Francelle Cane et Marija Marić sont les deux curatrices du pavillon luxembourgeois à la 18e Biennale d’architecture de Venise. (Photo: Antoine Espinasseau)

Francelle Cane et Marija Marić sont les deux curatrices du pavillon luxembourgeois à la 18e Biennale d’architecture de Venise. (Photo: Antoine Espinasseau)

Les commissaires d’exposition Francelle Cane et Marija Marić ont présenté leur projet d’exposition pour le pavillon luxembourgeois à la 18e Biennale d’architecture de Venise. Intitulé «Down to Earth», le projet se concentre sur l’exploitation des ressources extraterrestres, et les répercussions que cela pourrait avoir sur la Terre.

Suite à un appel à projets, l’exposition du pavillon luxembourgeois à la 18e Biennale d’architecture de Venise a été confiée aux chercheuses Francelle Cane et Marija Marić qui ont développé «Down to Earth».

«C’est une année particulière à deux niveaux pour la Biennale de Venise», a introduit la ministre de la Culture, (déi Gréng). «Tout d’abord, car c’est la première fois qu’une femme issue du continent africain, Lesley Lokko, va être commissaire générale de la Biennale. D’autre part, ce sera la première fois que Kultur I lx, désormais devenu établissement public, va prendre en charge l’organisation du pavillon luxembourgeois.»

Les deux commissaires, Francelle Cane et Marija Marić, sont toutes deux reliées à l’Université du Luxembourg, la première étant doctorante, la seconde post-doctorante. Leur projet a été retenu à l’unanimité parmi un ensemble de 13 candidatures qu’un jury international a eu l’occasion d’étudier. Elles ont choisi d’explorer le thème de l’extraction minière extraterrestre à travers la question des ressources. Elles dressent ainsi un lien de continuité pour le Luxembourg entre l’extraction du fer dans les Terres Rouges et le space mining dans les sables gris de la Lune pour lequel Luxembourg est considéré comme «l’étoile montante».

Les deux chercheuses appellent à «une réflexion urgente sur l’impact que pourrait avoir un tel changement sur notre manière d’appréhender les notions de territoire, de ressources et de biens communs».

Une exposition comme un laboratoire lunaire

Pour transmettre leur travail et leur réflexion, les deux jeunes femmes ont choisi de recomposer dans la Sala d’Armi de l’Arsenale un «lunar laboratory» (laboratoire lunaire), maquette à l’échelle réelle d’un paysage lunaire .

Il s’agit en fait de l’infrastructure généralement utilisée par les institutions et les entreprises privées pour tester les technologies d’extraction minière. Mais ces laboratoires sont aussi devenus le théâtre dans lequel se déroule la fabrication d’images médiatiques montrant la présence des technologies humaines sur la Lune.

Le «lunar lab» du SnT de l’Université du Luxembourg est un espace d’entraînement pour les robots liés au space mining. (Photo: Armin Linke)

Le «lunar lab» du SnT de l’Université du Luxembourg est un espace d’entraînement pour les robots liés au space mining. (Photo: Armin Linke)

Ce «lunar laboratory» vénitien devient le support idéal pour questionner les récits autour de l’exploitation des corps célestes et proposer un tout autre regard sur la Lune, devenue les coulisses «invisibles» d’une planète Terre dont les ressources sont épuisées.

Les visiteurs pourront se déplacer dans ce laboratoire via une plateforme qui permet d’accéder aux autres éléments du pavillon, à savoir un film et un catalogue.

Pour le film, les chercheuses ont choisi de collaborer avec le photographe et vidéaste Armin Linke. Ils ont regroupé des images d’archives, des extraits d’entretiens avec différents chercheurs, avocats et autres représentants du space mining au Luxembourg et en Europe.

Enfin, une publication va paraître le jour du vernissage. «Staging the Moon» rassemble les textes des curatrices et des photos d’Armin Linke et Ronni Campana. Les chapitres s’articulent autour de la question de l’exploitation minière et de sa médiatisation, le cadre légal de son développement ou encore la notion de biens communs. Le graphisme du livre est réalisé par le studio OK-RM et l’éditeur est Spector Books.

Une partie live

À cela s’ajoute une partie workshop. Intitulé «How to: mind the Moon». Il est élaboré par Lev Bratishenko et les deux commissaires, avec l’appui de la Biennale d’architecture et du Centre canadien d’architecture, ainsi qu’un groupe de chercheurs internationaux. Il se concentre sur l’histoire des matériaux, notamment à travers l’exploitation des minerais sur la Terre, chaque participant étant invité à s’approprier un matériau spécifique et à établir sa nouvelle «carte d’identité» à travers une lecture critique de cette matière.

Pour créer un lien entre le projet à Venise et Luxembourg, le Luca a été chargé de dresser le programme-cadre. Ce dernier commencera dès le 22 mars avec une conférence donnée par Léa-Catherine Szacka sur l’histoire de la Biennale de Venise et de ses enjeux. Un déjeuner avec certains des anciens curateurs du pavillon luxembourgeois est organisé le 19 avril. Enfin, le 21 septembre sera le moment d’une conférence publique donnée par Francelle Cane et Marija Marić.

 Vernissage de «Down to Earth» le 18 mai à 16h, , @venicebiennaleluxembourg 

18e Biennale d’architecture de Venise, du 20 mai au 26 novembre 2023