L’investissement durable a le vent en poupe, décodage avec Vincent Villebesseix,  directeur de BGL BNP Paribas Banque Privée, et Vitaline Copay, sustainable investing strategist au sein de Quintet Private Bank. (Photo: Shutterstock)

L’investissement durable a le vent en poupe, décodage avec Vincent Villebesseix,  directeur de BGL BNP Paribas Banque Privée, et Vitaline Copay, sustainable investing strategist au sein de Quintet Private Bank. (Photo: Shutterstock)

Les possibilités d’investissement intégrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance sont de plus en plus nombreuses dans le monde de la banque privée, tout comme les investisseurs soucieux d’avoir un impact sur le monde qui les entoure.

L’investissement durable s’invite à l’agenda de tous les banquiers privés. «De manière générale, on a vu au cours de ces dernières années un intérêt grandissant pour les stratégies d’investissement durable, constate Vitaline Copay, sustainable investing strategist au sein de Quintet Private Bank. Cela se reflète dans le secteur de la banque privée, qui a vu se multiplier les solutions pour répondre aux demandes des clients. Ce qui est intéressant, c’est que ces questions permettent aujourd’hui de réunir la famille autour d’un objectif commun. Le banquier privé se trouve au cœur d’une discussion qui va au-delà des rendements. Elle touche au monde réel, aux attentes profondes des membres de la famille. La relation gagne en profondeur et les liens se renforcent.» Aujourd’hui, il est devenu impossible pour une banque privée de faire l’impasse sur les investissements ESG. «Le sujet est stratégique, explique Vincent Villebesseix, directeur de BGL BNP Paribas Banque Privée. Nous devons répondre à une exigence forte de nos clients sur ce sujet. Ils attendent de nous un très haut niveau de professionnalisme, de pédagogie et, in fine, des propositions d’investissement appropriées. En tant que banque privée, il est de notre devoir de nourrir cet échange avec le client, de ­l’accompagner et de l’informer de la meilleure manière possible.»

Un mouvement global de la société

Le client de la banque privée intègre de plus en plus les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans ses choix d’investissement. Il veut donner du sens à son action, et la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer cette tendance. «Depuis plus d’une décennie, on observe une croissance à plus de deux chiffres sur les actifs considérés comme ESG, reprend Vincent Villebesseix. Je constate que les clients parlent spontanément de ces sujets. Ils sont en demande d’informations et le produit ne vient qu’en bout de course. Il est le résultat d’une discussion nourrie, de choix, de convictions. Les acteurs financiers contribuent à cette croissance, mais, plus globalement, c’est l’ensemble de la société qui opère un mouvement positif. Cela est extrêmement puissant.» Autre constat, cette prise de conscience n’est pas seulement l’apanage des jeunes générations. «On voit évidemment que les millennials s’intéressent naturellement à ces sujets. Pour autant, on ne peut pas dire que les plus âgés ne se sentent pas concernés. Ils sont de plus en plus sensibilisés et impliqués», témoigne Vitaline Copay.

Si les clients donnent le ton, l’Europe se positionne en parallèle comme la zone mondiale à la pointe sur ce sujet de l’investissement durable. «Cette dynamique se traduit concrètement par la construction d’un environnement législatif et réglementaire solide», constate Vincent Villebesseix. Le déploiement ­progressif de la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) et l’introduction de la taxonomie montrent que l’Europe souhaite établir les meilleurs standards mondiaux. «Plus récemment encore, le lancement du plan de relance européen, qui est très orienté vers les actifs durables, vient renforcer l’intérêt pour ces questions de durabilité. L’Union européenne joue donc un rôle moteur et l’on observe plutôt un effet d’entraînement sur d’autres continents», ajoute le directeur de BGL BNP Paribas Banque Privée.

Pour l’heure, le challenge principal des banques privées est d’apprendre à maîtriser des sujets complexes pour les rendre totalement transparents aux yeux des investisseurs. «Beaucoup d’informations circulent et nous nous devons d’être le plus didactiques possible dans notre approche», explique Vitaline Copay. «Le premier défi est de former nos collaborateurs pour qu’ils maîtrisent leur matière, ajoute Vincent Villebesseix. C’est l’étape fondamentale qui permet ensuite de gagner en confort et en pédagogie auprès des clients. Ceux-ci ont besoin d’explications. L’investissement durable est une matière qui évolue énormément. Cette situation vient renforcer la valeur ajoutée d’une banque privée dans sa dimension de conseil, qui reste notre vocation première.»

L’incontournable question du rendement

Parmi les sujets très fréquemment discutés avec les clients, on trouve évidemment la question du rendement des investissements ESG. «La performance et l’aspect durable d’un investissement sont deux notions qui ne s’opposent plus aujourd’hui, confie Vincent ­Villebesseix. À ce titre, il est sans doute plus judicieux d’investir dans une entreprise qui respecte les critères ESG et qui aura une certaine valeur dans le futur. À l’inverse, une entreprise qui n’est pas mobilisée sur ces sujets risque de perdre de la valeur à l’avenir. Les chocs de marché qu’on a connus au printemps 2020 ont bien montré la meilleure tenue et la résistance des entreprises les plus engagées. Aujourd’hui, nos produits d’investissement font la part belle aux thématiques ESG. Nous croyons vraiment que ce seront les thèmes porteurs pour les investisseurs en 2022. Nous croyons à la pertinence de ces choix, qui lient totalement ESG et volonté de rendement.»

Aujourd’hui, les critères ESG sont donc totalement intégrés dans les réflexions d’investissement des clients, sans que cela se fasse au détriment d’un rendement. «Notre objectif est de montrer qu’il est possible d’avoir du rendement et de le combiner avec un effet positif sur la planète et la société, constate Vitaline Copay. L’innovation est importante dans ce domaine. Notre offre par défaut se veut durable et nous avons lancé fin janvier le premier fonds d’investissement multiactif climatiquement neutre au monde, avec un impact direct pour le client.»

L’investisseur a de plus en plus la volonté d’avoir une vision précise de ce qui est fait avec ses capitaux, une attente légitime à laquelle les banques doivent apporter des réponses concrètes. «Cela passe par des reportings de plus en plus détaillés qui, de manière pédagogique, illustrent l’impact des investissements. Pour aller plus loin, et BGL BNP Paribas Banque Privée a cette volonté, nous promouvons des investissements ESG qui sont directement couplés à un impact, si possible local. Pour donner un exemple, début 2020, des clients ont ­investi dans un fonds ESG qui était couplé à une plantation d’arbres au Luxembourg, dans le nord du pays, avec un résultat visible pour les clients», décrit Vincent Villebesseix.

L’actionnariat actif est une autre manière pour les banques de veiller à l’impact positif des investissements réalisés par leurs clients. «L’actionnariat actif consiste à observer les entreprises dans lesquelles nous investissons, identifier les enjeux d’ordre environnemental, social ou de gouvernance (ESG) ou leurs carences stratégiques, dialoguer avec leurs équipes de direction et voter lors des assemblées générales annuelles afin de les inciter à améliorer leurs pratiques et leurs performances, ajoute ­Vitaline Copay. En 2020, Quintet a voté sur plus de 10.000 propositions lors de plus de 710 assemblées générales à travers le monde.» Le mouvement en faveur des investissements durables et responsables est en marche et le Luxembourg est bien décidé à l’accompagner.

Cet article a été rédigé pour  paru le 30 mars 2022 avec  Le contenu du supplément est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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