Quel bilan tirez-vous, tout juste deux ans après avoir ouvert vos portes, ici, à Belval?
– «En deux ans, le Digital Learning Hub (DLH) a comptabilisé 6.000 inscriptions et organisé environ 700 cours, c’est un énorme succès. Plus de la moitié de tout cela a eu lieu lors de cette deuxième année d’existence, nous suivons une croissance linéaire. La première année, nous devions avoir dans les 80 formations dans notre catalogue. Actuellement, 280 formations sont disponibles. Il y a une très forte demande et le nombre d’inscriptions ne fait qu’augmenter, alors je pense que nous devons être sur la bonne voie.
Jenna Pütz. – «Nous avons organisé notre première ‘piscine’ (la dernière étape du procès d’admission à 42 Luxembourg, sorte de période d’essai pour prendre connaissance du programme et du modèle pédagogique en pratique, ndlr) en novembre, une deuxième en janvier et on a commencé le tronc commun en janvier avec 143 étudiants.
Allez-vous continuer d’étoffer votre offre de formations?
S. L. – «Nous voulons grandir dans deux dimensions. Horizontalement, d’abord. Nous allons ajouter des thématiques, notamment en cybersécurité – nous travaillons avec la House of Cybersecurity sur ce sujet – et en technologie opérationnelle. Verticalement, ensuite. Pour l’instant, nous avons des cours pour les niveaux très avancé, avancé et débutant. On veut rajouter une couche inférieure pour faire de l’onboarding et permettre aux personnes de faire leurs premiers pas vers l’informatique, avec les outils de l’État comme MyGuichet.lu par exemple.
Comment choisissez-vous les formations que vous allez développer?
S. L. – «Notre priorité est de nous adapter aux besoins de l’industrie et du marché de l’emploi. Pour cela, nous nous basons sur plusieurs choses. D’abord, nous travaillons beaucoup avec l’Adem pour analyser les offres d’emploi et définir quels sont les besoins en compétences. Nous avons également un projet étatique avec eux pour encore mieux identifier, et de manière automatique, les ‘skills’ demandées grâce à l’intelligence artificielle.
Le but est aussi de devenir un vrai hub de la tech qui représente l’innovation technologique.
Ensuite, nous avons nos experts qui font une veille technologique. Nous avons aussi rencontré 250 entreprises en deux ans, pour être à l’écoute du secteur. Enfin, les prestataires qui viennent donner des cours chez nous proposent des projets de formations.
Vos formations sont-elles certifiantes?
S. L. – «Le DLH est très agile dans la mise en place de formations, nous nous adaptons très rapidement aux besoins du marché et aux évolutions de la technologie, nous n’avons pas besoin d’une équipe curriculaire comme c’est le cas à l’Uni. Le revers de la médaille, c’est que nos formations ne donnent pas de points ECTS ou de diplômes reconnus pas l’État. Nous délivrons des attestations de présence avec une liste des compétences acquises. Nous ne souhaitons pas devenir une université et nous ne venons pas du tout concurrencer leurs diplômes.
J. P. – «À 42 Luxembourg, après la fin du tronc commun, les élèves reçoivent un certificat qui indique les heures de cours suivies et surtout la liste des projets réalisés. Il est possible de faire une spécialisation, après laquelle nous délivrons aussi un certificat.
Cherchez-vous à acquérir une certaine reconnaissance dans l’écosystème de la tech?
S. L. – «Nous voulons obtenir une reconnaissance de la qualité de nos formations. Réduire le ‘digital skills gap’ est notre grande mission. Les formations sont notre premier instrument, mais le but est aussi de devenir un vrai hub de la tech qui représente l’innovation technologique. Notre réseau s’agrandit. Nous avons rencontré beaucoup d’entreprises, nous sommes présents à des conférences et avons d’excellentes relations avec les chambres professionnelles.
Constatez-vous la pénurie de talents à laquelle fait face le secteur de l’informatique sur le marché de l’emploi luxembourgeois?
J. P. – «Oui, il y a un vrai manque d’informaticiens sur le marché. L’Éducation nationale a presque doublé le nombre de diplômés formés en informatique, au lycée ou à l’Uni. Je crois qu’on approche des 600 diplômés par an. C’est une vraie augmentation, mais la demande augmente aussi, et je vois le DLH comme un outil pour lutter contre cette pénurie.
Les formations doivent être de plus en plus spécialisées, c’est un grand challenge.
Selon l’Adem, une des causes à l’origine de cette pénurie est la spécialisation accrue du domaine. Êtes-vous de cet avis?
S. L. – «Oui, c’est un grand challenge et, selon moi, les formations doivent être de plus en plus spécialisées. Par exemple en codage, qui est la compétence la plus demandée. Je constate aussi que plus une entreprise est grande, plus elle cherche des profils spécialisés, voire hautement spécialisés.
J. P. – «42 Luxembourg permet justement de se spécialiser en très peu de temps. Il faut continuer à le faire même lorsqu’on a un emploi. Beaucoup de personnes nous disent que leur employeur leur demande des compétences spécifiques.
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir?
S. L. – «Avec le DLH, nous voulons donner des perspectives aux personnes qui souhaitent obtenir un diplôme. Nous collaborons avec l’Uni pour créer ce genre d’échanges entre leurs étudiants qui veulent faire des formations chez nous et nos élèves qui veulent continuer sur une formation universitaire.
Nous voulons aussi être plus proches des gens et étendre notre offre géographiquement, notamment en créant des antennes pour offrir des formations dans tous les coins de notre pays.»
J. P. – «L’ambition est d’avoir un bon nombre d’inscriptions pour les ‘piscines’ de juillet et de septembre. Nous aurons aussi nos premiers diplômés du tronc commun à la fin de l’année, ce sera un grand moment!»