La digitalisation est la croyance en un futur, un business model, une technologie. Pour s’assurer de son succès, accepter le changement et le risque et miser sur des investissements sur le long terme est nécessaire. Peu habitué au risque, le secteur doit toutefois se digitaliser.

S’il est parfois difficile de transformer le secteur Tax, plusieurs leviers poussent toutefois celui-ci à se digitaliser. «Ce n’est pas uniquement un effet de mode. La digitalisation dans ce secteur est nécessaire et bienvenue», explique Fateh Amroune, Directeur de la Transformation Digitale du Département Tax chez Deloitte Luxembourg. Parmi ces leviers, la data, toujours plus importante et complexe, mais aussi les institutions fiscales, imposant aux entreprises des règles de gestion de plus en plus contraignantes, comme la transmission automatique de leurs données fiscales. «Les entreprises actives dans plusieurs pays et les multinationales ont le besoin de maîtriser des lois et règles de gestion de plus en plus complexes, comme la directive DAC6.» Les exigences des clients, demandant au secteur d’utiliser des plateformes plus digitales et user-friendly, figurent aussi parmi ces leviers. Enfin, la crise sanitaire a servi de révélateur de l’utilité des solutions digitales. Avant celle-ci, la digitalisation était un projet sur le long terme. Avec les changements opérés durant cette période, certains ont compris l’importance d’être bien préparés.

Chaque entreprise est unique. Certaines auront besoin d’investir davantage dans la dimension interne; d’autres, plutôt dans la dimension externe.
Fateh Amroune

Fateh AmrouneDirecteur de la Transformation Digitale du Département TaxDeloitte Luxembourg

Comprendre l’entreprise et sa stratégie

Pour s’assurer que cette digitalisation soit globalement efficace, il faut adresser trois dimensions importantes dans les services Tax. La première est la dimension interne et consiste à équiper les collaborateurs avec de nouveaux process, outils et compétences pour bénéficier des avantages liés au digital. Vient ensuite le volet externe (la manière dont l’entreprise interagit avec les clients), et enfin l’innovation (comment se préparer pour ne plus subir et être un moteur en cas de disruptions, comme lors de la crise). «Chaque entreprise est unique. Certaines auront besoin d’investir davantage dans la dimension interne (pôle compliance); d’autres, plutôt dans la dimension externe (advisory). Enfin, des entreprises seront assez mûres pour se concentrer sur les business models et technologiques, disrupteurs de demain.»

Pour accompagner ces entités, Deloitte a créé, au sein du département, la , regroupant des professionnels et experts en compliance et advisory, mais aussi des profils digitaux (software developers, UX/UI, etc.). Ces équipes sont divisées selon les trois grands pôles, afin d’adapter les ressources et le scope aux objectifs distincts de chaque pôle.

1er pôle: Efficacité Opérationnelle (volet interne)

Au sein du pôle Tax Compliance, les principaux challenges concernent la collecte des données, toujours plus nombreuses, l’automatisation des tâches à faible valeur ajoutée, et enfin, la génération et la présentation des rapports financiers fiables et user-friendly pour les clients ou les autorités fiscales. «Le défi est d’accélérer cela. Ils sont submergés par la data et réalisent souvent des tâches répétitives. L’enjeu est de libérer du temps pour que les fiscalistes puissent concentrer leurs efforts sur leur cœur de métier.»

Grâce à l’automatisation du Data Processing et à des technologies comme le RPA, par exemple, les actions chronophages et à faible valeur ajoutée effectuées par le professionnel peuvent être automatisées. Pour lui permettre de se concentrer sur les analyses plus complexes et les discussions avec le client.

2e pôle: Expérience Utilisateur (volet externe)

Les spécialistes aidant les entreprises font face à deux challenges: faire sens des législations toujours plus nombreuses et complexes afin de fournir les meilleures recommandations, et le besoin d’échanger avec les clients. «Ce pôle a besoin d’outils complémentaires pour aider le conseiller dans la curation des informations brutes, la quête de sens dans un océan de données, et le besoin d’interagir de façon plus moderne et user-friendly avec le client.» Il est donc important pour ce dernier d’être soutenu par des systèmes et technologies pouvant rapidement collecter et structurer l’information et permettant d’accélérer le temps de réaction. «Cela peut être des outils de type data analytics. À la place d’un rapport plat, l’advisor peut donner de l’insight avec tableaux dynamiques et analyses croisées. Demain, on pourra utiliser des predictive analytics pour prévoir des scenarii sur base de la data et des historiques.»

Les technologies ont le potentiel de transformer l’industrie Tax en profondeur.
Fateh Amroune

Fateh AmrouneDirecteur de la Transformation Digitale du Département TaxDeloitte Luxembourg

3e pôle: Innovation

Ce dernier pôle a pour vocation de préparer au futur et aux nouvelles technologies ou business models pouvant générer des opportunités ou des risques de disruption. Comment gérer la tokenisation des assets de demain? Quel sera l’impact des smart contracts? Quel sera l’usage des prescriptive analytics? «Les technologies ont le potentiel de transformer l’industrie Tax en profondeur. Pour les activités fiscales et comptables, la technologie ne doit plus être pensée comme une fonction support, mais bien comme un élément essentiel de son business. Nous l’avons vu avec le Covid, si nous ne sommes pas préparés à ces disruptions, il est difficile de raccrocher les wagons.»