À partir d’un certain nombre de personnes infectées dans le pays, la probabilité de transmission va tellement augmenter que le virus va pouvoir se transmettre d’un cluster à un autre, alors même qu’il n’existe pas de lien direct entre ceux-ci, via des détours. (Photo: Shutterstock)

À partir d’un certain nombre de personnes infectées dans le pays, la probabilité de transmission va tellement augmenter que le virus va pouvoir se transmettre d’un cluster à un autre, alors même qu’il n’existe pas de lien direct entre ceux-ci, via des détours. (Photo: Shutterstock)

Le nombre d’infections au Covid-19 s’emballe depuis deux semaines. Un tel phénomène, si soudain, s’expliquerait par l’effet de percolation: lorsqu’un certain seuil est atteint, la circulation du virus se généraliserait dans la population, ne se limitant plus à une transmission au sein de clusters.

Jusqu’au lundi 19 octobre, le nombre de cas de Covid-19 augmentait d’une manière linéaire, avec des chiffres oscillant entre 100 et 250 cas durant la dizaine de jours antérieurs. Mais le mardi 20 octobre, les chiffres se sont emballés, avec 483 cas recensés. Le lendemain: presque 600 cas. Deux jours après, le vendredi 23 octobre, 862 cas ont été détectés.

Comment expliquer un tel bond? Selon un concept permettrait d’expliquer ce phénomène: l’effet de percolation, ou effet de seuil. Au-delà d’une certaine «masse virale» (soit le nombre de personnes porteuses du virus) dans la population, le nombre de nouvelles infections peut ainsi brutalement augmenter sans raison apparente.

Utilisé en épidémiologie, il s’agit à l’origine d’un concept de physique. Un exemple pour mieux comprendre le phénomène: un sac rempli de boules de bois, dans lequel on ajoute au fur et à mesure des boules de fer. Si le nombre de ces dernières est trop faible, le sac ne peut pas conduire l’électricité, le bois n’étant pas conducteur. Mais, à partir d’un certain seuil, les boules de fer seront suffisamment nombreuses pour se toucher et former une chaîne permettant à l’électricité de circuler.

Au-delà des clusters

Or, ce seuil est atteint lors de l’ajout d’une dernière boule, qui provoque un changement soudain: le sac, de non conducteur, devient conducteur. Cependant, le moment où cet effet se produit dépend essentiellement du hasard, la chaîne pouvant se former avec un nombre plus ou moins important de boules de fer. Et il est pour le moment impossible de prévoir à quel moment ce seuil est atteint.

Le principe est le même avec l’épidémie de Covid-19. Les personnes ont, dans une large mesure, des contacts avec d’autres personnes au sein de «clusters», de groupes, comme la famille, les amis proches, les collègues, les partenaires de sport. Il existe donc une bien plus grande probabilité qu’une personne infectée contamine une autre personne appartenant à un de ces clusters, plutôt qu’une autre personne dans le pays.

Mais, à partir d’un certain nombre de personnes infectées dans le pays, la probabilité de transmission va tellement augmenter que le virus va pouvoir se transmettre d’un cluster à un autre, alors même qu’il n’existe pas de lien direct entre ceux-ci, via des détours. Alors, le nombre de cas explose. Ce qui, selon science.lu, serait arrivé au Luxembourg à partir du 20 octobre.

Survenue imprévisible

Une des conséquences est que la méthode qui consiste à tester, tracer et isoler – celle utilisée au Luxembourg jusqu’à maintenant – devient alors moins efficace et la pandémie plus difficile à contrôler.

Par ailleurs, le virus étant omniprésent et se transmettant d’un cluster à l’autre, les infections, qui étaient jusque-là plutôt limitées aux jeunes générations, contaminent désormais des personnes âgées. La méthode consistant à laisser les jeunes libres et à protéger spécifiquement les personnes âgées devient alors inopérante, note science.lu.

Pour éviter ce phénomène d’emballement, il faut bien sûr tout faire pour rester en dessous de ce seuil. Mais si cet objectif est extrêmement difficile à réaliser, un des obstacles reste que le moment où ce point de basculement est atteint est imprévisible. D’une part parce que le hasard joue un rôle, rappelle science.lu. D’autre part parce que la taille et le brassage des clusters ou le comportement des contacts sont des facteurs importants qui varient d’une culture et d’un pays à l’autre.

À défaut de capacité à maintenir le nombre de cas en dessous de ce seuil, la solution reste de limiter les contacts sociaux. Le couvre-feu, est une première option. Et si cela ne suffit pas, le confinement, déjà mis en place en France et en Belgique, reste la solution de dernier recours.