Katia Sabrina Litim, à l’origine de la pétition n°2384, était accompagnée de son collègue Laurent Mertz, également ancien secrétaire général de l’ALEBA. (Photo: Chambre des députés)

Katia Sabrina Litim, à l’origine de la pétition n°2384, était accompagnée de son collègue Laurent Mertz, également ancien secrétaire général de l’ALEBA. (Photo: Chambre des députés)

Le débat public autour de la pétition n°2384 qui demande «deux jours de télétravail par semaine pour tous, y compris les frontaliers», a eu lieu ce mercredi 25 janvier à la Chambre des députés. Les conclusions sont: message bien reçu, mais il reste des obstacles.

«Non, je ne suis pas déçue, au contraire, l’idée était de refaire parler du sujet, et nous avons eu de nombreuses informations intéressantes, notamment en ce qui concerne les discussions au sein de la Grande Région sur la limite des 25% pour le volet sécurité sociale», explique Katia Sabrina Litim, , à la sortie dont a fait l’objet sa pétition, mercredi 25 janvier, à la Chambre des députés.

Celle-ci demandait «deux jours de télétravail par semaine pour tous, y compris les frontaliers», et avait recueilli un total de 13.892 signatures. À ses côtés à la Chambre des députés, son collègue au sein de Quintet Private Bank et ancien secrétaire général de l’ALEBA, , et face à eux, les députés des commissions concernées, ainsi que les ministres des Finances, de la Sécurité sociale, et du Travail: (DP), (LSAP) et (LSAP).

Quid des métiers «non télétravaillables»?

Les pétitionnaires ont réalisé une présentation de 10 minutes nourrissant leur argumentaire, reprenant notamment . «Quatre salariés sur dix sont prêts à quitter leur emploi à cause du temps de trajet, et plus de la moitié des 15-25 ans refuseraient un poste sans télétravail. L’attractivité du Luxembourg passe inévitablement par la hausse des seuils de télétravail autorisés en termes de fiscalité et de sécurité sociale, car un des arguments premiers est de conserver l’attractivité de la place financière. Bien sûr, on connaît les effets néfastes du télétravail, les impacts financiers sur l’hôtellerie, le commerce, les restaurants, etc. Il y a des abus également, il faut donc un équilibre entre pas de limite, comme durant la période Covid, et zéro télétravail. Deux jours par semaine est donc un chiffre juste», estime Katia Sabrina Litim.

Les pétitionnaires ont ensuite été interrogés par les députés, après avoir été plusieurs fois félicités pour le succès de la pétition, qui est celle qui a recueilli le plus de signatures en 2022. (Piratepartei) s’est notamment dit d’accord avec tous les arguments soulevés, «et je pense que les signataires devraient faire un travail de lobbying dans leur pays pour faire avancer les choses, dire qu’ils consomment dans leur pays. Est-ce qu’il ne faudrait pas également se poser la question de ce qui est proposé dans les métiers où le télétravail n’est pas possible?» Ce à quoi Mme Litim a répondu qu’elle ne pensait pas qu’il y avait un débat sur ce dernier sujet, «ces salariés choisissent d’occuper un tel poste, donc je ne crois pas qu’ils pourront réclamer un droit supplémentaire, ou alors ils doivent changer de poste».

Un rapport publié en mars

(LSAP), ancien ministre du Travail et actuel député président de la commission du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, a expliqué que le sujet serait étudié dans les prochaines semaines au sein de la sous-commission télétravail avec les syndicats et l’UEL (suite à son étude). «On a obtenu pas mal de choses dans le cadre d’accords bilatéraux avec la Belgique, la France et l’Allemagne. Cela ne sert à rien de travailler seulement dans un secteur, il faut avancer au niveau de la sécurité sociale et de la fiscalité aussi.» Un rapport devrait être publié en mars-avril sur le sujet.

Au niveau de la sécurité sociale, son ministre Claude Haagen a confirmé : «Nous avons demandé, début août, l’ouverture de négociations multilatérales avec la Belgique, la France et l’Allemagne pour porter le seuil en matière de télétravail à 41%. Nous avons déjà eu un retour positif des Belges et des Allemands, et nous attendons un retour officiel de la France.»

Nancy Arendt, Laurent Mertz, Katia Sabrina Litim, Fernand Etgen, Yuriko Backes, Dan Kersch, de gauche à droite. (Photo: Chambre des députés)

Nancy Arendt, Laurent Mertz, Katia Sabrina Litim, Fernand Etgen, Yuriko Backes, Dan Kersch, de gauche à droite. (Photo: Chambre des députés)

De son côté, Yuriko Backes a appuyé le fait que «c’est un sujet très important, on parle tous du bien-être au travail, de work-life balance, d’attractivité, de la compétitivité de notre pays, et c’est quelque chose qui me tient à cœur aussi, je suis la première concernée. Les deux tiers des frontaliers ont 34 jours de télétravail autorisés, mais pour les Allemands, c’est toujours 19, et pour l’instant ils ne sont pas dans l’optique d’augmenter cette limite. Je fais tout pour améliorer la situation, parce que pour les employeurs, ce n’est pas facile non plus de gérer trois situations différentes, mais ça ne dépend pas que de moi», concède la ministre des Finances.

Il ressort finalement de ce débat public que les deux jours de télétravail pour tous (dans la mesure où le type d’emploi le permet) sont loin d’être garantis à l’avenir, notamment parce que les frontaliers dépendent d’accords qui devraient être conclus entre le Luxembourg et les pays voisins. «Ce sujet n’avancera pas sans vous», a également tenu à rappeler en conclusion Katia Sabrina Litim. «La question du télétravail ne concerne pas que les frontaliers, mais c’est l’affaire de tous, elle concerne tous ceux qui veulent voir la Place continuer à se développer, ceux qui souhaitent diminuer les embouteillages (…). Je ne suis pas pour le télétravail illimité, il faut garder du présentiel, mais promouvoir un télétravail équilibré est important. Le Luxembourg doit être le leader européen sur le sujet.»