François Lacas, directeur des opérations adjoint, Yooz. (Photo: Yooz)

François Lacas, directeur des opérations adjoint, Yooz. (Photo: Yooz)

Au début des années 2000, le terme «digital» n’apparaissait dans le top 5 des priorités des DG que dans 2,1% des entreprises. C’est aujourd’hui le cas dans près d’une entreprise sur cinq. 

Pourquoi digitaliser sa comptabilité?

Toutes les entités des entreprises sont désormais concernées et doivent digitaliser leur comptabilité, pour à la fois adapter leurs processus manuels (pour plus d’agilité, de fluidité, d’efficacité, de simplicité…), améliorer la relation avec les clients, dématérialiser (pour gagner en performance et en productivité), et reconcevoir la gestion des ressources humaines (pour développer les compétences numériques). 

Cette exigence de performance, dans un environnement complexe et incertain, est notamment récurrente pour les directions financières: selon la dernière enquête PwC sur les priorités 2020 des directeurs financiers, elle arrive en tête, depuis 2018, et le restera au cours des trois prochaines années.

La digitalisation de la profession comptable: quels enjeux?

Si, dans les entreprises, les données se valorisent, c’est également le statut des professionnels de la finance qui se trouve d’ores et déjà valorisé. De quoi relativiser les prévisions les plus pessimistes sur l’avenir du métier, par exemple celle de l’Institut Sapiens, qui pronostique l’extinction du métier de comptable entre 2041 et 2056 en France, victime de l’intelligence artificielle et de la robotisation.

Une étude d’ISG a calculé que l’automatisation des processus diminue le volume de travail de 43% en moyenne pour les processus «order to cash» (facturation, encaissement, crédit, recouvrement et tarification), de 41% pour la comptabilité, et de 34% pour les processus «procure to pay».

De même, le gain de temps s’observe également pour les clôtures comptables: selon l’Institute of Management Accountants, la moitié des comptables estiment que consacrer moins de temps à la clôture des comptes pourrait leur permettre de se concentrer sur des tâches plus stratégiques pour leur entreprise. 

Comment digitaliser la fonction finance?

Les directions financières vont donc continuer à investir massivement dans le digital, poussées par les directions générales. Selon IDC, les entreprises européennes vont consacrer, en 2020, 271 milliards de dollars à leur transformation digitale. D’autant que le niveau de maturité des entreprises dans ce domaine, s’il progresse, conserve d’énormes marges de progression: une entreprise sur deux reste au stade de la réflexion ou de l’ambition, selon Gartner. De plus, les boards des entreprises placent, à 67%, le digital et la disruption en tête de leurs challenges, devant l’acquisition de compétences, les problèmes réglementaires, la croissance et la profitabilité.

Les deux tiers des DAF estiment que le succès futur de leur organisation dépend d’un bon alignement avec les technologies. De même, dans son étude sur la finance en 2020, le cabinet de chasseurs de têtes Robert Half révèle que la priorité n°1 des DAF est de suivre les avancées technologiques, devant le suivi de la réglementation. En 2017, ces priorités étaient inversées: «L’automatisation des processus, la digitalisation des services de l’entreprise, le besoin de limiter les risques et les coûts de gestion sont des sujets de préoccupation pour tous les professionnels de la finance.»

Pour traiter tous ces enjeux, les décideurs financiers doivent avoir trois postures: celle du sprinter, car la transformation digitale exige d’aller toujours plus vite; celle du marathonien, car il faut tenir le rythme face aux flux de données et aux multiples chantiers ouverts par la transformation digitale; et la posture du coach vis-à-vis des métiers et de l’arbitre, pour sécuriser les prises de décision.

Digitaliser la fonction finance n’est en rien une mission impossible. Les technologies sont là pour faciliter et accélérer la transition vers les DAF 4.0. Par rapport au positionnement historique du décideur financier, il passe d’un statut de fonction support à celui de créateur de valeur et d’une expertise essentiellement technique pour optimiser un leadership plus affirmé au centre de la chaîne de valeur.

Quelles nouvelles technologies privilégier pour digitaliser sa comptabilité?

Outre les trois postures du décideur financier, celui-ci en a cinq autres principales: il pilote de la performance, il innove, reste connecté, communique et crée de la valeur. À chacune de ces missions correspond une panoplie de technologies pour digitaliser la comptabilité.

Le pilotage de la performance des process et de l’organisation s’appuie sur les applications cloud, de plus en plus nombreuses, et bien entendu, sur la dématérialisation. Côté innovation, l’intelligence artificielle gagne d’ores et déjà du terrain dans les fonctions finance.

Les exigences collaboratives et de communication passent par des investissements en solutions de business intelligence et de data visualisation. Quant à la création de valeur, elle découle d’un agencement intelligent de technologies qui irriguent toute l’organisation. 

2019 a déjà été une année intense pour les directions financières. Selon le cabinet de conseil Protiviti, 58% d’entre elles ont augmenté leur budget d’acquisition de solutions de data visualisation. Une proportion similaire a accru le recours aux applications financières dans le cloud, 56% ont davantage investi dans des solutions analytiques, et un DAF sur deux dans la RPA. Des investissements d’avenir qui montreront leurs bénéfices dès 2020.