Comme un «plombier du cloud», Dmitry Panenkov a imaginé une solution technologique qui permette de switcher d’un fournisseur à un autre selon les contextes, les environnements ou les besoins, réduisant les frictions technologiques et financières. (Photo: Emma Technologies)

Comme un «plombier du cloud», Dmitry Panenkov a imaginé une solution technologique qui permette de switcher d’un fournisseur à un autre selon les contextes, les environnements ou les besoins, réduisant les frictions technologiques et financières. (Photo: Emma Technologies)

À peine trois ans après sa création et forte d’un chiffre d’affaires multiplié par six à 25 millions d’euros anticipés cette année, la start-up luxembourgeoise lancée dans la gestion du multicloud Emma Technologies, hébergée à la House of Startups, annoncera ce lundi une nouvelle levée de fonds de 17 millions de dollars qui s’ajoutent aux six millions levés en amorçage l’an dernier.

De plus en plus de données. Auxquelles il faut avoir accès en temps réel et partout. Soit de plus en plus de cloud. De plus en plus de fournisseurs de cloud. Et de plus en plus de besoins de multicloud pour ne pas être dépendant d’un seul fournisseur que ce soit sur le plan technologique ou sur le plan de la souveraineté. C’est sur cette vague – un marché en croissance de 25 à 28% par an sur les cinq prochaines années selon les analystes de marché – que surfe la start-up luxembourgeoise Emma Technologies: son chiffre d’affaires récurrent est passé de 4 millions d’euros en 2022 à 11 millions en 2023 et devrait atteindre 25 millions d’euros cette année.

Pas très étonnant que les investisseurs se ruent sur son développement. Aujourd’hui, elle annonce une nouvelle levée de fonds de 17 millions de dollars, un an après avoir déjà levé six millions de dollars en amorçage. Présente quasiment depuis le début de l’aventure de l’entrepreneur né en Russie, Dmitry Panenkov, RTP Global Partners apporte à nouveau 4 millions de dollars tandis que le gros de la levée est lui aussi apporté par un investisseur déjà à la table, la belge Smartfin Capital. Deux boutiques d’investissement spécialisées dans la tech et dans le stade précoce de développement.

«À mesure que les entreprises se développent, elles ont besoin de la liberté de se déployer sur n’importe quel fournisseur, sans limitations. Nous établissons les standards pour rendre les opérations agnostiques au cloud. Ce financement accélère notre mission de donner aux entreprises le contrôle et la flexibilité nécessaires pour optimiser tous leurs environnements», explique le fondateur, résidant de Bertrange en attente de naturalisation.

Une solution sans compromis

«En combinant automatisation, visibilité des coûts et informations exploitables en une seule plateforme, Emma propose une approche unique de la gestion cloud, permettant aux entreprises de se concentrer sur l’innovation plutôt que sur l’infrastructure. Chez Smartfin, nous sommes fiers de nous associer à une entreprise transformatrice qui ouvre la voie à des stratégies cloud plus intelligentes et plus agiles pour les entreprises du monde entier», complète Harry Haeck, partenaire chez Smartfin, tandis que Jelmer de Jong, directeur technique chez RTP Global, estime que «de plus en plus d’entreprises se tournent vers des solutions multicloud comme jamais auparavant, car elles réévaluent ce qui est le mieux pour leur charge de travail. La plateforme holistique d’Emma permet aux clients de créer un environnement cloud qui reflète au mieux leurs besoins, leur permettant de travailler avec n’importe quel fournisseur et environnement sans compromis.»

Et l’expression «sans compromis» n’est pas neutre: Emma n’a pas accès aux données de ses clients, ne les gère pas non plus, respecte RGPD et Soc2 et, par design, propose une fonction «project limits» qui permet aux clients et administrateurs de définir des garde-fous concernant les fournisseurs et régions dans lesquelles les projets peuvent être déployés. «Les clients peuvent sélectionner les fournisseurs de services cloud et les environnements qui conviennent le mieux à leurs besoins en matière de souveraineté des données, que ce soit des hyperscalers pour les données non sensibles, des fournisseurs européens tels que Gcore, Leaseweb avec d’autres à annoncer prochainement ou des ressources sur site pour gérer les charges de travail non adaptées au cloud», précise l’entreprise par la voix de Peter Sodermans.

Sur la latence – problème régulièrement évoqué sur ce type de solutions –, il précise encore qu’«Emma utilise AWS Direct Connect, Azure ExpressRoute et GCP Interconnect pour se connecter à son propre réseau backbone multicloud, une configuration qui offre aux clients une connectivité transparente entre plusieurs fournisseurs de cloud tout en réduisant considérablement les coûts réseau. Par exemple, la latence entre les nœuds à Lisbonne et Varsovie reste inférieure à 20ms.»

Un centre de recherche à Strassen

Les clients peuvent payer «à l’utilisation», en fonction de la consommation des ressources cloud basées sur Emma, calculée en fonction de l’utilisation réelle moins les économies réalisées grâce aux recommandations d’optimisation mises en œuvre plus les frais de transfert de données; ou dans le contexte du programme «Cloud-booster», avec des crédits cloud de plusieurs fournisseurs de services cloud et un support de services professionnels d’Emma.

Outre 15 employés au Luxembourg, la start-up a aussi des effectifs aux États-Unis (et une filiale), au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Lituanie, et a recours à 40 sous-traitants à l’échelle mondiale. Ces nouveaux fonds devraient lui permettre notamment de développer ses activités aux États-Unis et de doubler la taille de ses effectifs. Le Luxembourg reste au cœur de ses prochaines étapes avec la mise sur pied, à Strassen où des locaux ont déjà été réservés dans cette perspective, d’un centre de recherche.

Du 2 au 6 décembre, elle a été invitée par Amazon Web Services à son événement re:invent, axé sur l’apprentissage et l’innovation dans le domaine du cloud computing et qui s’adresse principalement aux développeurs, ingénieurs, administrateurs système, architectes systèmes, dirigeants informatiques et décideurs techniques.