La sortie progressive du confinement a multiplié les contacts sociaux et accru le risque de transmission du virus, démontre l’étude. (Photo: Romain Gamba/archives/Maison Moderne)

La sortie progressive du confinement a multiplié les contacts sociaux et accru le risque de transmission du virus, démontre l’étude. (Photo: Romain Gamba/archives/Maison Moderne)

Une étude menée par le Laboratoire national de santé et le Fonds national de la recherche retient que les résidents ont accru leurs contacts sociaux de 121% après le confinement par rapport au confinement, tout en restant prudents puisqu’ils ont 60% de contacts en moins par rapport à l’avant-confinement.

Sommés de rester chez eux et de limiter les contacts sociaux durant le confinement, les résidents ont eu tendance à se rattraper une fois qu’ils ont été autorisés à reprendre une vie (presque) normale. C’est l’enseignement que tirent Ardashel Latsuzbaia, Malte Herold, Jean-Paul Bertemes et Joël Mossong, les auteurs de l’étude «Evolving social contact patterns during the Covid-19 crisis in Luxembourg». Une étude .

Les chercheurs, trois du laboratoire d’épidémiologie et de génomie microbienne du LNS et un du FNR, se sont appuyés sur plusieurs sondages réalisés à certaines dates (25 mars, 2 avril, 16 avril, 1er mai, 12 juin et 25 juin) via un lien sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter adressé aux lecteurs et abonnés du site science.lu. L’étude répertorie les réponses de 6.766 participants – sachant que certains ont pu remplir le sondage sur une ou plusieurs dates et donc être comptés plusieurs fois.

L’objectif de l’étude: «suivre l’impact des interventions du gouvernement sur les schémas de contacts sociaux au Luxembourg peu après que le confinement a été mis en œuvre en raison de la propagation rapide du Covid-19». Un angle d’autant plus pertinent que la composition démographique de la population résidente comme son niveau de contacts sociaux – 17,5 par jour avant la pandémie selon l’étude Polymed de 2007 contre 8 à 11 pour l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique – distingue le Grand-Duché de ses voisins.

Cette hausse des contacts sociaux a probablement engendré la hausse du taux de reproduction [du Covid-19] suivie par une incidence croissante observée fin juin.

Ardashel Latsuzbaia, Malte Herold, Jean-Paul Bertemes et Joël MossongLNS/FNR

Entre le 25 mars et le 1er mai, durant le confinement, 5.644 participants ont déclaré 18.118 contacts avec une personne se tenant à moins de 2 mètres et avec laquelle ils ont échangé plus de trois mots. Soit une moyenne de 3,2 contacts sociaux par jour contre 17,5 avant la pandémie (-81,4%), avec des disparités liées à l’âge: les moins de 25 ans déclaraient 4,2 contacts alors que ceux de plus de 64 ans en indiquaient 1,7. La nationalité joue aussi: les résidents portugais et luxembourgeois comptaient une moyenne de 4,3 contacts quotidiens contre 3,5 pour les autres résidents. Enfin, c’est au travail que les sondés ont rapporté le plus de contacts: 6,2 chaque jour, contre 3,2 contacts durant leurs loisirs et 2,9 au supermarché.

Après le confinement, 1.119 personnes ont déclaré 7.974 contacts, soit 6,7 contacts par jour (après ajustement en fonction de l’âge). «Cette hausse des contacts sociaux a probablement engendré la hausse du taux de reproduction [du Covid-19] suivie par une incidence croissante observée fin juin. En outre, plus de la moitié des contacts lors de la période post-confinement se sont produits sans port du masque, ce qui accroît le risque de transmission», note l’étude. En effet, 61,7% des sondés ont reconnu au moins un contact quotidien sans masque en juin.

Ces résultats vont dans le même sens que ceux d’une étude similaire menée en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume-Uni (Del Fava et al.). Avec une spécificité luxembourgeoise: «les résidents de nationalité portugaise ont eu davantage de contacts quotidiens en comparaison avec les autres résidents, ce qui pourrait être lié au travail puisque 27% des Portugais ont rapporté des contacts au travail durant le confinement», précise l’étude. Or cette communauté pèse «15% dans la population totale et semble être sujette à un risque accru pour la transmission», ajoutent les auteurs, qui préconisent «une communication directe avec ces communautés étrangères» afin d’«aider à assurer le respect des mesures de distanciation physique».