Les 33 inspecteurs de l’ITM ont procédé à 162 contrôles depuis la réouverture des chantiers, prononçant deux arrêts de travail et 23 injonctions pour le respect insuffisant ou inexistant des mesures sanitaires. (Photo: Jessica Theis/Archives Maison Moderne)

Les 33 inspecteurs de l’ITM ont procédé à 162 contrôles depuis la réouverture des chantiers, prononçant deux arrêts de travail et 23 injonctions pour le respect insuffisant ou inexistant des mesures sanitaires. (Photo: Jessica Theis/Archives Maison Moderne)

L’Inspection du travail et des mines a mené 162 contrôles afin de vérifier le respect des mesures sanitaires par les entreprises de construction ayant repris le chemin des chantiers le 20 avril dernier.

Crise sanitaire ou pas, l’ITM «ne s’arrête jamais», souligne son directeur depuis 2016, Marco Boly. Elle a toutefois adapté son organisation en opérant une rotation hebdomadaire entre ses équipes – qui auront avec fin avril 181 agents, dont 33 inspecteurs opérationnels et 25 stagiaires se destinant à devenir inspecteurs. «Un tiers travaille sur place et deux tiers en télétravail, ce qui fait que nous avons toujours quelqu’un de disponible et avons pu poursuivre les contrôles tout au long de la période» de confinement.

Car les contrôles de sécurité et de santé au travail n’ont pas cessé. Sont venus s’ajouter les contrôles pour vérifier que les entreprises respectaient bien la règle du confinement des salariés. «Nous avons mené 3.207 contrôles et verbalisé 18 entreprises», indique M. Boly. «Nous avons principalement réagi à des réclamations et avons mené beaucoup de contrôles inopinés.»

Alors que la sortie progressive du confinement est engagée, l’ITM a désormais une mission supplémentaire: vérifier la bonne application des mesures sanitaires décidées par le gouvernement pour encadrer la reprise du travail, à commencer par les entreprises de construction autorisées à reprendre leurs chantiers le 20 avril.

La majorité des entreprises est très vigilante, très attentive et bien équipée en matériel de protection.

Marco BolydirecteurInspection du travail et des mines

«Depuis le 20 avril, nous avons procédé à 162 contrôles liés au Covid-19. Nous avons prononcé deux arrêts de travail parce que la société ne respectait pas la distanciation physique et n’avait pas donné d’équipement de protection aux salariés. L’autre point critique pour nous est la présence, près du point d’eau à disposition des salariés, de savon, de désinfectant et de serviettes jetables.»

L’ITM a également émis 23 injonctions, c’est-à-dire des rappels à l’ordre en l’absence de documentation sur l’évaluation des risques ou d’aménagement du lieu de travail. Une injonction est suivie peu après d’une deuxième visite de l’ITM. «Il est certain que la situation est inattendue et pénible pour les entreprises, mais elles doivent respecter les règlements grand-ducaux en vigueur», souligne M. Boly. «Il faut être clair: la majorité des entreprises est très vigilante, très attentive et bien équipée en matériel de protection.» Il compte d’ailleurs sur leur «bon sens» pour s’adapter aux nouvelles règles et pour «réagir immédiatement» en cas d’infection avérée.

Quant à la bonne information des salariés, «les campagnes très intensives du ministère de la Santé» ont fait leur œuvre, note M. Boly, rapportant que «la majorité des salariés sont bien informés avant de revenir travailler» sur les différentes mesures de protection.

Si les salariés estiment qu’on leur demande quelque chose d’exagéré, qu’ils nous appellent, et nous viendrons sur le terrain pour voir si nous devons réagir.

Marco BolydirecteurITM

Le LCGB avait rapporté de son côté des lacunes à ce sujet. «Nombreuses restent les entreprises qui font primer les profits sur la protection de la santé et de la sécurité des salariés», a-t-il relevé cette semaine. «Sans même parler des entreprises de petite taille, qui, à défaut de ressources, rencontrent de maints obstacles quant à la mise en place des mesures hygiéniques et protectrices. Souvent, les salariés ont signalé un grand manque d’information quant aux mesures à prendre ainsi qu’aux droits et obligations tant du côté patronal que salarial.»

M. Boly souligne à ce propos que les inspecteurs de l’ITM veillent à la bonne information des salariés et demandent une preuve écrite que l’entreprise a bien dispensé ou fait dispenser par un professionnel une formation aux mesures sanitaires.

Le télétravail dans un vide juridique

Restent quelques zones grises, comme l’obligation de nettoyer le lieu de travail. Le LCGB dénonce le fait que des salariés doivent s’en occuper. M. Boly invite à «faire la part des choses» entre la désinfection générale qui doit être prestée par des sociétés spécialisées et le nettoyage de la surface de travail directe du salarié. «Si les salariés estiment qu’on leur demande quelque chose d’exagéré, qu’ils nous appellent, et nous viendrons sur le terrain pour voir si nous devons réagir.»

Pour les salariés en télétravail, M. Boly concède se trouver «les mains liées» puisque ses inspecteurs n’ont pas le droit d’entrer chez un ménage. «C’est très difficile d’évaluer la pertinence de ce que l’on fait ou pas en télétravail», admet-il, d’autant que le Code du travail reste muet sur un mode de travail qui a pris une envergure inédite avec le confinement.