souvent en conclus qu’après moi, il finira à la décharge. Certes, je peux craquer pour une belle photo ou un tableau, mais ce n’est pas une quête en soi. 

Qu’est-ce que, selon vous, l’argent ne peut pas acheter ou résoudre?

«Mon rapport au temps: je pense que le temps ne s’achète pas.»

Cette interview a été rédigée pour  parue le 25 novembre 2021.

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