Âprement débattue dans le milieu enseignant comme politique, la rentrée scolaire du niveau fondamental se tiendra bien le 25 mai comme évoqué lorsque la stratégie de sortie progressive du confinement a été dévoilée par le gouvernement mi-avril.
Le ministre de l’Éducation nationale en a esquissé les contours lors d’une conférence de presse, mardi. La première pour lui en présence des journalistes en respectant les mesures de distanciation physique et dans le cadre du centre européen de congrès.
«Notre mission n’est pas d’ouvrir l’école, mais de trouver ensemble un modèle qui fonctionne», a assuré le ministre DP au terme de discussions avec le Syvicol, les syndicats enseignants, les coordinateurs des écoles et les autres acteurs concernés. Objectif à moyen terme: que «la rentrée du 15 septembre soit un nouveau départ», en espérant des conditions meilleures qu’actuellement. «Mais il est important de ménager quelques semaines de présence à l’école avant les grandes vacances», souligne le ministre. «Le grand engagement des parents et des enseignants ne peut pas tout faire. Il ne peut pas remplacer le contact social. Les enfants n’ont pas seulement besoin de l’école, mais aussi du contact avec d’autres enfants.» Un aspect sur lequel les psychologues de l’enfance ont insisté auprès du ministre.
Il est important que les groupes soient homogènes, que les souhaits des enfants soient respectés pour qu’ils puissent voir leurs amis, et il faudrait faire en sorte que les fratries soient dans le même rythme scolaire.
L’emploi du temps proposé pour les élèves – mais auquel les communes «pourront déroger» – se calque sur celui mis en place dans les niveaux supérieurs. Les classes seront divisées en deux afin de respecter les règles de distanciation physique entre les élèves et avec l’enseignant, qui porteront tous une protection buccale et devront se laver régulièrement les mains.
Les élèves suivront les cours en classe durant une semaine A, de 8 à 13h, avec un enseignant qui ne sera pas forcément leur enseignant habituel, puis pourront rejoindre une maison relais avec le même groupe jusque 18h. Le deuxième groupe sera pendant ce temps occupé à faire des devoirs prévus par l’enseignant, que ce soit en étude surveillée dans une maison relais ou une autre infrastructure, ou bien à la maison.
Les groupes sont inversés la semaine suivante, la semaine B.
Ce découpage permet ainsi de conserver les mêmes groupes en cours et en maison relais, «les mêmes groupes relativement petits et qui ne se mélangent pas», précise le ministre. Et qui, dans l’idéal, respecteront plusieurs critères: «Il est important que les groupes soient homogènes, que les souhaits des enfants soient respectés pour qu’ils puissent voir leurs amis, et il faudrait faire en sorte que les fratries soient dans le même rythme scolaire.» Un formulaire sera envoyé mercredi aux parents afin d’évaluer leurs besoins en structure d’accueil pour les après-midi et la semaine B. Ce qui devrait donner, au plus tard en début de semaine prochaine, une idée des besoins aux communes qui doivent organiser la prise en charge en maison relais et dans d’autres infrastructures si besoin.
25% de cet emploi du temps est obligatoire – les cours – et 75% est facultatif.
«25% de cet emploi du temps est obligatoire – les cours – et 75% est facultatif», souligne M. Meisch, répondant aux nombreuses demandes de libre choix. «L’accueil, même durant la semaine B, ne coûtera rien aux parents.»
C’est ainsi que se dérouleront les semaines entre les vacances de la Pentecôte – durant lesquelles une garde pourra être proposée par les structures d’accueil – et les grandes vacances – dont le ministre a exclu tout décalage en réponse à une pétition en circulation. La semaine du 25 mai sera, elle, divisée en deux avec un format A en début de semaine et B pour la suite, de sorte que tous les élèves pourront se familiariser avec le nouveau fonctionnement de l’enseignement. «Ces premiers jours seront utilisés pour préparer les enfants à leur retour à l’école: on va regarder ce qu’ils ont vécu, ce que le Covid-19 a fait au monde et au monde des enfants. Il convient de s’assurer que les enfants aient assimilé la situation, qu’ils puissent la gérer à l’école et dépasser cet épisode de leur vie pour bénéficier de cette expérience par après.»
