Dans la tourmente, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, a tenté de s’expliquer mercredi, sans pour autant convaincre les partis d’opposition. (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

Dans la tourmente, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, a tenté de s’expliquer mercredi, sans pour autant convaincre les partis d’opposition. (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

L’entreprise Moulin Dieschbourg, dirigée par Carole Dieschbourg jusqu’en 2013, ne respecterait pas depuis des années la loi sur la reprise des déchets. L’opposition accuse la ministre et son administration de n’avoir pas agi en connaissance de cause. Ce que la ministre dément.

La ministre de l’Environnement, (déi Gréng) l’assure: elle ne savait pas que l’entreprise familiale qu’elle dirigeait jusqu’à 2013, Moulin Dieschbourg, ne respectait pas la loi du 21 mars 2017 relative aux emballages et aux déchets d’emballages – une loi pourtant portée par le ministère qu’elle dirige.

Depuis la publication , la ministre est dans la tourmente. La loi en question oblige les entreprises «responsables d’emballages» d’organiser la «reprise» de leurs déchets d’emballages. Une mission qu’elles peuvent soit remplir elles-mêmes – aucune entreprise ne le fait au Luxembourg –, soit déléguer à un organisme agréé – le seul acteur sur le marché étant Valorlux. Or Moulin Dieschbourg ne remplit pas ses obligations à cet égard, et ce depuis de nombreuses années, cette obligation existant depuis 1990.

Inaction blâmable?

Que reproche-t-on à Carole Dieschbourg? Que l’Administration de l’environnement, qui dépend de son ministère, n’ait pas été en mesure de constater que Moulin Dieschbourg ne respectait pas la loi – l’opposition la soupçonne d’«inaction» alors qu’elle aurait été prévenue de cette non-conformité.

Que la ministre elle-même, qui dirigeait l’entreprise jusqu’en 2013, n’ait pas notifié cette non-conformité alors qu’elle le savait. L’ancien président de Valorlux, Lucien Bertemes, assure en effet qu’il aurait prévenu personnellement Carole Dieschbourg de cette absence de conformité, rapporte le Wort.

Convoquée en urgence à la Chambre à la demande du parti d’opposition CSV pour s’expliquer mercredi matin devant la commission de l’environnement, la ministre a organisé dans la foulée une conférence pour s’expliquer devant la presse.

La ministre dément

Devant les députés, Carole Dieschbourg a «formellement démenti avoir été informée (de manière informelle) par un ancien responsable de Valorlux d’une non-conformité présumée». Elle a aussi rappelé avoir «coupé les liens» avec l’entreprise familiale en 2013.

Elle a par ailleurs donné des détails sur la procédure de contrôle effectuée par Valorlux et l’Administration de l’environnement: 46 entreprises ne respectant pas leurs obligations légales ont été identifiées – sans que Moulin Dieschbourg soit sur cette liste. Donc comment aurait-elle pu savoir?, fait-elle mine de s’interroger.

Elle a aussi insisté sur le fait qu’aucune entreprise n’a été sanctionnée: la logique serait en effet d’«accompagner» les sociétés dans un processus qui leur permet de se conformer à leurs obligations de recyclage ou de reprise des emballages.

L’opposition ne lâche pas

Par ailleurs, Carole Dieschbourg a précisé qu’elle avait informé l’Administration de l’environnement «concernant les obligations de cette entreprise en amont des publications dans la presse». À la suite de quoi l’administration aurait envoyé un courrier à l’entreprise afin de lui rappeler ses obligations.

Des explications qui n’ont pas convaincu l’opposition. Les quatre partis – CSV, déi Lénk, Piratepartei et ADR – réclament désormais à la Chambre d’intervenir auprès du ministère de l’Environnement pour obtenir la communication d’une lettre dont le contenu pourrait relancer la polémique.

Dans celle-ci, qui date du 21 janvier 2021, Valorlux aurait communiqué à l’Administration de l’environnement une liste faisant état de la non-conformité de certaines entreprises – dont l’entreprise Moulin Dieschbourg.