La rotation des députés permet de garder le sens des réalités, selon Myriam Cecchetti. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

La rotation des députés permet de garder le sens des réalités, selon Myriam Cecchetti. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Avec Nathalie Oberweiss, Myriam Cecchetti intègre la Chambre à mi-mandat en remplacement de David Wagner et Marc Baum, comme le veut le principe de rotation des députés déi Lénk.

Vous devenez députée à mi-mandat, selon le principe de rotation particulier à déi Lénk. Pourquoi une telle règle?

. – «Pour donner une chance à d’autres visages. Au CSV ou au LSAP, certaines personnes sont là depuis plus de 30 ans.

Ce qui pose un problème?

«Après plus de 30 ans en tant que député, vous perdez le contact avec les gens, et le sens des réalités.

Mais la durée d’un seul mandat n’empêche-t-elle pas d’acquérir suffisamment d’expérience?

«Bien sûr, cela prend du temps pour l’adaptation. Mais je vais faire de mon mieux. Et il est plus important de changer.

Vous n’avez que deux années pour vous faire connaître avant les législatives…

«Il faudra se donner du temps pour communiquer avec les électeurs. Car travailler sur les dossiers parlementaires, si les gens ne sont pas au courant de ce que nous faisons, cela ne va pas nous aider pour les élections…

Les deux anciens députés, et , vous conseillent-ils?

«Ils ne partent pas, ils sont là pour nous — sans s’imposer.

Vous êtes seulement deux députés pour suivre les travaux à la Chambre. Comment vous organisez-vous?

«C’est impossible de tout suivre. Il faut faire des choix, se partager les commissions, les dossiers, et voir ce que nous pouvons faire avec le temps dont nous disposons. Il s’agit de gérer nos forces, mais aussi celles de nos collaborateurs.

Vous arrivez, forte de plusieurs années d’expérience au sein du conseil communal de Sanem. Un avantage pour vous?

«Je ne sais pas encore ce qui m’attend. La Chambre a une organisation plus formelle qu’un conseil communal avec, par exemple, des temps de parole chronométrés…

Vous appréhendez ce nouveau mandat?

«C’est beaucoup de stress. Mais nous n’allons pas avoir le temps de réfléchir: nous devons déjà prendre la parole sur certains dossiers. Il n’y aura pas de repos.

Les moyens dont vous bénéficiez sont plus importants qu’au niveau local…

«C’est tout à fait autre chose en termes de moyens: nous avons quatre collaborateurs à temps plein. C’est génial, c’est un grand changement pour moi! Et ces gens ont de l’expérience, cela aide beaucoup.

Vous avez été échevine de Sanem avec déi Gréng. Ne regrettez-vous pas d’être désormais dans l’opposition?

«Dans la majorité, le pouvoir d’initier des projets et de les suivre est plus important. Mais au sein d’une coalition, on n’est pas tout le temps d’accord et on doit faire bonne mine. Dans l’opposition, on peut dire ce qu’on veut… Et si nos propositions ne sont pas souvent retenues, elles reviennent parfois plus tard en tant qu’idée de la majorité – et tant mieux.

Pourquoi avoir quitté déi Gréng?

«Ils font de bonnes choses pour l’écologie, mais ce n’est plus assez conséquent. Je ne peux pas faire quelque chose dont je ne suis pas convaincue. Je dois pouvoir me regarder dans la glace le matin. Or, je suis convaincue qu’on ne peut pas continuer comme cela. Et déi Gréng est dans la majorité et continue…

Que faut-il arrêter?

«On parle toujours de croissance, mais il n’y a presque plus de nature pour construire… Le Covid est un autre signe qu’il faut cesser de vandaliser la nature et se donner d’autres possibilités.

Et pourquoi avoir choisi déi Lénk?

«Car cela ne faisait pas une grande différence: c’était déjà ce que je faisais avant. Ce sont des idées qui me conviennent.

Vous êtes les premières femmes députées chez déi Lénk. Un grand pas en avant?

«C’est une nouveauté. Mais il n’y a toujours pas assez de femmes: nous représentons 51% de la population, mais nous sommes loin de la parité, que ce soit à la Chambre ou dans les conseils communaux…»

Cet article a été rédigé pour  parue le 27 mai 2021.

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