Guy Ertz est Chief Investment Advisor chez BNP Paribas Wealth Management. (Photo: Maison Moderne)

Guy Ertz est Chief Investment Advisor chez BNP Paribas Wealth Management. (Photo: Maison Moderne)

Les résultats des élections américaines ont modifié le contexte économique. Avec une double majorité au Congrès, Donald Trump aura la possibilité d’entreprendre des changements importants en termes de politique économique, bien au-delà de l’instauration de tarifs à l’importation. Les effets sur la croissance américaine devraient être positifs au cours des prochains trimestres, mais mitigés à négatifs en 2026.

D’après nos hypothèses, les mesures de relance, les restrictions en termes d’immigration et les droits de douane devraient faire grimper l’inflation, l’économie restant proche du plein emploi. Les hausses tarifaires devraient toutefois rester inférieures aux attentes, car les menaces tarifaires pourraient principalement être utilisées comme outil de négociation. La croissance européenne est à risque, mais nous n’attendons pas de changements majeurs quant aux prévisions de croissance au-delà de 2025. Nous ne prévoyons que peu d’impact sur les prévisions d’inflation européenne, qui pourraient même surprendre à la baisse.

Taux de change et différentiel des taux de rendement

Une conséquence clé des élections américaines est que la Fed pourrait interrompre le cycle de baisse des taux plus tôt que prévu, l’inflation pouvant augmenter fin 2025. À court terme, la Fed ne devrait pas modifier son plan, car elle prend ses décisions en fonction des données économiques et ne spécule pas sur l’impact des actions du nouveau président. Ainsi, le plan de baisse des taux directeurs en décembre et à un rythme trimestriel sur la majeure partie de l’année 2025 reste selon nous valable. Nous pensons toutefois que la Fed arrêtera son cycle de baisse des taux en septembre 2025 avec un taux directeur de 3,75%, soit deux baisses de 25 pb en moins par rapport à notre scénario précédent. Dans la zone euro, la désinflation est bien engagée et la croissance économique ralentit. La probabilité d’avoir plus de baisses de taux directeurs est donc plus élevée. Nous tablons désormais sur un taux de fin de cycle de 2 % (taux dépositaire) qui devrait être atteint en septembre 2025, contre 2,25% dans notre scénario précédent.

 Concernant le taux d’intérêt de plus long terme, nous avons revu à la hausse nos objectifs aux États-Unis compte tenu du risque d’inflation détaillé ci-dessus ainsi que du risque d’augmentation des dépenses budgétaires qui entraînerait une hausse des émissions de bons du Trésor. Le rendement à 10 ans américain (obligation souveraine) devrait s’établir autour de 4,25% dans 12 mois. Nous n’avons pas modifié notre objectif à 12 mois concernant les taux d’intérêt de long terme en zone euro. Le rendement de l’obligation souveraine allemande devrait se stabiliser autour de 2,25% sur ce même horizon.

 De plus, le nouvel environnement politique outre-Atlantique améliore les perspectives des marchés actions américains malgré des niveaux de valorisations déjà élevés. Trois facteurs clés ont selon nous le potentiel d’augmenter la rentabilité des entreprises américaines les prochains mois:

1. La prolongation du régime fiscal très favorable pour les entreprises voire même des baisses additionnelles des taux de taxation

2. La dérégulation

3. Le potentiel de baisse pour les prix du pétrole et du gaz.

 L’augmentation du différentiel des taux de rendement attendus en faveur des États-Unis offre un support important au dollar pour les prochains mois. Nous voyons désormais un potentiel de hausse pour la devise américaine au cours de l’année à venir. Nous ne pensons toutefois pas qu’on reverra la parité en 2025, mais on pourrait revenir sur le niveau de 1,02 (valeur d’un euro).