Le gouvernement dit avoir été surpris par la longue liste de doléances déposée par les syndicats. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Le gouvernement dit avoir été surpris par la longue liste de doléances déposée par les syndicats. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Gouvernement, syndicats et patronat avaient rendez-vous, lundi après-midi, à Senningen, dans le cadre d’une réunion tripartite. La prolongation de mesures d’aide, dont le chômage partiel, en est le principal résultat.

«Il faut être deux pour danser le tango», dit l’adage. Or, si les danseurs potentiels étaient là – gouvernement, syndicats et patronat –, rassemblés lundi après-midi à Senningen dans le cadre d’une tripartite, on pouvait douter de la qualité de la chorégraphie. Les envies et les attentes des uns étaient en effet bien différentes de celles des autres.

Le patronat n’était «demandeur de rien». Les syndicats, eux, étaient demandeurs de beaucoup. Tandis que le gouvernement était en veille, attendant des détails avant de se positionner.

Une tripartite est et doit rester un lieu de gestion de crise, pas un salon de discussion.
Xavier Bettel

Xavier BettelPremier ministre

«Une tripartite, c’est, pour moi, un moment important où l’on traite de questions socioéconomiques en temps de crise», a indiqué le Premier ministre,  (DP), après plusieurs heures d’entrevue. Or, même si les syndicats avaient indiqué cette intention depuis plusieurs semaines, il dit, tout comme ses ministres, avoir été surpris d’«entendre une très longue liste de demandes, avec 40 ou 50 points. Cela allait de la santé au chômage, de la fiscalité au logement… Il n’y avait rien de chiffré. Il a donc fallu que je rappelle que toutes ces demandes avaient d’autres interlocuteurs: quadripartite, ministères… Je vais en faire le relais aux ministres. Une tripartite est et doit rester un lieu de gestion de crise, pas un salon de discussion.» Une pique qui laisse imaginer que la rencontre a été un rien tendue.

Au final, des décisions concrètes ont tout de même été prises. Ainsi, les mesures d’aide de l’État – l’aide de relance et l’aide aux coûts non couverts – sont prolongées jusqu’en février «pour les entreprises qui en ont besoin», dans «certains secteurs précis et selon des critères qui seront également précis». De même pour le chômage partiel. C’est le Comité de conjoncture qui avisera des critères, mi-décembre, avec pour ambition d’«éviter une concurrence déloyale entre certaines entreprises», a fait remarquer le vice-Premier ministre et ministre du Travail,  (LSAP).

Il a aussi été annoncé que, début 2022, un nouveau régime de subsides visera à aider les entreprises dans l’adoption de nouvelles technologies de production axées à la fois sur la transition verte et la transition numérique. Le futur régime d’aide «doit encore faire l’objet d’un accord de la Commission européenne et reposera sur l’encadrement temporaire des mesures d’aide d’État de la Commission visant à soutenir l’économie dans le contexte de la crise sanitaire».

Autre annonce: le montant du chômage partiel ne sera «pas réduit à 80% du salaire social minimum».

Indexation maintenue, politique d’austérité écartée

Les procédures de l’Adem vont, pour leur part, être simplifiées pour faciliter et accélérer l’intégration des demandeurs de protection internationale sur le marché du travail. Une solution pour améliorer leur intégration, mais aussi répondre à certaines pénuries du marché du travail et aussi profiter des compétences pointues de certains.

De même, l’accès à l’emploi pour les époux/épouses de travailleurs venus au Luxembourg devrait être facilité. C’est souvent une pierre d’achoppement dans le cadre de recrutements de profils internationaux.

On fait une réforme fiscale quand il y a de la marge.
Xavier Bettel

Xavier BettelPremier ministre

Le Premier ministre a encore rappelé «les aides importantes apportées ces derniers mois». Ce qui permet «au Luxembourg de ne pas s’en sortir trop mal; ce n’est pas catastrophique au niveau des chiffres», notamment par rapport à certains voisins. Et si les syndicats estiment que le pouvoir d’achat a été mis à mal, «nous n’avons pas les mêmes calculs qu’eux. l’expliquera cette semaine, à la Chambre».

Dan Kersch – pour qui c’était la dernière réunion du genre – a tout de même précisé qu’il n’était pas question de renoncer à l’indexation automatique des salaires et que le gouvernement s’engageait à renoncer à toute politique d’austérité.

En tout cas, la possibilité d’une réforme fiscale est écartée. Le moment n’est pas venu. «On fait une réforme fiscale quand il y a de la marge», conclut Xavier Bettel. «Je ne compte pas faire une réforme fiscale, puis devoir emprunter sur le dos des générations futures.»

Les partenaires ont aussi convenu de se revoir pour faire un point très large sur les «skills» (compétences), la formation, les besoins du moment. Ce sera avant les grandes vacances.

Les syndicats préparaient, ce lundi soir, une réponse concertée au gouvernement. Elle devrait être diffusée dans le courant de la semaine.