S.M. le roi des Belges, S.A.R. le Grand-Duc et Xavier Bettel (Premier ministre). (Photo: Jean-Christophe Verhaegen/SIP)

S.M. le roi des Belges, S.A.R. le Grand-Duc et Xavier Bettel (Premier ministre). (Photo: Jean-Christophe Verhaegen/SIP)

La devise de la Belgique «L’union fait la force» s’adaptera sans doute à merveille aux ambitions partagées avec le Luxembourg dans le domaine spatial. Les collaborations ne font en effet que se multiplier.

La proposition de Pascale Delcomminette, CEO de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex), d’organiser un symposium sur le secteur spatial dans le cadre de est vite apparue comme une évidence.

Les deux pays ont en effet depuis longtemps compris les enjeux du «new space» et l’intérêt qu’il y aura à travailler main dans la main. L’accord signé en janvier dernier dans le cadre de l’exploration spatiale était une nouvelle pierre à cet édifice commun.

Aller plus vite et multiplier les échanges

Le colloque mis sur pied à l’Abbaye de Neumünster, aux conclusions duquel ont assisté le Roi Philippe, la Reine Mathilde et le , doit «bétonner» un peu plus encore les choses.

«L’accord signé entre nos deux pays va permettre d’aller plus vite, notamment dans l’échange des données», a indiqué , directeur général de la propriété intellectuelle et des nouvelles technologies au ministère de l’Économie. «Ce colloque doit servir, via vos échanges, à dégager les pistes de collaboration dans le domaine des technologies, de la formation, du commerce...»

La complémentarité entre les deux voisins saute aux yeux. De longue date, la Belgique a multiplié les collaborations internationales. «L’European Space Security and Education Center se trouve en Belgique, à Libin», a fait valoir Pascale Delcomminette. Celui-ci gère la flotte spatiale européenne. «Il y a aussi le parc d’entreprises Galaxia situé juste à côté, et le centre logistique lié à Galileo.» Mais aussi de nombreuses entreprises de pointe qui résonnent à l’international: Sabca, Sonaca, Safran Aero Boosters, Amos, QinetiQ Space, Vitrociset…

L’écosystème luxembourgeois est pour sa part déjà riche de plus de 50 start-up et entreprises qui fournissent des services ou des technologies «au niveau européen et au niveau mondial». et que le pays est un des deux au monde à offrir un cadre légal aux entreprises actives dans le domaine de l’exploitation spatiale.

Pour le Luxembourg, «il y a un intérêt à renforcer encore les liens et les collaborations avec la Belgique», souligne Mathias Link, directeur des affaires internationales à la Luxembourg Space Agency. «Elles existent déjà, c’est vrai. Mais on a maintenant face à nous de nouveaux clients avec de nouvelles demandes. Le business model change, notamment sous l’impulsion des investissements privés. Et en même temps, il faut gérer des projets sur le long terme, comme l’exploitation des ressources spatiales, et sur le moyen terme, comme les nouvelles technologies. Il y a des compétences à échanger ou à mettre en commun. Les deux pays sont petits, mais ensemble ils pèsent déjà plus lourd.»

Plusieurs tables rondes étaient donc, à Neumünster, consacrées à la recherche, à la sécurité, à la formation, mais aussi aux aspects commerciaux et industriels.

«Le ‘new space’ est en effet venu bousculer les choses», souligne Philippe Gilson, CEO de la société belge Amos, spécialisée dans les systèmes d’optiques et de mécaniques et basée près de Liège. «L’ESA a développé durant 40 ans, et c’est fort bien, des solutions sans risque et de qualité en lien avec ses missions. Mais désormais, il y a une approche commerciale qui demande d’aller vite, de faire moins cher et qui accepte même une baisse de qualité, du moins au seuil «good enough». Les entreprises doivent donc s’adapter au niveau de leur management, de leur recrutement, des objectifs. «Raison pour laquelle être présent à un événement comme celui-ci est important. Cela permet d’échanger avec de nombreux partenaires potentiels, dans un pays où le spatial connaît une vraie dynamique», précise Philippe Gilson.

Ces acteurs du «new space» devront aussi être soutenus. On a donc aussi longuement parlé des possibilités offertes par la Banque européenne d'investissement (BEI), la SRIW – le bras armé financier de la Région wallonne –, l’ESA Space Solutions Belgium ou l’incubateur Technoport.

Des rampes de lancement qui, elles aussi, se doivent d’être complémentaires. Le tout n’est pas d’avoir une bonne idée et du savoir-faire pour s’assurer la réussite dans un univers très concurrentiel. «Il y a bien entendu l’accès au financement», a détaillé Shiva Dustdar, de la BEI. «Mais il faut aussi donner les moyens aux acteurs de tester leurs produits et leurs solutions.»

Le Luxembourg, vecteur de croissance

Il faudra en tout cas ne jamais perdre l’aspect business de vue car «c’est seulement quand technologies et économie marchent main dans la main que les progrès se font», souligne Steven Krekels, de Vito, autre entreprise belge. Raison pour laquelle la matinée a aussi été consacrée aux ressources de l’espace, aux projets et challenges autour de «tout ce qui peut être trouvé dans l’espace, sous différentes formes, et ensuite exploité». L’extraction et l’industrialisation des ressources, notamment lunaires, ouvrent des perspectives qui semblent aussi infinies que l’espace où elles se trouvent.

Une grande différence se marque cependant entre le Luxembourg et la Belgique. Dans le premier pays cité, la dynamique enclenchée reste d’actualité. Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider (LSAP) a, par exemple, confirmé la création d’un fonds d’investissement de l’espace, annoncé en 2018.

La Belgique, elle, est dans l’incertitude avec un gouvernement en affaires courantes. «Cela pourrait créer une inertie néfaste alors que la conférence spatiale européenne va bientôt avoir lieu», conclut Philippe Gilson. «Certaines entreprises pourraient même souffrir d’une contraction. Il est évident que le Luxembourg et son écosystème sont, pour des entreprises belges, un potentiel nouveau, vecteur de croissance.»