De gauche à droite: Marc Wagener, directeur des Affaires économiques; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre  de commerce;  et Christel Chatelain, conseillère . (Photo: Chambre de commerce)

De gauche à droite: Marc Wagener, directeur des Affaires économiques; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre  de commerce;  et Christel Chatelain, conseillère . (Photo: Chambre de commerce)

La Chambre de commerce a rendu, ce mardi, son avis sur le projet de budget 2019 de l’État. Et invite le gouvernement à redoubler de prudence sur base des effets financiers induits par le modèle luxembourgeois et des risques internationaux qui peuvent peser sur l’économie.

Difficile de prévoir l’évolution économique et donc budgétaire d’un pays. Raison pour laquelle la Chambre de commerce recommande la plus grande prudence au gouvernement dans la gestion des Finances publiques.

L’institution patronale, dont l’assemblée plénière , a présenté ce mardi .

Un avis qui met en avant plusieurs points-clés (de la sécurité sociale aux dépenses de l’Administration centrale) avec en filigrane deux constats: d’une part des prévisions budgétaires basées sur des recettes en hausse (et donc un contexte économique favorable) et d’autre part un manque d’ambition, notamment dans le champ fiscal.

Et de souligner que le «modèle luxembourgeois» qui repose sur un afflux important de frontaliers et une part importante de l’impôt des personnes physiques dans le budget de l’État pourrait générer de nouvelles dépenses publiques, par exemple en infrastructures.

Un autre signal incitant à la prudence est la première estimation de l’évolution du PIB en 2018, avec une croissance de 2,6% au lieu de 3,0% selon le projet de budget.

La Chambre de commerce

«Selon les projections sur lesquelles se fonde le projet de loi de programmation financière pluriannuelle (PLPFP) 2018-2022, le PIB nominal passerait de 55 milliards en 2017 à quelque 72 milliards en 2022, observe la Chambre de commerce. Ce dernier chiffre repose notamment sur des projections macroéconomiques très optimistes en 2019 et en 2020, intégrant un taux de croissance de respectivement 3,0% en 2019 et 3,8% en 2020. Or, dans le contexte national et international actuel, il est difficile d’expliquer une telle accélération de la croissance en 2020. Un autre signal incitant à la prudence est la première estimation de l’évolution du PIB en 2018, avec une croissance de 2,6% au lieu de 3,0% selon le projet de budget.»

Des demandes en matière de fiscalité

En matière de fiscalité, la Chambre de commerce salue l’idée du gouvernement de réduire d’un point de pourcentage – de 18 à 17% – le taux de l’impôt sur le revenu des collectivités (IRC). Avec trois réserves.

«En premier lieu, le nouveau taux standard d’affichage, de près de 25%, demeure nettement supérieur au taux médian de taxation des entreprises au sein de l’Union européenne, soit 21%», indique la Chambre de commerce.

L’organisation craint aussi que, dans les faits, cette baisse ne soit compensée, voire annulée par l’élargissement de la base imposable.

La Chambre de commerce demande aussi que «des avancées significatives dans d’autres volets fiscaux, à savoir par exemple la suppression de la retenue à la source sur dividendes sortants et de l’impôt sur la fortune», soient envisagées à l’avenir.

Pour un «saut qualitatif de l’économie»

Rappelant que le «paquet d’avenir», le «Zukunftspak»  par le premier gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng prévoyait des mesures d’économie de 1.500 millions d’euros à l’horizon 2018 et que le PLPFP ne mentionne plus que 567 millions d’euros d’économie (dont 70% concernant le seul relèvement de certains taux de TVA), la Chambre de commerce reste vigilante.

Et plaide pour un renforcement des marges de manœuvre budgétaires, couplé à une maîtrise des dépenses.

Au-delà de la feuille de route d’ici 2022, elle revient sur le besoin d’un «véritable saut qualitatif de l’économie», caractérisé par des investissements conséquents dans l’éducation, la formation et la R&D, prérequis pour assurer la pérennité des entreprises en les transformant, tout en jugulant progressivement la difficulté pour les entreprises de trouver les compétences adéquates.

«Ces accents ne sont pas absents du projet de budget 2019, avec notamment une volonté de stimuler la transformation digitale de l’économie, les zones d’activité ou le spatial et de continuer à soutenir la R&D, mais il convient de les renforcer», conclut la Chambre de commerce.