Doctolib a commencé à proposer de la télémédecine, mais le véritable enjeu reste, comme pour la luxembourgeoise Doctena, de convaincre des médecins de rejoindre la prise de rendez-vous en ligne. (Photo: Shutterstock)

Doctolib a commencé à proposer de la télémédecine, mais le véritable enjeu reste, comme pour la luxembourgeoise Doctena, de convaincre des médecins de rejoindre la prise de rendez-vous en ligne. (Photo: Shutterstock)

Le leader français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne, Doctolib, a annoncé mercredi une levée de fonds de 150 millions d’euros. Pas de quoi perturber son concurrent luxembourgeois, Doctena.

«Quand la mer monte, tous les bateaux montent». En ce jeudi matin, le CEO de , la start-up luxembourgeoise de prise de rendez-vous médicaux en ligne, est d’une sagesse orientale. déroge à la règle qu’il s’est fixée depuis toujours: celle de ne pas commenter l’actualité de ses concurrents.

«Je les félicite! Mais Doctolib a toujours réussi à lever des fonds. Au début, c’était en profitant de la concurrence avec MonDocteur dans laquelle Lagardère Active avait investi. À chaque fois que Lagardère injectait de l’argent, les fondateurs et actionnaires de Doctolib en faisaient autant», explique l’entrepreneur luxembourgeois, joint par téléphone. Mi-juillet 2018, Lagardère liquide son pole e-santé et vend MonDocteur à Doctolib et Doctissimo à TF1 pour un total de 60 millions d’euros.

D’ici cinq à dix ans, tout le monde prendra ses rendez-vous médicaux en ligne.

Patrick KerstenCEODoctena

Le nouveau tour de table, qui valorise la start-up française à un milliard d’euros et lui donne le statut de «licorne», est réalisé auprès du fonds d’investissement General Atlantic, des investisseurs historiques de Doctolib (dont BPIfrance, Eurazeo, Kernel et Accel) et de médecins et entrepreneurs allemands. «Que ce soit Deezer ou BlaBlaCar, être une licorne française n’est pas toujours synonyme de succès en Europe», chambre gentiment M. Kersten.

Convaincre des médecins, nerf de la guerre

L’argent frais doit permettre à Doctolib de «poursuivre ses investissements en France et en Allemagne, accélérer le déploiement de son service de téléconsultation, améliorer encore ses produits et s’implanter dans de nouveaux pays», , qui évoque «75.000 professionnels et 1.400 établissements de santé, soit plus de 30 millions de visites de patients par mois et 750 salariés répartis dans 40 villes en France et en Allemagne».

«D’ici cinq à dix ans», assure le CEO luxembourgeois, «tout le monde prendra ses rendez-vous médicaux en ligne», depuis son téléphone ou son ordinateur. «En attendant, il faut aller convaincre des médecins!» C’est LE nerf de la guerre, ce qui coûte de l’argent aux sociétés qui se sont lancées dans cette activité.

«D’ailleurs, si vous regardez bien, certes Doctolib a réussi en France où il réalise 95% de son chiffre d’affaires et où il a plus de médecins. Mais il est aussi depuis trois ans en Allemagne et les choses ne se passent pas tout à fait de la même manière... Chaque marché est différent et ses dynamiques aussi.»

Doctena rentable partout en 2019

Fair-play, M. Kersten préfère voir dans la médiatisation de cette levée de fonds record «une bonne chose pour que les investisseurs s’intéressent à ce secteur d’activité et à ses développements. Indirectement, cela nous est aussi profitable.»

Et le profit est justement l’ambition de l’année pour Doctena. Présente au Benelux, en Allemagne, en Suisse et en Autriche, la start-up luxembourgeoise a levé 8 millions d’euros l’an dernier et veut être profitable sur tous les marchés en fin d’année, tout en ménageant la solidité de la croissance.