Patrick Hoffnung, directeur de l’ European Convention Center Luxembourg , dirige une équipe de six personnes. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Patrick Hoffnung, directeur de l’ European Convention Center Luxembourg , dirige une équipe de six personnes. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Malgré la crise sanitaire, le palais des congrès de Luxembourg a réussi à maintenir une activité, notamment grâce aux ministères et aux institutions. 

Sur la place de l’Europe, en face de la Philharmonie, l’European Convention Center Luxembourg (ECCL) est plutôt discret à l’entrée du plateau de Kirchberg. Pourtant, le lieu est devenu presque stratégique au plus fort de la pandémie puisque les conférences de presse du Premier ministre, transmises en ligne et à la télévision, se sont déroulées au sein des infrastructures du palais des congrès de la capitale.  

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le palais des congrès de Luxembourg n’a pas vu ses activités chuter drastiquement malgré un marché de l’événementiel complètement amorphe depuis plus de trop longs mois. Il faut dire que son positionnement a joué en sa faveur. «L’année dernière a tout de même été particulière», assure , directeur général de l’European Convention Center Luxembourgavant de continuer: «Depuis 2013, nous avons eu une croissance exponentielle de notre activité. Nous avons multiplié par trois notre chiffre d’affaires et le nombre d’événements. Nous étions donc sur une augmentation régulière. Une belle tendance que la crise sanitaire et économique est venue arrêter brutalement avec une fermeture de nos bâtiments pendant le confinement.» 

Un calendrier remanié

Le secteur de l’événementiel et des congrès, complètement paralysé par la nature de la crise, s’est dirigé vers la pire période de son histoire récente. Pour autant, l’ECCL a eu la chance de compter sur les institutions politiques présentes au Luxembourg pour maintenir une activité. «Un peu partout en Europe, l’activité du congrès et des conférences a été remise en cause. Ici au Luxembourg, l’ECCL est très bien positionné au niveau institutionnel, et les ministères luxembourgeois ainsi que le Conseil de l’Union européenne ont continué à organiser des réunions dans nos infrastructures», explique Patrick Hoffnung.  

«Avec la distanciation sociale et les mesures sanitaires, les ministères ne pouvaient pas faire de réunions dans leurs locaux. Il était donc plus facile de les accueillir. Pour rappel, les conférences de presse du mois de mai et certaines conférences de presse du Premier ministre se sont déroulées dans nos installations. Concernant les institutions européennes, elles ont fait du virtuel d’avril à juin. Puis, en octobre, elles ont décidé de revenir en présentiel chez nous», souligne encore Patrick Hoffnung.  

D’un autre côté, l’ECCL a également dû remanier un calendrier chamboulé. «Plusieurs événements ont été annulés et reportés en 2021, 2022 et 2023. Mais d’autres événements ont été transformés en événements hybrides ou virtuels. Donc, nous avons tout de même eu des événements, mais avec une participation moindre au niveau du public du fait du virtuel», explique le directeur de l’ECCL.  

Dans le détail, le palais des congrès de Luxembourg a vu le nombre d’événements organisés dans ses infrastructures diminuer de seulement 22% par rapport à l’année 2019. «Ce qui est très peu par rapport à la chute du chiffre d’affaires que l’on a subi», assure Patrick Hoffnung. «Si vous louez un espace pour 800 ou 3.000 personnes, ce n’est pas la même chose que de louer un espace pour 10 personnes qui sont en ligne et qui font un événement virtuel suivi peut-être par 10.000 personnes,» lance Patrick Hoffnung.  

Accueillir les entreprises locales

Avant la crise sanitaire, le palais des congrès accueillait environ 130 événements annuels auxquels sajoutent, pendant trois mois, les conseils des ministres de l’Union européenne qui mobilisent le bâtiment principal en avril, en juin et en octobre. Le contexte actuel a obligé l’équipe de l’ECCL à revoir totalement sa stratégie afin de s’adapter aux nouvelles demandes. «Aujourd’hui, les événements sont de plus petite dimension et la plus grosse demande se porte sur des événements hybrides. Dès le début du confinement, nous nous sommes remis en question. Nous avons fait un plan de reprise. On s’est adapté et on s’est réinventé. Nous sommes devenus plus flexibles. Désormais, il faut davantage accompagner les organisateurs d’un événement alors qu’auparavant, ils louaient des espaces et ils organisaient sans avoir spécialement besoin de nous. Nous avons donc complètement repensé notre offre, notre marketing, nos bâtiments, nos espaces», lance Patrick Hoffnung. 

Avec la difficulté de voyager, la clientèle de l’ECCL s’est déportée vers les entreprises locales. Là encore, l’équipe de l’ECCL a donc réorienté sa stratégie vers les entreprises et les associations locales ayant des besoins d’espace pour tenir des réunions en présentielles, virtuelles ou hybrides. «Auparavant, les entreprises locales ne pensaient peut-être pas à nous pour faire des réunions marketing, des assemblées ou autre, car nous avions des espaces sans doute trop grands pour eux. Maintenant, c’est différent, nous avons repensé nos espaces tout en respectant les normes sanitaires en vigueur, ouvrant donc l’ECCL aux besoins de ces entreprises», conclut Patrick Hoffnung.