À l’occasion d’Esch2022, plusieurs expositions sont proposées au public. Certaines d’entre elles sont coordonnées par l’équipe organisatrice de l’année culturelle et prennent place dans les lieux d’expositions à Belval. Pour lancer cette année culturelle, le public peut découvrir «Remixing Industrial Pasts: Constructing the Identity of the Minett» à la Massenoire, et «Hacking Identity – Dancing Diversity» à la Möllerei.
L’histoire industrielle mise en exposition
L’exposition «Remixing Industrial Pasts: Constructing the Identity of the Minett» explique le processus de transformation de la Minett de la fin du 19e siècle jusqu’à nos jours dans une installation immersive, avec de nombreux éléments audiovisuels. Le parcours, dont la base scientifique s’appuie sur les recherches menées par le Luxembourg Center for Contemporary and Digital Historiy (C2DH) et qui est mise en espace par le collectif Tokonoma et 2 F Architettura, est jalonné de différentes stations qui regroupent, pour chacune d’entre elles, un texte explicatif et des objets que le public est autorisé à manipuler.
On passe ainsi de la thématique de la Minette, un paysage qui se modifie au fil des ans comme un palimpseste, à la question de la pollution et de la saleté liées à l’activité industrielle, à la croissance de la population ou encore à la place très importante de la femme dans cette société.
Suspendu dans la hauteur de la Massenoire, une mosaïque de vidéos diffuse des images issues des archives du CNA, avec qui un important travail de recherche documentaire a été réalisé. Ces documents visuels permettent de mieux se rendre compte de la réalité de l’époque, de l’ambiance. Les images sont montées dans une approche thématique et portées par une bande-son très réussie composée par Max Viale. C’est en fait le cœur de l’exposition, et là où se trouve sa richesse.
Si cette exposition semble un peu futile à ceux qui ont vécu dans la région et dont c’est en fait leur histoire qui est ici racontée, elle a le mérite de faire découvrir l’évolution de la Minett à ceux qui sont installés depuis moins longtemps dans le pays et aux visiteurs de passage qui découvrent Luxembourg et sa région.
Avatars, projections et identités
Passons désormais dans la Möllerei voisine et fraîchement rénovée pour découvrir «Hacking Identity – Dancing Diversity». Conçue en collaboration avec le ZKM I Center for Art and Media Karlsruhe, l’exposition est curatée par Anett Holzheid et Peter Weibel. Elle rassemble 26 travaux d’artistes internationaux qui explorent le phénomène de la dissolution, de la métamorphose et de la multiplication de l’identité dans notre époque marquée par la présence des outils numériques.
Aujourd’hui, un grand nombre d’entre nous possède un «soi virtuel», une image numérique façonnée à travers les photos, les vidéos ou les musiques partagées et qui forment des connexions avec d’autres individus. Ces médias sont autant de moyens d’affirmer, mais aussi d’interroger et de redessiner les identités. C’est ce point précisément que les œuvres présentées dans cette exposition interrogent. On y trouve aussi bien des installations vidéo, des projections de très grandes dimensions (un des écrans fait 32 mètres de long!) ou encore des œuvres numériques participatives, des formes et médias qui se prêtent particulièrement bien à ces lieux atypiques de la Möllerei, très loin du «white cube» institutionnel.
Si le mot «hacking» vient originellement du monde de l’informatique, les artistes se l’approprient ici dans une démarche créatrice, une position active qui vise la transformation, une réappropriation. Les artistes explorent également la façon dont les médias influencent les processus d’identification, allant du culte de la personnalité à l’émancipation jusqu’à l’imitation ou même l’ironie. Les codes d’identification changent, de nouvelles définitions de soi apparaissent. Les visiteurs peuvent y découvrir par exemple des œuvres conçues pour TikTok ou des installations qui permettent à chacun de se créer un avatar virtuel qui soit emprunte le visage du visiteur pour se fondre par la suite dans une foule d’autres avatars, soit capte les mouvements du corps du visiteur pour faire bouger un personnage fantasque.
Jusqu’au 15 mai 2022, www.esch2022.lu