Ce bâtiment scolaire est certifié DGNB Platine, la plus haute distinction jamais attribuée au niveau mondial pour ce type de bâtiments.  (Photo: XXA Architecture)

Ce bâtiment scolaire est certifié DGNB Platine, la plus haute distinction jamais attribuée au niveau mondial pour ce type de bâtiments.  (Photo: XXA Architecture)

Le bureau XXA Architecture a conçu le bâtiment pour l’école et la maison relais Miniwissbei à Howald, qui a été certifié le 15 mars dernier DGNB Platine, la plus haute certification jamais attribuée au monde pour ce type de bâtiments.

C’est à Howald, en fond de parcelle et à côté de bâtiments déjà existants que le bâtiment pour l’école fondamentale (cycle 1) et la maison relais a été construit. Il est relié à l’ancien bâtiment par un simple passage couvert. Hautement écologique, la nouvelle construction est conçue avec des matériaux innovants, ce qui en fait un bâtiment pilote et tout à fait à la pointe des questions écologiques.

Les architectes ont choisi de construire une ossature en bois qui repose sur des fondations en béton. «Nous avons eu la volonté de travailler avec du bois local, ce qui n’a pas été facile pour les soumissions européennes. Mais nous y sommes tout de même parvenus, nous avons pu travailler avec une scierie située au Luxembourg et fait la mise en œuvre avec Rollingertec. Cela nous a donné aussi l’occasion de visiter la scierie et de collaborer avec le garde forestier», a précisé l’architecte du bureau XXA Architecture.

Pour rappeler cette structure, les architectes ont développé une sculpture composée de troncs d’arbres sur la façade et des panneaux en bois sont également laissés visibles à l’intérieur.

Des matériaux innovants et naturels

En plus du bois, un autre matériau naturel a été utilisé: la façade est revêtue de plaques de liège. Cette matière, en provenance du Portugal, a l’avantage d’être un très bon isolant thermique. «C’est la première fois dans la région qu’un projet utilise le liège en façade à cette échelle. Nous avions connaissance d’un projet à Arlon sur une maison individuelle, mais l’envergure est beaucoup plus modeste. Cette matière naturelle change d’aspect avec le temps et sa couleur s’éclaircit assez rapidement. Pour des questions de résistance au feu, un vernis a dû être apposé sur la face extérieure. Comme il s’agit d’un bâtiment public, les contraintes sont très élevées» a souligné l’architecte.

Afin d’assurer une isolation maximale, les architectes ont aussi cherché un isolant naturel et performant. Patricia Streber a trouvé un isolant textile, composé de coton recyclé, principalement de vieux jeans. «Cette question des matériaux naturels en architecture m’a toujours intéressée. Depuis des années, je collectionne les inventions, les nouveautés sur le sujet et suis attentive à ce qui se passe dans ce secteur. Je connaissais cet isolant à base de jeans depuis environ cinq ans, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de le mettre en œuvre. Cette approche nous a aussi permis de sensibiliser les enfants à ces questions et de réaliser un travail pédagogique avec eux. Cette dimension m’importe aussi beaucoup.»

À l’intérieur, les matériaux écologiques sont également utilisés: des peintures écologiques de chez Robin, des dalles de carrelage autonettoyantes et antibactériennes, de la résine écologique pour le revêtement de sol…

Prendre en compte les éléments naturels

Le bâtiment a été pensé pour prendre le plus possible en considération les éléments naturels. De grandes fenêtres permettent une entrée généreuse de lumière naturelle. Le cœur du bâtiment est éclairé par une verrière zénithale qui s’ouvre pour évacuer l’air chaud pendant la nuit.

L’air est constamment renouvelé grâce à une VMC et humidifié par l’intermédiaire d’un mur d’eau. Ce dernier fonctionne en circuit fermé, avec une mini-station de traitement pour éviter la prolifération de microbes et n’est pas accessible à hauteur d’enfant. Le soleil alimente les panneaux photovoltaïques, mais est détourné en façade par des lamelles verticales orientables pour éviter la surchauffe et l’éblouissement.

