Parfois plus vrais que nature si leurs propriétaires ont dépensé des dizaines de milliers d’euros, les dinosaures sont «tendance». Les parcs, les expositions itinérantes et le merchandising tournent à plein régime. (Photo: Shutterstock)

Parfois plus vrais que nature si leurs propriétaires ont dépensé des dizaines de milliers d’euros, les dinosaures sont «tendance». Les parcs, les expositions itinérantes et le merchandising tournent à plein régime. (Photo: Shutterstock)

LuxExpo The Box accueille ce week-end une nouvelle exposition de dinosaures. «Le monde des dinosaures», mise en musique par la célèbre famille Klising – à l’origine une famille de jongleurs en Autriche il y a 175 ans –, fonctionne selon le même business model: des dinosaures animés, achetés aux États-Unis ou en Chine, qui parlent aux petits comme aux grands, comme en témoigne la vente de l’été chez Sotheby’s.

Adjugé. 44,6 millions de dollars. Le milliardaire américain Kenneth C. Griffin, fondateur et gérant du hedge fund Citadel, s’offre Apex, un vrai stegosaure, pour une bouchée de pain. Capable de mettre 100 millions de dollars pour le «Boy and Dog in a Johnnypump» (1982) de Jean-Michel Basquiat ou de dépenser 450 millions de dollars pour réunir des parcelles qu’il a achetées avec patience pendant dix ans à Palm Beach pour y construire une villa de près de 5.000 m2, le financier proche des républicains aime autant l’art que l’immobilier. Sa fortune estimée à 35 milliards de dollars par Forbes lui donne les moyens de s’offrir ce dont il a envie… La vente de juillet, qui a démarré à trois millions de dollars a attiré près de quatre millions de curieux, puisque Sotheby’s – qui appartient à Patrick Drahi via sa structure luxembourgeoise – retransmet certaines de ses ventes… sur TikTok.

Depuis 2008 et la première vente d’un tricétarops, chez Christie’s pour moins de 600.000 dollars, les enfants de Jurassic Park… n’ont pas disparu et la passion demeure entière. Le 16 novembre sera vendu en France le plus long dinosaure jamais vendu: Vulcain, découvert en 2018 dans le Wyoming, aux États-Unis, est estimé de trois à cinq millions de dollars à moins que cet autre herbivore de plus de 140 millions d’années ne suscite la convoitise d’une autre milliardaire en mal de décoration intérieure… ou au sens aigu de la préservation du patrimoine.

À l’autre bout de la chaîne, dans le monde encore merveilleux de l’enfance, il reste ces expositions qui se multiplient au Luxembourg, en Europe et dans le monde. LuxExpo The Box s’apprête à accueillir la troisième exposition autoproclamée la plus belle ou la plus grande d’Europe, «Le monde des dinosaures», une heure et demie de visite pour 10 euros dont le point d’orgue sera «un T-Rex animatronic à taille réelle, mesurant 13 mètres de long et 4,5 mètres de haut», dit la société qui fait étape chez nous pour deux jours, KLG Production (quoi que dise son site internet), derrière laquelle se cache une célèbre famille dans le monde du cirque, les Klising.

Jusqu’à deux millions d’euros par an pour une expo itinérante

«La plus grande exposition de dinosaures d’Europe», comme la «Dino Expo World», «Dino Alive» ou encore le «Dinosaurierpark Teufelsschlucht», dans l’Eifel allemande, fonctionne sur les mêmes modèles économiques: acquérir des spécimens qui imitent les vrais dinosaures, mettre en œuvre une logistique et offrir une récréation à différents types de publics, des écoles aux parcs des expositions ou de loisirs.

L’industrie des parcs à thèmes génère 50 milliards de dollars par an, le meilleur exemple en l’occurrence étant le Jurassic Park d’Universal Studios à Los Angeles. Les expositions itinérantes ou les parcs qui utilisent ces répliques peuvent générer des revenus significatifs: une exposition temporaire peut rapporter entre 500.000 et deux millions d’euros de chiffre d’affaires en quelques mois, en fonction de la taille de la ville, du prix des billets, et du marketing. Estimation calculée à partir des résultats publiés par des expositions célèbres, comme Dinosaurs in Motion ou Jurassic World: The Exhibition, entre 100.000 et 500.000 visiteurs sur quelques mois, avec des prix de billets pouvant varier de 10 à 30 euros.

Pour attirer l’enfant, qui tire ses parents par le bras, rien de tel qu’un spectaculaire monstre aujourd’hui disparu et d’autres acteurs l’ont bien compris! Dans le Sichuan, en Chine, GenguTech a développé une gamme de 73 dinosaures… que les clients peuvent personnaliser à peu près comme ils veulent. Le T-Rex star luxembourgeoise du week-end existe par exemple dans toutes les tailles de 1 mètre à 60 mètres de long, en 27 modèles différents, capables de cligner des yeux, de bouger la bouche et de différents mouvements. L’entreprise chinoise, qui refuse de donner des détails sur ses prix, est capable de le fabriquer en à peine plus d’un mois.

Faute de pouvoir s’offrir les vrais pour des millions, de nombreux sites proposent des artefacts plus vrais que nature et économes en nourriture pour quelques milliers de dollars. (Screenshot: Only Dinosaurs)

Faute de pouvoir s’offrir les vrais pour des millions, de nombreux sites proposent des artefacts plus vrais que nature et économes en nourriture pour quelques milliers de dollars. (Screenshot: Only Dinosaurs)

Non, pour avoir une liste de prix, rien de tel que l’américaine Only Dinosaurs – qui ne vend pas que des dinosaures animés. Modèle le plus cher en «boutique», un Giant Animatronic Cartoon T-Rex de 25 mètres de long à 32.000 dollars, conçu pour des parcs d’attractions ou un Animatronic Brachiosaurus de 28 mètres de long – bleu – pour les expos itinérantes pour 28.000 dollars. Les prix oscillent entre 3.000 dollars et ces deux monstres de silicon à l’épreuve des blessures du temps.

Walk like a dinosaur…

Les entreprises spécialisées dans la fabrication de répliques animatroniques (y compris les dinosaures) réalisent un chiffre d’affaires cumulé estimé à environ 200 à 300 millions de dollars par an. Et ce n’est qu’une autre couche du business, d’autres entrepreneurs ont bien compris que tout le monde ne pouvait pas investir 300.000 euros pour acheter 50 dinosaures à 6.000 euros.

À l’instar des Allemands de Dino-Rent, des Britanniques de Rent a dinosaur ou de Dino Experience, ils en louent. Un niveau encore plus loin, Houston Dinosaurs loue des dinosaures à piloter soi-même, qui font fureur dans les anniversaires ou dans des sessions endiablées de team building… Fureur, pas si sûr puisque le site internet propose… de racheter l’entreprise.

Le marché des jouets et produits dérivés liés aux dinosaures (figurines, puzzles, livres, vêtements) est estimé à environ cinq milliards de dollars par an, avec des marques comme Jurassic World générant une grande partie de ces revenus grâce à des partenariats avec des fabricants de jouets comme Mattel ou Lego. Les livres sur les dinosaures (fictions, documentaires, livres éducatifs pour enfants) continuent d’être un segment florissant, avec des ventes annuelles mondiales estimées à plus de 100 millions d’euros.

Des sites célèbres de fouilles de dinosaures, comme ceux de l’Alberta (Canada) ou du Wyoming (États-Unis), attirent des touristes du monde entier. L’impact économique des activités liées aux dinosaures (fouilles, musées, parcs) dans certaines régions dépasse même les 100 millions de dollars par an.