Après les résidences de courte durée et les résidences étudiantes, Patrice Cavalier a créé une «chaîne» d’hôtels de luxe, comme à Saint-Barthélemy, discrètement abritée au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

Après les résidences de courte durée et les résidences étudiantes, Patrice Cavalier a créé une «chaîne» d’hôtels de luxe, comme à Saint-Barthélemy, discrètement abritée au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

Début novembre, Patrice Cavalier, promoteur immobilier à succès, tout près d’entrer dans le cercle des 500 plus grosses fortunes françaises, a immatriculé sa nouvelle société au Luxembourg après un virage à 369 degrés, comme le nom de sa chaîne d’hôtels d’ultra-luxe.

Ne googlisez pas son nom, il n’existe aucune photo de Patrice Cavalier. Les rares articles qui évoquent son parcours hors du commun dessinent un colosse, célibataire endurci, qui aime les jeux vidéos, au leadership aussi légendaire que sa discrétion. Pour la première fois de sa carrière, cet été, ce millionnaire tout près d’entrer dans le cercle des 500 plus grosses fortunes françaises, a accordé deux interviews. À contrecœur, puisqu’il avoue détester ces journalistes, qu’il fuit comme le Covid-19.

En plus de 25 ans, M. Cavalier a patiemment construit un groupe sur trois jambes: Océanis Promotion pour la promotion immobilière; Appart’City (qu’il a rachetée avec Equinoxe Partners pour 100 millions d’euros en 2014) pour gérer les appartements vendus par Océanis Promotion à de petits investisseurs; et ECLA Campus, en son temps un des projets les plus novateurs, à savoir des résidences étudiantes très rentables quand la pandémie ne renvoie pas les têtes blondes dans le foyer de leurs parents.

Fin 2018, celui qui avait hissé Océanis Promotion au 10e rang français des promoteurs immobiliers hexagonaux a cédé une partie de son groupe à une des entités luxembourgeoises de Brookfield Asset Management pour 120 millions d’euros. Même s’il affirme avoir conservé 10% des parts, le rapport annuel de la filiale luxembourgeoise du fonds d’investissement canadien établi sur un étage et demi au boulevard Royal, et dirigé par Anwer Mirza, indique qu’il a cédé la totalité. Brookfield s’intéresse en particulier à ce que quelques fonds d’investissement superstars décrivent comme un juteux business, les «kots» pour étudiants. Pour M. Cavalier, cela tombait bien, avant un an et demi de confinement.

Appart’City, vendu et racheté trois ans plus tard

En 2020, , l’entrepreneur aux 150 résidences, 1.700 collaborateurs et 27.000 unités d’hébergement a dégagé un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros. Autant que LiveJasmin, et nettement moins médiatisé que Docler Holding.

Ce petit-fils de docker et fils d’ostréiculteur, qui a fait ses gammes dans le commerce de produits pour les salons de coiffure avant d’embrasser sa carrière dans l’immobilier, avait vendu Appart’City une première fois en 2007, avant de rendre leur argent aux experts d’Apax trois ans plus tard pour redonner vie à ce projet au bord du chaos. Mi-septembre, le tribunal de commerce a sauvé ce groupe de la faillite une nouvelle fois, les petits actionnaires ayant accepté l’idée de ne pas revoir leur argent, et Brookfield de remettre 40 millions d’euros dans l’aventure.

Bien longtemps avant d’avoir lâché le Grand M Group (Océanis, Appart’City, ECLA et Suitétudes et la foncière) à Brookfield, l’homme d’affaires qui tutoie des stars comme Tony Parker, dont il a construit l’académie dans la banlieue de Lyon, avait compris l’intérêt de la diversification.

Du soleil pour les retraités

Depuis le Luxembourg, le millionnaire gère une de ses nouvelles idées, 369 degrés, un (petit) réseau d’hôtels d’ultra-luxe qui se comptent sur les doigts d’une main et qu’il a confiés à un autre compatriote de la région de Montpellier, l’ancien basketteur Julien Sormonte. Saint Amour La Tartane à Saint-Tropez, le château de Montvillargenne à côté de l’hippodrome de Chantilly, l’Écrin Blanc Resort de Courchevel, le Chalet Alpen Valley Mont-Blanc à Combloux, L’Arboisie à Megève, ou encore le Tropical Hotel & Beach à Saint-Barthélemy.

Dans les documents qui lui ont servi à trouver 53 millions d’euros, via le Luxembourg, pour acheter ce dernier hôtel, sa holding Human Performance Capital garde un œil sur le groupe historique. Elle gère son «pôle de boutiques-hôtels» 369 degrés, compte un pôle développement-réserve foncière avec le site de Courchevel, mais aussi deux autres réserves à Megève et Alpen, et un pôle de participations, composé des 17% acquis en 2017 dans l’énergéticien français Arkolia, des 30% , et des 3% dans le leader mondial de l’éolien en mer flottant Ideol.

M. Cavalier, lui, a deux nouvelles idées. Les résidences pour retraités au soleil, dans le sud de l’Europe. Et la construction de résidences «green», pour laquelle il a créé, mi-décembre 2020, à Montpellier, HPC Green Energy. 

Début novembre, le promoteur immobilier d’abord spécialisé dans les structures à appartements multiples a immatriculé une nouvelle société au Luxembourg, la 15e à laquelle il est associé de près ou de loin: «Compagnie d’hôtels et d’investissement créatif». On ignore ce qu’il veut en faire, mais il ne manque jamais d’idées.