Sheizaf Rafaeli: «Je n’attends pas d’un ministère de l’Éducation ou d’une autorité de contrôle qu’ils soient à l’origine des innovations, mais ils choisiront les technologies adéquates.» (Photo: DR)

Sheizaf Rafaeli: «Je n’attends pas d’un ministère de l’Éducation ou d’une autorité de contrôle qu’ils soient à l’origine des innovations, mais ils choisiront les technologies adéquates.» (Photo: DR)

Le professeur israélien Sheizaf Rafaeli dédie ses travaux à la convergence de la technologie et de l’éducation. Ou comment l’ère digitale va profondément changer la manière de penser… et d’apprendre. Il sera de passage lundi 23 septembre à la House of Startups.

Dans un Luxembourg qui veut être dans la locomotive du digital, l’inspiration est la bienvenue. Elle viendra cette fois d’Israël avec le professeur  pour une .

Le professeur israélien, qui dédie ses travaux à l’importance des systèmes d’information dans l’apprentissage, s’exprimera devant une assistance où l’on retrouvera le ministre de l’Éducation nationale, . Enseignements en prélude de la conférence.

Les enfants de demain vont-ils penser différemment?

Sheizaf Rafaeli. – «Je l’espère bien. Mais nous ne sommes pas forcément sur la bonne voie quant à la manière d’enseigner et de préparer les enfants à un monde qui n’est plus celui du 20e siècle et qui ne sera plus le monde d’aujourd’hui. Les contenus de cours, les CV, la manière avec laquelle on a enseigné aux enfants pendant des décennies ne correspond plus à l’évolution que nous connaîtrons demain sur le marché du travail et dans la vie de tous les jours.

On remarque pourtant que les écoles ne sont pas encore totalement imprégnées par ce changement…

«Les écoles traditionnelles remontent au siècle dernier, mais elles ne correspondront plus aux besoins de demain. L’école doit reconnaître que le contenu enseigné ou appris ne peut plus venir d’un seul canal, mais doit ouvrir les élèves à l’exploration du savoir. Il s’agit aussi de considérer l’apprentissage scolaire tout au long de la vie. L’école ne doit d’ailleurs plus être identifiée uniquement à la salle de classe.

La priorité devra être l’apprentissage actif, avec une approche individuelle et l’ouverture vers de nouveaux modes d’apprentissage en ligne. L’école devra préparer les citoyens à la formation tout au long de la vie, étant donné qu’ils seront amenés à changer de cap tout au long de leur carrière.

Comment se comporteront les enfants de demain?

«Nous voulons former les citoyens de demain, pas uniquement les enfants. Les citoyens de demain seront plus inclusifs, plus curieux, plus participatifs, ils partageront davantage dans un monde où le niveau d’information aura doublé et dans lequel la population sera en augmentation exponentielle. Les citoyens de demain ne seront plus semblables à ceux que l’on a éduqué par le passé.

L’information apprise par cœur cédera la place à l’exploration du monde, à la compréhension des canaux d’information, autour de l’intelligence artificielle et des algorithmes. Avec la capacité à manier ces technologies pour une compréhension en profondeur, tout en devant se prémunir des éventuels effets pervers.

Ce qui ne signifie pas la fin de l’école…

«Je ne pense pas que l’école disparaisse à l’avenir, mais en l’espace d’une génération elle va évoluer, tant dans la manière d’enseigner que dans son organisation. Je pense à la disposition des classes, au matériel utilisé… les tableaux ne sont déjà plus noirs, mais blancs. C’est un changement mineur, mais il va être suivi par l’usage des écrans… le système éducatif sera disrupté et il n’aura pas d’autre choix que d’évoluer en raison de la pression économique – notamment les coûts du système éducatif – et du souhait des personnes de rester autonomes dans leur apprentissage tout au long de leur vie. La technologie sera le catalyseur de ce changement.

Vous intervenez justement à la House of Startups. Quel rôle peuvent jouer les start-up dans ce contexte?

«La disruption et l’innovation ne viendront probablement pas du monde institutionnel, mais bien des start-up. Certaines sont devenues géantes, pensez à Google, à Facebook, à Youtube. Pensez à ce que la technologie peut apporter dans la recherche de l’information et la communication. La technologie va accélérer les nouveaux modes d’apprentissage, dont le ‘peer learning’.

Les start-up vont fournir les idées et les solutions. Je n’attends pas d’un ministère de l’Éducation ou d’une autorité de contrôle qu’ils soient à l’origine des innovations, mais ils choisiront les technologies adéquates. J’espère que ces deux mondes se connecteront pour apporter le vent nouveau nécessaire, opérer la disruption en faveur des prochaines générations.»