Habitué à mettre de l’huile dans toutes les formes de communication, Jérôme Bloch attendait, jeudi matin, une équipe de huit personnes dans ses bureaux de Bonnevoie, pour une session de «design sprint». Ici, pas question de réunions à répétition qui durent des heures sans produire de résultat concret.
Jérôme, c’est quoi le «design sprint»?
Jérôme Bloch. - «Toutes les entreprises, de la start-up à la multinationale, sont confrontées au même problème: elles doivent atteindre un niveau de performance très élevé sur des échelles de temps réduites. Le principe des sprints provient de sociétés informatiques comme Facebook, qui ont révolutionné la manière de gérer un projet en multipliant des réunions très courtes – parfois 1 minute – suivies par des phases intenses de codage centrées sur un point précis pendant une durée définie à l’avance.
Aujourd’hui, la pratique a été élargie à de nombreux autres projets dans l’entreprise: optimiser le recrutement, clarifier les valeurs de l’entreprise, booster la communication, etc. Ces sessions combinent travail collaboratif et formation afin d’aboutir en trois heures ou un jour à un résultat tangible, dont les fruits sont faciles à mesurer via un ou deux indicateurs-clés.
Quelles sont les règles d’or du sprint?
«La première, c’est d’aligner tous les participants avec un état d’esprit résolument positif. Une personne qui prend la parole doit forcément apporter une pierre à l’édifice. Il est par exemple interdit de critiquer un élément sans apporter une proposition d’amélioration.
Il faut souvent une centaine d’idées pour dénicher une avancée lumineuse!
Ensuite, les intervenants doivent comprendre les méthodes incrémentales. Un sprint de 20 minutes permet sans aucun doute de faire des progrès importants, mais pas d’atteindre la perfection. Or, dans beaucoup d’entreprises, l’obsession de l’excellence tue dans l’œuf de nombreux projets.
Dans les design sprints, l’idée est de progresser durant le temps alloué, et à force de progrès, les objectifs fixés peuvent être atteints.
Enfin, dernière règle d’or, tous les membres de l’équipe doivent faire preuve d’un sens élevé de responsabilité pour effectuer leur part du travail entre deux sprints et accepter de prendre le risque de formuler de mauvaises idées pour avancer. Il faut souvent une centaine d’idées pour dénicher une avancée lumineuse!
Vous auriez des exemples?
«Je peux en donner trois. Le premier, dans la communication, ce sont les sites internet. N’importe qui peut aujourd’hui facilement mettre un site internet en ligne en trois heures et l’améliorer dans les semaines suivantes. L’ancienne méthode qui consiste à travailler pendant six mois ou un an sur un site internet avant de le mettre en ligne mène à l’obsolescence instantanée et occulte le principal problème: créer du contenu.
L’innovation n’est plus l’apanage des informaticiens.
Deuxième exemple, dans le secteur financier, des progrès de géant ont été réalisés dans des projets informatiques en faisant travailler sur des sprints des spécialistes IT, avec des experts métier. L’innovation n’est plus l’apanage des informaticiens.
Dernier exemple, nous avons créé il y a quelques jours, à Bruxelles, une brochure de 12 pages à destination des députés européens en trois heures, en rassemblant huit experts dans la salle. Élaborer un tel document par e-mail aurait pris des mois et des centaines de corrections pour un coût 10 fois supérieur.»