«Peuple, pouvoir & profits» de Joseph Stiglitz est paru en septembre 2019 aux éditions Les liens qui libèrent (LLL). (Couverture: LLL)

«Peuple, pouvoir & profits» de Joseph Stiglitz est paru en septembre 2019 aux éditions Les liens qui libèrent (LLL). (Couverture: LLL)

Habitué à se dresser contre les inégalités créées à l’échelon planétaire par les pratiques de l’économie moderne et de la finance, Joseph Stiglitz place cette fois son pays dans le viseur et dresse la longue liste des erreurs qui ont conduit les États-Unis là où ils sont.

Dans l’ancien berceau de la démocratie moderne, 1% des plus riches détiennent 40% de la fortune. Une position qui, en vertu des lois américaines, leur permet d’aider à l’élection des présidents, qui les aideront à s’enrichir davantage.

À l’aube des années 1980, Ronald Reagan a prêché pour le «laisser-faire», dérégulant ce qui pouvait l’être et limitant l’action de l’État. Une politique qui ne pouvait pas marcher, selon le prix Nobel d’économie, et qui n’a fait que ralentir la croissance et creuser les inégalités.

Parce que l’idée selon laquelle l’enrichissement des uns grâce aux lois du seul marché n’a jamais provoqué le ruissellement attendu sur les autres. Une situation idéale pour un président populiste à la sauce Trump, qui s’appuie sur les ultra-riches à qui il accorde une réforme fiscale extrêmement avantageuse tout en adressant un discours orienté vers les oubliés de la mondialisation et la classe moyenne en déliquescence.

Il faut définitivement oublier Adam Smith et sa «main invisible» capable de tout régler, martèle l’économiste. Les temps ont changé et, dans nos économies post-industrielles, mondialisées et financiarisées, le besoin d’État se fait ressentir plus que jamais. Il est l’axe central de son programme pour un changement de modèle, qui dépasse le simple cadre de l’économie américaine.

Mais, pour Stiglitz, le plus grand échec de cette société américaine est de n’avoir pas su faire en sorte que l’innovation, terreau de la croissance, permette d’offrir un haut niveau de vie à tous les citoyens. La recherche qui a permis l’émergence des géants technologiques a toujours été financée par l’argent public. La richesse qui en découle ne pouvait pas être confisquée par quelques-uns, qui ont choisi l’exploitation plutôt que la redistribution.