Dans l’ancien berceau de la démocratie moderne, 1% des plus riches détiennent 40% de la fortune. Une position qui, en vertu des lois américaines, leur permet d’aider à l’élection des présidents, qui les aideront à s’enrichir davantage.
À l’aube des années 1980, Ronald Reagan a prêché pour le «laisser-faire», dérégulant ce qui pouvait l’être et limitant l’action de l’État. Une politique qui ne pouvait pas marcher, selon le prix Nobel d’économie, et qui n’a fait que ralentir la croissance et creuser les inégalités.
Parce que l’idée selon laquelle l’enrichissement des uns grâce aux lois du seul marché n’a jamais provoqué le ruissellement attendu sur les autres. Une situation idéale pour un président populiste à la sauce Trump, qui s’appuie sur les ultra-riches à qui il accorde une réforme fiscale extrêmement avantageuse tout en adressant un discours orienté vers les oubliés de la mondialisation et la classe moyenne en déliquescence.
Il faut définitivement oublier Adam Smith et sa «main invisible» capable de tout régler, martèle l’économiste. Les temps ont changé et, dans nos économies post-industrielles, mondialisées et financiarisées, le besoin d’État se fait ressentir plus que jamais. Il est l’axe central de son programme pour un changement de modèle, qui dépasse le simple cadre de l’économie américaine.
Mais, pour Stiglitz, le plus grand échec de cette société américaine est de n’avoir pas su faire en sorte que l’innovation, terreau de la croissance, permette d’offrir un haut niveau de vie à tous les citoyens. La recherche qui a permis l’émergence des géants technologiques a toujours été financée par l’argent public. La richesse qui en découle ne pouvait pas être confisquée par quelques-uns, qui ont choisi l’exploitation plutôt que la redistribution.