Les représentants de différents partis politiques ont répondu aux demandes des entreprises en vue des législatives. (Photo: Michel Zavagno/Blitz Agency)

Les représentants de différents partis politiques ont répondu aux demandes des entreprises en vue des législatives. (Photo: Michel Zavagno/Blitz Agency)

Coûts de l’énergie, de la main d’œuvre, pénurie de talents, simplification administrative… Michael Agostini, Dan Biancalana, Sven Clement, Frank Engel, Roy Reding, Meris Sehovic et Stéphanie Weydert ont débattu sur les attentes des entreprises pour les prochaines législatives.

Après avoir présenté son dernier baromètre de l’Économie, dans lequel pour la prochaine législature, la Chambre de commerce a laissé la parole aux politiques lors d’un débat, mardi 25 octobre. Voici ce qui en est ressorti.

Sur les coûts de l’énergie…

United caps réalise un chiffre d’affaires annuel de 40 millions d’euros. L’électricité lui a coûté un million d’euros en 2019. «Si les prix sont multipliés par cinq ou dix, ce n’est pas gérable», illustre son CEO,

, porte-parole et co-fondateur de Fokus, parie que le problème sera «réglé l’année prochaine». Il dénonce le fait qu’on ait favorisé le gaz russe pendant des années plutôt que celui venant des pays du nord de l’Afrique.

Je brise le tabou du nucléaire. C’est la seule possibilité rationnelle.
Roy Reding

Roy RedingDéputéADR

«Nous avons mis en place un soutien aux particuliers et aux entreprises qui tient la route», estime , co-président de déi Gréng, en référence . Il prône le développement des énergies propres, tout en admettant que du travail reste à faire pour s’assurer des «chaînes d’approvisionnement européennes» et ne pas tomber dans une «nouvelle dépendance à la Chine».

(co-président du LSAP) met également en avant les aides au niveau local et étatique, pour les ménages comme les entreprises. Ceci en «tablant sur les énergies vertes». Pour motiver à investir dedans, il mise sur les «subsides».

Pour le député ADR , «il est impossible de produire la totalité de l’énergie avec du photovoltaïque ou du vent. Il faudrait des milliers et des milliers de centrales de stockage.» Il ne voit que deux moyens: «les centrales classiques, qui produisent du CO2. Ou l’atomique. Je brise le tabou du nucléaire. C’est la seule possibilité rationnelle».

Sur le coût de l’indexation des salaires…

«Dans le secteur financier, nous subissons l’indexation sur de très grands salaires. Je ne comprends pas pourquoi le directeur et moi devons bénéficier d’une indexation», assume , CEO de Foyer.

Un index à 3% net pour les revenus les plus faibles et plus rien du tout pour ceux qui gagnent au-delà de 200.000 euros par an.
Frank Engel

Frank Engelporte-paroleFokus

cofondateur du Piratepartei, admet qu’il y a «de grands débats à avoir» sur la question en période de crise, où on se retrouve avec plusieurs indexations par an. Même s’il rappelle ses «mérites pour la paix sociale» en voyant les grèves auxquelles sont confrontées plusieurs grandes entreprises dans les pays voisins face aux revendications de revalorisations salariales.

Frank Engel propose «un index à 3% net pour les revenus les plus faibles et plus rien du tout pour ceux qui gagnent au-delà de 200.000 euros par an».

Et de la main d’œuvre en général…

Il ajoute, au sujet du salaire minimum: «cela fait des décennies qu’on dit que la main d’œuvre est trop chère, prenez 2.000 euros nets par mois et essayez d’aller vivre. Les prix sont faits par des gens qui gagnent 10.000 euros et doivent être payés par ceux qui en gagnent 2.000».

Dan Biancalana le rejoint sur ce point: «le coût de la main d’œuvre est élevé mais il ne faut pas oublier que celui de la vie aussi».

Sur la pénurie de talents…

 secrétaire générale du CSV, souhaite s’attaquer en même temps aux deux causes: le logement et la mobilité. Elle parle d’«ouvrir des périmètres de construction pour mettre plus de terrains sur le marché» et de «création main dans la main avec les communes» pour faciliter l’accès aux logements.

Roy Reding regrette les difficultés d’accès au marché de l’emploi pour les non-communautaires.

«Attirer 10 à 15.000 personnes par an ne résoudra rien», déclare Frank Engel. Il prône une «expansion du dynamisme du Luxembourg dans la Grande région avec des zones cogérées».

Selon Michael Agostini, président des jeunes démocrates, l’aménagement du territoire doit passer par une densification en milieu urbain.

Nous promouvons le droit au télétravail.
Michael Agostini

Michael Agostini président Jeunes démocrates

Sur la flexibilisation du travail et la balance entre vie privée et professionnelle…

Autre argument pour recruter de la main d’œuvre, le télétravail. «Dans mon secteur, si je fais un entretien, la première chose qu’on me demande est le nombre de jours», témoigne Marc Lauer. Mais si certains ont droit à davantage de travail à distance, «qu’est-ce qu’on dit à nos employés?», demande , propriétaire de Cocottes. Elle parle d’«injustice» et craint l’impact pour l’horeca.

Michael Agostini préfère privilégier la place financière. «Au DP, nous partageons l’avis qu’il faut plus de flexibilité. Je prends maintenant la casquette de président des jeunes démocrates pour dire que nous promouvons le droit au télétravail. C’est un plus pour l’environnement, pour l’attractivité de l’emploi au Luxembourg. On ne peut pas prendre la décision de ne pas promouvoir le télétravail pour sauver l’horeca.» Ce à quoi Stéphanie Jauquet répond «vous me faites peur».

Sven Clement qualifie cette notion de droit au télétravail d’«élitiste».

«C’est important que la flexibilisation se fasse dans le cadre d’un dialogue social entre entreprises, patronat et syndicats», préfère Dan Biancalana.

De même pour Stéphanie Weydert, qui ajoute la possibilité, pour assurer une égalité entre ceux qui peuvent et ne peuvent pas travailler à distance, «des horaires plus adaptés» pour les seconds.

Le télétravail constitue «une arme à double tranchant» pour Roy Reding, qui explique par exemple avoir remplacé deux comptables par un contrat avec un bureau à Marrakech.

J’ai dû donner la date de naissance de mon enfant cinq fois à la même administration.
Sven Clement

Sven ClementcofondateurPiratepartei

Sur la simplification administrative…

En tant que papa, «j’ai dû donner la date de naissance de mon enfant cinq fois à la même administration», s’indigne Sven Clement, face aux nombreux formulaires qu’il a dû remplir pour recevoir les allocations dédiées. «Si c’est ça la digitalisation du Luxembourg en B2C, comment peut-on estimer qu’elle va mieux dans le monde des affaires? Elle doit se faire au service et non au détriment des entreprises et des clients».

«Pourquoi en tant que patron, je dois chercher la fiche de retenue d’impôt de mes salariés?», surenchérit Roy Reding, qui pense que les dernières avancées ont plutôt servi à simplifier la vie des fonctionnaires.

Stéphanie Weydert propose un «guichet unique pour les procédures environnementales et les demandes de subsides».