Ilana Devillers, fondatrice de F4A (Food4All). (Photo: Maison Moderne)

Ilana Devillers, fondatrice de F4A (Food4All). (Photo: Maison Moderne)

Ilana Devillers, à la tête de la start-up F4A (Food4All), part à la conquête des marchés internationaux, au départ du Luxembourg. Elle livre son regard sur l’écosystème start-up luxembourgeois, ses atouts – dont elle a su profiter – comme ses manques.

La dynamique patronne de F4A, Ilana Devillers, vit à 200 à l’heure. De retour des États-Unis, où elle a d’abord présenté sa start-up au CES sur le pavillon luxembourgeois, puis à New York auprès de retailers, elle a du pain sur la planche. «Il faut assurer le suivi des contacts. Le concept est inédit aux États-Unis et a suscité un vif intérêt. Dans le même temps, il faut déployer le marché France. Notre start-up est opérationnelle depuis un peu plus d’un an à peine, et tout se bouscule», nous explique-t-elle. À tout cela s’ajoutent des discussions avec des investisseurs dans le contexte de la deuxième levée de fonds menée par la jeune société. La gagnante du concours Start-up Stories proposé par Paperjam n’a pas de temps à perdre et n’entend pas louper la moindre opportunité.

À l’international depuis le Luxembourg

La start-up poursuit l’ambition de réduire le gaspillage alimentaire à la sortie des supermarchés. F4A permet à ces derniers de valoriser leurs produits dont la date limite de consommation est proche auprès de ses utilisateurs. D’une part, les supermarchés peuvent réduire leurs invendus et éviter de devoir jeter, d’autre part, les consommateurs peuvent profiter de prix attractifs. L’idée est excellente. Mais encore fallait-il pouvoir la mettre en œuvre et la proposer au marché.

C’est au départ du Luxembourg, en profitant de cet écosystème start-up national en plein développement, qu’Ilana a envisagé l’avenir de sa start-up. «Je vis au Luxembourg depuis plusieurs années. C’est mon pays d’adoption», confie-t-elle. «C’était naturel pour moi de débuter cette aventure ici. Je pense en outre que le Luxembourg dispose de beaucoup d’atouts pour permettre à des start-up de grandir et d’aller à l’international.»

Chercher pour trouver

Si le développement de F4A est fulgurant, le chemin n’a rien d’un long fleuve tranquille. Quand on crée une société à 25 ans, il faut pouvoir bien s’entourer. Il y a eu des erreurs, «comme le fait d’opter pour la création d’une SARL-S, qui a entrainé d’importants problèmes juridiques par la suite, au moment de lever des fonds ou d’envisager notre expansion». F4A est aussi parvenue à trouver, sur place, de beaux soutiens.

On trouve beaucoup de choses au Luxembourg pour les start-up. La difficulté, c’est qu’il faut parfois beaucoup chercher pour les trouver.
Ilana Devillers

Ilana DevillersfondatriceF4A (Food4All)

«Nous avons pu profiter du programme Fit4Start de Luxinnovation, qui nous a permis d’affiner notre idée, du Venture Mentoring and Support Services du MIT en partenariat avec l’Université du Luxembourg, du soutien d’EY avec son programme EYnovation ou encore du Lux Future Lab, l’incubateur de la BGL», explique Ilana. «C’est bien simple, nous avons saisi toutes les opportunités. On trouve beaucoup de choses au Luxembourg pour les start-up. La difficulté, c’est qu’il faut parfois beaucoup chercher pour les trouver.»

Pour la jeune entrepreneuse, il faudrait parvenir à mieux guider les start-up intéressées par le Luxembourg à travers le panel d’opportunités qui s’offrent à elles. «Et pourquoi ne pas créer un guichet unique des start-up ou un guide rassemblant toutes les aides?», interroge-t-elle. «Récemment, j’ai découvert que le consul luxembourgeois à New York pouvait m’aider. C’est extraordinaire, mais peu de personnes le savent.»

Inciter à l’investissement privé

Luxembourg offre un environnement ouvert, au sein duquel beaucoup de personnes sont accessibles, prêtes à vous ouvrir des portes, à vous écouter. «Quand on est jeune, on a avant tout besoin d’aide, de personnes qui ont du vécu et qui peuvent vous guider. À Luxembourg, les gens restent accessibles. C’est aussi un marché intéressant pour éprouver un concept. On y trouve des programmes d’incubation et d’accélération, perfectibles comme toute chose, mais intéressants. À ce titre, le Luxembourg est un territoire attractif pour lancer son activité. C’est une chance pour les start-up», poursuit-elle.

Là où ça coince, par contre, c’est dans le financement des projets dans les phases de lancement «early stage». «Il est en effet très difficile de lever les fonds pour démarrer l’activité, notamment par manque d’incitants à l’investissement orientés vers les particuliers», poursuit la jeune entrepreneuse. «Dans d’autres pays, qui développent une culture plus entrepreneuriale, on encourage davantage l’investissement dans des start-up. Il serait aussi intéressant de mettre en place un fonds dédié à des investissements ‘early stage’.»

Un diamant brut

Pour Ilana, le Luxembourg a un beau potentiel d’attraction des start-up, qu’il doit placer au service de la diversification de son économie. «Pour y parvenir, il faut encore améliorer l’écosystème start-up. Au-delà des aspects liés au financement, l’accès aux compétences, dans le domaine du développement informatique ou encore du marketing, deux besoins essentiels pour des start-up comme la nôtre, est un enjeu clé. Or, les talents sont rares sur le marché et, dès lors, très chers», poursuit-elle. «Je pense cependant qu’il y a une réelle volonté d’aller de l’avant, notamment en travaillant sur la culture entrepreneuriale, en tenant compte des problématiques rencontrées par les start-up. L’écosystème start-up luxembourgeois est encore jeune, c’est un diamant brut qui ne demande qu’à être poli. Mais je suis persuadé que nous avons toutes les cartes en main pour développer un pôle particulièrement attractif pour créer des start-up et leur permettre de se développer depuis le Luxembourg.»