Le coronavirus a accéléré l’adoption de la téléconsultation médicale. Remboursée depuis lundi par la Caisse nationale de santé, elle sera possible, techniquement, à partir de ce vendredi matin. (Photo: Shutterstock)

Le coronavirus a accéléré l’adoption de la téléconsultation médicale. Remboursée depuis lundi par la Caisse nationale de santé, elle sera possible, techniquement, à partir de ce vendredi matin. (Photo: Shutterstock)

Le CEO de Doctena, Patrick Kersten, s’est lancé dans une course contre la montre depuis une dizaine de jours pour offrir une solution de téléconsultation à partir de ce vendredi matin, au Luxembourg. Deux concurrents se lancent, aujourd’hui et la semaine prochaine.

(LSAP) et (LSAP) en ont parlé, Patrick Kersten l’a fait. Les deux ministres, du Travail et de la Sécurité sociale, ont confirmé jeudi soir que la téléconsultation médicale allait être possible au Luxembourg. Le CEO de Doctena a passé une dernière journée à tout préparer pour que les patients puissent prendre rendez-vous avec un docteur dès ce matin , sans avoir à se déplacer, ce qui n’était plus possible depuis quelques jours, coronavirus oblige.

«Dans le contexte actuel, cela va très vite sauver des vies!», assure l’entrepreneur d’une voix grave. «À partir du moment où la Caisse nationale de santé a donné son accord au remboursement de cette consultation à distance comme une consultation normale, il n’y avait plus de point bloquant.» Plus d’autres en tout cas que la nécessité de voir physiquement un docteur, comme c’est le cas pour un dentiste ou un kiné.

À partir du moment où , plus rien ne faisait barrage.

Cela fait une dizaine de jours que le CEO de Doctena impose une sorte de hackathon à une dizaine de développeurs. «À partir du moment où l’État a restreint les mouvements de tout le monde pour tenter de contenir l’épidémie, les médecins qui habituellement permettaient de prendre rendez-vous, physiquement, avec eux via ont supprimé les possibilités de rendez-vous physiques de la plate-forme. Comme s’ils fermaient les uns après les autres, c’était terrible.»

Une cinquantaine de médecins dès le lancement

Et à l’annonce de cette possibilité validée par la CNS, la start-up a dû reprendre l’exercice en sens inverse. Non seulement préparer les conditions technologiques indispensables à cette téléconsultation médicale, mais aussi convaincre «une cinquantaine de médecins d’offrir cela à leurs patients, soit 10% des médecins inscrits sur notre plate-forme au Luxembourg», explique M. Kersten, joint par Paperjam hier matin. 

La version beta du site est testée depuis lundi.

«L’utilisation est des plus simples pour le patient et le médecin», assure-t-il. Lors de la prise de rendez-vous, le patient peut identifier quels sont les professionnels de santé qui offrent la téléconsultation et choisir ce type de visite aux heures prédéfinies par le médecin. Le patient reçoit un e-mail de confirmation du rendez-vous contenant un lien sécurisé menant vers un canal vidéo crypté qui sera uniquement accessible par le patient et le médecin à l’heure convenue.

Post, fournisseur de la connectivité nécessaire

«Confidentialité et sécurité sont ainsi respectées», dit encore l’entrepreneur. «Les médecins consultés pendant la phase de test sont unanimes. ‘C’est bien de pouvoir considérer un appel téléphonique comme une consultation. C’est autre chose de pouvoir ‘voir’ le patient. Pour affiner notre diagnostic, la vidéo nous sera d’une grande utilité’, précise un médecin généraliste en testant le module de téléconsultation.»

Le service a aussi pu être lancé grâce au soutien technologique de Post. L’opérateur historique va garantir que la bande passante nécessaire à ce que la séance de streaming médical soit toujours de bonne qualité, mais aussi que le dispositif puisse être testé chez le patient et être bien installé chez les médecins, un autre élément-clé.

La possibilité d’obtenir sa prescription médicale directement par la solution en ligne sera prochainement ajoutée au service.

Start-up luxembourgeoise créée en 2013, Doctena est un des leaders européens de la prise de rendez-vous en ligne avec 1,5 million de rendez-vous médicaux gérés par mois. L’application est disponible au Benelux, en Allemagne, ainsi qu’en Suisse et en Autriche. Plus de 10.000 médecins du Benelux, d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche travaillent avec la solution luxembourgeoise.

Deux concurrents, dont un dès aujourd'hui

Ce jeudi, les Hôpitaux Robert Schuman (HRS) ont annoncé le lancement de leur propre service de téléconsultation. Dès ce vendredi, «les patients recevront par e-mail et SMS la confirmation de rendez-vous et les instructions pour se connecter très facilement. Pour les personnes ne disposant pas d’un accès informatique, un entretien téléphonique reste toujours possible», dit le communiqué.

Les patients qui pensent être touchés par le coronavirus pourront aussi obtenir une téléconsultation, «de triage», disent les HRS, avant d’être ou non redirigés vers les urgences. La solution a été développée par InBetween et Wagner IT.

Dans un autre communiqué envoyé jeudi par son CEO Yannis Georgandelis, une autre start-up, française, DoctorPlus, annonce qu’elle lancera le même genre de service la semaine prochaine. 

«Il nous a semblé naturel d’ajouter à notre logiciel métier GECAMed, bien connu des médecins luxembourgeois, un outil complémentaire qui réponde à ce besoin précis. Le partenariat signé entre Kirepo et DoctorPlus doit nous permettre de collaborer à long terme pour réussir l’adoption de cette nouvelle pratique et proposer une solution de classe mondiale aux Luxembourgeois», dit Steve Reisdorf, dirigeant de Kirepo, cité dans le communiqué.