Isabelle Delas, CEO de LuxFlag, ne ferme pas la porte à la création de potentiels nouveaux labels. (Photo: LuxFlag)

Isabelle Delas, CEO de LuxFlag, ne ferme pas la porte à la création de potentiels nouveaux labels. (Photo: LuxFlag)

Isabelle Delas occupe désormais le poste de CEO de LuxFlag. Un poste qui était resté ouvert depuis le décès de son ancien CEO Sachin Vankalas en juillet 2021. En fonction depuis une dizaine de jours, Isabelle Delas a accordé sa première interview à Paperjam.

Pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore, comment vous décririez-vous?

Isabelle Delas. – «Je suis une personne engagée et enthousiaste. J’ai consacré ma carrière au développement, à son financement et à la sustainability. Cela fait pratiquement 20 ans que je suis dans ce secteur. 

Comment votre parcours professionnel vous a-t-il amenée au poste de CEO de LuxFlag?

«Juriste de formation, j’ai commencé par enseigner à l’université à Paris. Je suis ensuite partie à Rome pour travailler à l’Organisation internationale de droit du développement (statut d’observateur des Nations unies) où je me suis occupée de recherches juridiques pour un certain nombre de pays, notamment des pays post-conflits. J’ai ainsi développé différents projets d’assistance technique et de formation pour plusieurs bailleurs de fonds, notamment pour l’Afghanistan, la Syrie, le Soudan du Sud et le Yémen. J’ai travaillé neuf ans pour cette organisation, en ayant différents rôles, avec un statut de diplomate. J’ai également eu l’opportunité de vivre à Singapour pendant presque deux ans, toujours pour la même organisation.  

En arrivant au Luxembourg, je me suis occupée d’AML et de compliance pour une société informatique PSF, ainsi que des thématiques cloud computing et GDPR. J’ai par la suite travaillé plus de cinq ans pour Finance in Motion GmbH, un ‘impact asset manager’, pour laquelle j’ai créé la succursale luxembourgeoise, mis en place l’équipe et les procédures. J’ai également constitué l’AIFM qui gère Arbaro, un fonds qui investit dans les forêts durables en Amérique latine et en Afrique subsaharienne. J’ai ainsi eu l’opportunité de participer aux groupes de travail ministériels avec les secteurs public et privé, il y a plus de cinq ans, sur le thème de la finance durable, ce qui m’a permis de faire la connaissance de la plupart des acteurs de l’écosystème luxembourgeois.

Comment s’est passée la première dizaine de jours suivant votre prise de fonction?

«J’ai pris le temps de faire connaissance avec l’équipe qui est constituée de 13 personnes, composée de 10 nationalités, avec des expertises et des parcours très différents. Une richesse linguistique assez unique pour une aussi petite organisation. Toute l’équipe est très motivée. Je salue d’ailleurs le courage de l’équipe d’avoir tenu LuxFlag à flot, suite au décès tragique de l’ancien CEO, Sachin Vankalas, qui nous a quittés l’année dernière. Denise Voss, la présidente de LuxFlag, a fait beaucoup ad interim et elle a très à cœur que l’organisation se développe.

Comment percevez-vous votre mission, tout en poursuivant l’héritage de Sachin Vankalas?

«Les discussions ont à peine commencé avec le board par rapport à la future stratégie de LuxFlag, suite à mon arrivée. Pour ma part, ma vision est évidemment de continuer à développer LuxFlag. Il y a, par exemple, le suivi des tendances et des besoins du secteur pour de potentiels nouveaux labels. Clairement, LuxFlag a un rôle à jouer, tout particulièrement du point de vue de la diversité des labels que nous proposons, qui est assez unique. À ce niveau-là, LuxFlag est une structure indépendante qui s’oriente davantage vers l’international, sachant que le Luxembourg est idéalement positionné pour cela. Surtout dans la période post-Covid, il y a une demande pour aller vers de nouveaux marchés européens et pas seulement.

Il est souvent dit que l’ESG est le «new AML». Vous avez travaillé dans la compliance, observez-vous des parallèles entre les deux domaines?

«Il y a des parallèles dans la façon dont cela fonctionne avec la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR). C’est différent de l’AML, mais le fait d’arriver à faire en sorte que ce soit quelque chose qui devienne récurrent, semi-automatisé et d’obliger progressivement presque tous les acteurs à être en conformité avec les réglementations existantes, cela revient à encourager la finance durable. Dans un futur proche, le régulateur va réaliser des ‘on-site visits’, de façon similaire à ce qui se passe en matière d’AML. C’est encore assez récent, mais cela va peu à peu se structurer. Quelque part, cela devrait encourager les plus dubitatifs à s’engager dans la direction de la finance durable.

Outre votre arrivée en tant que CEO, quelles sont les actualités de LuxFlag?

«En décembre dernier, le Sustainable Insurance Product Label a été créé. C’est assez unique par rapport à l'offre actuelle pour les produits d’assurance. Il y a aussi du neuf au niveau de l’élargissement de l’équipe. De nouveaux recrutements récents ont permis d’avoir une équipe très diversifiée et internationale. Enfin, du 17 au 19 octobre prochain, nous organiserons la quatrième Luxembourg Sustainable Investment Week, trois jours d’échanges sur le thème de la finance durable, au Mudam. L’objectif de cet événement est que tous nos membres associés, environ 90, puissent présenter leurs actions concrètes et idées dans le domaine de la finance durable. 

Le Luxembourg est reconnu pour son expertise dans le domaine de la finance durable. Comment décrivez-vous ce positionnement?

«Le Luxembourg est déjà extrêmement bien positionné en Europe et a cette capacité de pouvoir impliquer aussi bien les acteurs du secteur public que du secteur privé. C’est ce qui s’est passé avec les différents groupes de travail qui ont donné lieu justement à roadmap et à la stratégie du Luxembourg en finance durable suite à quoi des institutions comme la Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) ou encore l’International Climate Finance Accelerator (ICFA) ont été créés. Nous travaillons en synergie pour accélérer la transition dans un objectif commun à tous et permettre à la place financière luxembourgeoise de se positionner en tant que leader dans le secteur de la finance durable. Pour ce faire, former et attirer les talents est crucial compte tenu des besoins importants dans un futur proche.

Comment est mesurée la visibilité de LuxFlag à l’international?

«Notre nouveau site internet a donné de très bons résultats. En terme de visibilité, nous voyons qu’il y a énormément de visiteurs qui s’y connectent depuis l’étranger. Nombreux d’entre eux sont situés dans des pays européens mais aussi en Asie et en Amérique du Nord. Dans nos revues de presse régulières, nous constatons également que nous sommes mentionnés souvent en Espagne, en Italie et aux États-Unis.»

Cet article est issu de la newsletter Paperjam Finance, le rendez-vous bimensuel pour suivre l’actualité financière au Luxembourg. Vous pouvez vous abonner .