Les aménagements extérieurs ont aussi été conçus par le bureau d’architecture dans une approche mettant en œuvre des éléments naturels. «Nous avons travaillé le plus possible avec des éléments en bois ou des matériaux de récupération, comme ces tuyaux de canalisation qui servent de tunnels pour les enfants ou les toboggans qui sont de seconde main.» On trouve également un chemin pour pieds nus et un espace d’atrium pour des rassemblements en petits groupes dont les assises sont des rondins de bois.

Une grande volonté de bien-être intérieur

À l’intérieur, une grande attention a été portée à la qualité acoustique. Le bois participe naturellement à la bonne ambiance sonore. À certains endroits, plus propices aux rassemblements et aux niveaux sonores plus élevés, des lamelles de feutre acoustique ont été ajoutées.

Pas de demi-mesure non plus pour la qualité de l’air. Les peintures utilisées sont exclusivement biologiques et les émissions de tous les produits mis en œuvre ont été analysées.

Afin d’assurer le bien-être de ces jeunes enfants (entre 3 et 6 ans), un concept couleur a été déployé. «À cet âge, les enfants ne perçoivent pas bien les couleurs pastel. Il vaut donc mieux utiliser des couleurs vives et qui contrastent. Nous avons aussi repris la couleur du sol des salles de classe sur l’encadrement extérieur des portes. Comme cela, quand on dit qu’on se retrouve dans la salle bleue, qui est la salle dont le sol est de couleur bleue, son entrée depuis le couloir est aussi signifiée en bleue. Cela facilite grandement l’orientation des plus jeunes.»

Le concept de mobilité et d’accessibilité a aussi été l’objet d’une attention poussée. Cela passe par plusieurs points, certains plus complexes que d’autres. «Nous avons par exemple dû discuter le fait que donner une place importante aux vélos ne faisait pas beaucoup de sens avec des enfants aussi jeunes. Nous avons donc argumenté pour que les espaces et accès aux trottinettes soient considérés au même niveau.»

Pour les personnes avec une déficience visuelle, un élément très simple à mettre en place est le choix d’interrupteurs de couleur noire. Ainsi, ils contrastent sur les murs qui sont généralement de couleur claire.

Un bâtiment à énergie positive

Grâce aux efforts apportés en façade, le bâtiment est très bien isolé et pour la production d’énergie, plusieurs solutions ont été associées. Les toitures sont équipées de panneaux photovoltaïques pour la production électrique. Le sol abrite un bac à glace de 9 m de diamètre qui sert pour la production de chaleur, tout comme la pompe à chaleur.

Le niveau d’isolation et de performance énergétique est tel qu’il s’agit aujourd’hui un bâtiment à énergie positive: sur l’ensemble de l’année, il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme.

Le fruit de plusieurs volontés

Ce n’est pas la première fois que le bureau réalise des projets à forte valeur ajoutée d’un point de vue écologique. En 2014, il avait déjà livré le bâtiment de la maison relais à Alzingen avec une impressionnante façade plantée.

«Pour ce projet à Howald, nous avons pu intervenir sur un terrain vierge. Il nous a donc été plus facile de pousser la conception un cran plus loin, aussi parce que la commune d’Hesperange qui est maître d’ouvrage a partagé cette volonté et nous a soutenus dans la démarche de faire certifier le bâtiment. Pour chaque élément, chaque partie de la conception, nous nous sommes toujours demandés: “Que pouvons-nous faire de plus? Comment pourrions-nous aller encore plus loin?”» a précisé Patricia Streber.

Le résultat est que ce projet pilote est officiellement certifié DGNB Platine, avec une note de 87,2%. Une première mondiale pour un bâtiment de cette catégorie.

Fiche technique

Maitre d’ouvrage: Administration communale de Hesperange Architecte: XXA Architecture Ingénieurs statiques: Simon-Christiansen & Associés Ingénieurs techniques: Syntec Ingénieur consultant: E3 Consult Aménagements extérieurs: Luxplan Budget: 8,9 millions d’euros (hors TVA et hors honoraires) Livraison: 2022 Localisation: Howald