Le congé pour raisons familiales prolongé sous condition
Si cette organisation ne peut être mise en place de manière convenable, le ministre laisse la porte ouverte à une prolongation du congé extraordinaire pour raisons familiales mis en place le 16 mars et prolongé le 27 mars.
Ce congé pourra être prolongé dans trois cas:
- Si un enfant scolarisé au fondamental est vulnérable, par exemple en raison d’une maladie chronique;
- Si un enfant ne trouve pas de place dans une structure d’accueil, «même si nous faisons tout pour libérer des places», souligne le ministre;
- Pour les enfants de moins de trois ans: qu’il soit gardé habituellement en crèche ou par une tierce personne vulnérable comme un grand-parent, ce qui nourrit un risque de contamination, cet enfant peut rester à la maison si ses parents en font le choix. «C’est aux parents de voir ce qui les arrange le mieux.»
Si nous laissons l’école fermée, cela signifie qu’il n’y aurait plus d’école depuis mars jusqu’à septembre pour le cycle 1.
Quant au cycle 1 – correspondant à un âge de 3 à 5 ans –, des réflexions particulières sont toujours en cours. La première année (éducation précoce) est facultative, aussi le choix de laisser ou non leur enfant reprendre l’école avant les grandes vacances est laissé aux parents.
Le ministre rappelle à quel point les deux années suivantes (Spillschoul), obligatoires, sont cruciales pour les enfants. «Nous pensons que les enfants ont droit à l’éducation et que l’État doit le leur garantir. Beaucoup de pédagogues nous ont aussi rappelé que les premières années sont très importantes dans le développement de l’enfant et pour leur avenir. Si nous laissons l’école fermée, cela signifie qu’il n’y aurait plus d’école depuis mars jusqu’à septembre pour ces enfants. Soit six mois sans langue luxembourgeoise, alors qu’en septembre, ils devront être alphabétisés en allemand et apprendre à lire et à écrire. Sans oublier d’autres compétences auxquelles on ne peut pas renoncer si on veut pour eux un parcours scolaire durable.»
M. Meisch concède toutefois la complexité de l’application de mesures sanitaires pour ces petits de 4-5 ans. «Les règles de sécurité qui valent pour les adultes quand les commerces rouvriront ne sont pas transposables à 100% pour les petits. Nous sommes en train d’élaborer d’autres règles que la protection buccale et la distanciation. Les enfants ont besoin de bouger librement avec d’autres, d’entreprendre des activités.»
Un «travail herculéen» pour les communes
Le ministère examine donc, avec la Direction de la santé et des experts en maladies infectieuses, la piste de groupes «très séparés de l’extérieur, mais fonctionnant en interne comme à la maison, en renonçant aux gestes barrières dans de très petits groupes».
De son côté, , président du Syvicol, a confié à quel point cette rentrée représente un «travail herculéen» pour les communes, chargées de gérer l’organisation dans les bâtiments scolaires rarement spacieux, la prise en charge dans les structures d’accueil et les transports.
«Nous pensons avoir besoin d’un tiers de personnel en plus dans le secteur éducatif» afin d’accueillir les enfants en maison relais l’après-midi et le matin aussi, une semaine sur deux. Le pool que veut constituer le ministère avec une réserve d’enseignants et d’éducateurs le rassure, même si toutes les communes ne sont pas certaines d’avoir des locaux disponibles pour absorber les différents groupes d’enfants. L’enquête menée mercredi auprès des parents donnera une indication des besoins réels.
Quant aux transports en bus, ils devront également respecter les règles de distanciation, ce qui multiplie par deux le nombre de bus et de chauffeurs – même si certains pourront faire deux tours au prix d’un retard des élèves. Les bus RGTR qui assurent le transport de certains établissements scolaires devront également prendre les mesures appropriées. «En tout cas, l’encadrement sera assuré», promet M. Eicher, qui salue l’engagement du ministère pour le financement des surcoûts engendrés.