Mado et Nina pensaient pouvoir continuer à vivre leur amour à l’abri des regards pesants de jugements. Mais... (Photo: Paprika Films-Tarantula-Artémis Productions)

Mado et Nina pensaient pouvoir continuer à vivre leur amour à l’abri des regards pesants de jugements. Mais... (Photo: Paprika Films-Tarantula-Artémis Productions)

Lundi soir à l’Utopia, Filippo Meneghetti a présenté son premier long métrage, «Deux». Le magnifique coming out tourmenté d’une histoire d’amour entre deux femmes au crépuscule de leurs vies.

À l’heure d’Instagram, des vies rêvées semées sur les réseaux sociaux, du silicone en intraveineuse dans le moindre sillon creusé par le temps, Filippo Meneghetti est tendrement anachronique. Son temps à lui s’écoule en seconde, à l’abri des regards, loin des jugements.

Les zooms très serrés, souvent sur ces visages marqués, sur ces corps aux mille vies devinées, accentuent la proximité. La vérité ne tarde pas à émerger, celle d’un lien très particulier entre les deux femmes, officiellement voisines de palier, au dernier étage de cet immeuble tranquille où elles ferment à peine leurs portes.

L’amour que se portent Madeleine (Martine Chevallier de la Comédie française) et Nina (Barbara Sukowa) a échappé à tout le monde, depuis toujours, et s’est bonifié, même quand les deux femmes ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Mado la douce grand-mère et son aimée ne sont plus des grands-mères ou de vieilles femmes, ne sont pas ridées, n’ont pas le corps déformé. Elles sont des femmes sublimes parce qu’aimantes. Qui vont éprouver combien il est difficile de faire comprendre ça aux autres.

Dix ans après son premier documentaire sur les chantiers navals en Vénétie («Maistrac: lavorare in Cantiere»), le jeune réalisateur, tout en pudeur au moment d’offrir son premier long métrage au Luxembourg, met tout le monde dans sa poche sans que le spectateur n’ait eu le temps de s’en apercevoir. On n’a plus qu’une envie: que ces deux femmes soient heureuses de s’aimer et d’être aimées en retour.

Léa Drucker, en fille de Mado, et Jérôme Varanfrain ajoutent de l’intensité à ce face-à-face intime, mais Muriel Bénazéraf mérite un accessit dans ce film produit par Tarantula Luxembourg, Paprika Films (France) et Artémis Productions (Belgique).