13.253 postes vacants en mai 2022, presque autant que le nombre de demandeurs d’emploi (13.946), et un chiffre en hausse de 49,5% en un an. Face à la pénurie de talents au Luxembourg, quelle stratégie les entreprises adoptent-elles? Le point, ce vendredi 15 juillet, avec Dorothée Schneider, directrice des ressources humaines à la Croix-Rouge Luxembourg, et Guillaume Lecomte, responsable du recrutement.
, dont une cinquantaine de renforts. Où va-t-on chercher autant de monde?
Guillaume Lecomte. – «C’est un processus classique, il y a des publications d’annonces sur différents canaux et nous sommes présents dans les écoles, des foires.
Dorothée Schneider. – «Nous ne faisons pas de chasse. Si nous allons chercher un expert chez d’autres prestataires avec qui nous collaborons, nous allons entrer dans la concurrence et non la complémentarité. De même, nous n’allons pas recruter activement dans une école d’infirmiers en France, en Belgique ou en Allemagne, parce que nous serions en conflit éthique avec les Croix-Rouge de ces pays. Nous cherchons donc sur le terrain luxembourgeois, dans le dialogue. Nous allons dans les écoles du pays pour rechercher le lien. Nous avons aussi mis en place le ‘speed recruiting’ (recrutement rapide), principalement dans le cadre des embauches liées au conflit ukrainien. Le but était de recruter de manière rapide en invitant les candidats dans des créneaux de 15-20 minutes.
Beaucoup viennent parce qu’ils sont à la recherche de sens.
Que mettez-vous en avant pour convaincre les candidats?
G. L. – «Pour le salaire, la convention collective est connue de tous. Nous essayons d’expliquer aux gens les forces de la Croix-Rouge, comme la promotion interne grâce à une palette très large de métiers et secteurs. Notre but est de faire évoluer les gens au sein des différents services. Nous accordons de l’importance à la formation continue. Nous essayons d’offrir de la flexibilité dans le temps de travail.
D. S. – «Nous sommes très ouverts au temps partiel, dont le taux a augmenté de 3-4% par an ces dernières années. Ce qui nous importe est de mettre en avant nos valeurs. Beaucoup viennent parce qu’ils sont à la recherche de sens. Nous voulons assurer une bonne expérience candidat en accélérant les processus de recrutement et en assurant une bonne intégration.
Quels sont les profils les plus recherchés?
G. L. – «Nous sommes présents dans différentes activités, aussi bien dans le secteur des soins et de la santé que dans la santé sociale, la jeunesse, l’aide à la famille, l’aide humanitaire, en plus de fonctions support comme le nettoyage et la restauration. Les profils les plus représentés sont les aides-soignants (500), les éducateurs (450) et les infirmiers (420). Les profils les plus représentés sont les plus recrutés.
Où en est-on des 600 recrutements pour 2022?
D. S. – «Plus ou moins à la moitié.
Est-ce une mission difficile de recruter 600 personnes?
D. S. – «Cela dépend, est-ce qu’on veut recruter à tout prix pour boucher les trous? Ou veut-on avoir les gens avec la bonne posture, qui représentent nos valeurs? Comme dans toute entreprise, c’est beaucoup plus compliqué.
Si on ajoute la langue comme critère, cela nous limite.
Pour quels métiers rencontre-t-on le plus de difficultés?
G. L. – «Les profils d’experts.
D. S. – «C’est difficile de dire que nous avons besoin d’un psychologue spécialisé dans le traumatisme parlant anglais, allemand et luxembourgeois. Nous allons chercher un ou deux profils de ce genre, ce n’est pas beaucoup, mais par rapport à la qualité demandée, c’est énorme, parce qu’en l’absence de cette profession, on ne peut pas fournir d’aide à nos bénéficiaires. 40% de nos salariés ne viennent pas du Luxembourg et ne parlent pas luxembourgeois, tandis que nos bénéficiaires demandent la langue luxembourgeoise. C’est un défi qui n’est pas unique à la Croix-Rouge. Si on ajoute la langue comme critère, cela nous limite.
Pour quels postes le luxembourgeois est-il obligatoire?
D. S. – «Dans le domaine de l’enfance, l’aide à la famille, le luxembourgeois sera forcément très important dans nos critères de sélection. Pour d’autres services comme les soins à domicile, cela va dépendre de la géographie. Pour nos antennes de soins dans le sud, des profils plus francophones feront l’affaire, dans le nord et l’est, des profils allemands sont envisagés… Cela dépend des bénéficiaires.
Recherche-t-on plutôt des juniors, des personnes expérimentées?
D. S. – «Notre objectif est d’avoir une complémentarité.
Certains métiers demandent des qualifications, on n’y renonce pas.
Que faut-il pour travailler à la Croix-Rouge?
D. S. – «Une posture intègre, une curiosité, un esprit ouvert.
G. L. – «Et une volonté de venir en aide aux personnes vulnérables, la mission principale de la Croix-Rouge. Certains métiers demandent des qualifications, on n’y renonce pas, comme aide-soignant, éducateur et infirmier. Pour d’autres, le diplôme n’est pas obligatoire.
Par exemple?
G. L. – «Dans les fonctions transversales, la gestion de projet. Par exemple, nous avons, au sein du service des ressources humaines, des personnes qui ont des diplômes d’éducateur.»
Retrouvez la suite de notre série vendredi 22 juillet.