Selon Lex Delles, la formule gagnante consiste à combiner une présence digitale adaptée des commerçants avec un centre-ville dynamique. (Photo: Patricia Pitsch/ Maison Moderne)

Selon Lex Delles, la formule gagnante consiste à combiner une présence digitale adaptée des commerçants avec un centre-ville dynamique. (Photo: Patricia Pitsch/ Maison Moderne)

Le commerce est-il en voie d’«amazonisation»? Lex Delles, ministre des Classes moyennes (DP), livre sa réponse sous forme de carte blanche, en évoquant les projets du gouvernement pour transformer ce qui peut apparaître comme une opportunité en une fatalité.

Le commerce électronique se trouve en plein essor: il a atteint en 2018 un chiffre d’affaires de 65,1 milliards d’euros en Allemagne et de 92,6 milliards d’euros en France. Cette évolution se fait également remarquer au Luxembourg, où les deux tiers des résidents achètent en ligne. Le commerce n’est donc pas le même qu’il y a 20 ans, c’est indéniable. Cette évolution offre néanmoins de multiples opportunités, notamment pour les petits commerçants urbains.

Letzshop, pour gagner en visibilité

En effet, la vente en ligne leur permet de gagner en visibilité et de conquérir de nouveaux clients. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place, avec 16 communes et la Chambre de commerce, la plate-forme , qui permet aux petites entreprises locales d’être présentes sur internet avec leur vitrine digitale et de vendre leurs produits directement en ligne.

Ce projet ne vise cependant pas uniquement la vente en ligne, mais également le commerce analogue. L’effet ROPO (Research Online, Pur­chase Offline) en est la preuve. Il décrit le processus selon lequel le consommateur s’informe sur un produit tout d’abord en ligne, pour ensuite l’acheter dans un point de vente physique.

Le consommateur a tendance à se renseigner sur les différentes boutiques et les différents produits en ligne, mais il continue à se rendre en magasin pour acheter le produit choisi, ce qui renforce finalement la présence physique des commerçants urbains.
Lex Delles

Lex Dellesminitre des Classes moyennes

En effet, le consommateur a tendance à se renseigner sur les différentes boutiques et les différents produits en ligne, mais il continue à se rendre en magasin pour acheter le produit choisi, ce qui renforce finalement la présence physique des commerçants urbains. La plate-forme Letzshop fournit ainsi une forte présence virtuelle, qui a un effet bénéfique pour le commerce analogue.

Nous soutenons par ailleurs la , et donc aussi des commerçants urbains, à travers des programmes spécifiques comme Fit 4 Digital. Il s’agit d’une aide pour les PME qui souhaitent tirer profit de la digitalisation et ainsi gagner en compétitivité. Ce programme prévoit notamment une analyse détaillée de l’en­treprise concernée et propose des démarches de digitalisa­­tion concrètes et individuelles en implémentant des outils informatiques.

Le besoin d’un cadre urbain animé

La réussite du commerce urbain ne dépend néanmoins pas uniquement d’une présence virtuelle adaptée, mais également d’un cadre analogue accueillant. Les commerçants ont besoin d’une ville vivante et animée qui présente des offres variées et attrayantes. La création d’une telle atmosphère nécessite une planification stratégique. C’est dans ce contexte que nous avons mis en place, en coopération avec la Confédération luxembourgeoise du commerce et la Chambre de commerce, un cadastre de commerce digital, qui sera à disposition des communes.

Le but n’est en aucun cas de réprimer l’e-commerce, mais de l’intégrer dans la stratégie de redynamisation du commerce urbain.
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Lex Dellesminitre des Classes moyennes

Dans ce cadre, un projet pilote, qui compte cinq communes participantes, a été lancé. Celui-ci permet une meilleure gestion des surfaces de vente vacantes afin de créer de bonnes conditions-cadres pour les commerçants et d’améliorer ainsi l’attractivité des centres-villes. Enfin, n’oublions pas que les centres-villes sont avant tout un lieu social qu’internet ne peut remplacer. Flâner, se balader, parcourir différents magasins, se retrouver entre amis ou en famille constituent un atout que seuls les commerçants analogues peuvent offrir.

La formule gagnante consiste ainsi à combiner une présence digitale adaptée des commerçants urbains avec un centre-ville vivant et animé. Le but n’est donc en aucun cas de réprimer l’e-commerce, mais de l’intégrer dans la stratégie de redynamisation du commerce urbain.

La prétendue «amazonisation» du commerce n’est finalement pas une fatalité en soi, mais tout au plus la conséquence d’une politique passive. Or, en soutenant les commerçants urbains et en leur proposant des stratégies concrètes, l’e-commerce se transforme d’un potentiel ennemi en un allié très utile.